Mongi Marzouk, ministre de l’Energie, des Mines et de la Transition énergétique, a exprimé, lundi 27 juillet 2020, son étonnement face au “sabotage” par la Fédération générale de l’électricité et du gaz (UGTT) du projet de raccordement de la centrale solaire de Tataouine réalisée par l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (Etap) et la compagnie pétrolière italienne Eni, qui représente 1% de la production de la STEG.

Dans un post sur sa page Facebook, Marzouk écrit ceci: “La Fédération générale de l’électricité et du gaz relevant de l’UGTT essaye d’entraver l’un des premiers projets d’énergie renouvelable, dont la capacité de production est de 10 mégawatts (117 millimes/kWh), au lieu de soutenir les énergies propres et d’encourager la marche vers la sécurité énergétique”.

Il qualifie l’attitude de la fédération de “sabotage” qui reflète, selon ses dires, “une fausse compréhension des intérêts du secteur de l’électricité et une mauvaise appréciation du rôle des énergies renouvelables dans le développement de ce secteur et de la filière énergétique d’une manière générale”.

Dans une déclaration à l’agence TAP, le ministre souligne que “le prix fixé à 117 millimes / kWh est l’offre la plus basse faite au ministère par les centrales de 10 mégawatts”. Il s’agit d’un prix très compétitif avec le gaz, voire à moindre coût, estime-t-il.

“Le ministère est en dialogue avec la Fédération depuis deux mois sans parvenir à un accord”, affirmant que “le dialogue se poursuivra, que chaque partie a ses prérogatives et que la loi s’applique sur tous”.

Selon lui, “la STEG est le seul acheteur de la production de cette centrale réalisée sous le régime des autorisations prévu dans le cadre de la Loi de 2015 et que la problématique du coût de transport n’a pas lieu d’être”.

Quid du cadre législatif sur la production de l’électricité à partir des EnR?

La Loi n° 2015-12 du 11 mai 2015, relative à la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, a pour objectif de définir le régime juridique relatif à la réalisation des projets de production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables, soit pour l’autoconsommation ou pour répondre aux besoins de la consommation locale ou en vue de l’exportation, nonobstant les dispositions du décret-loi n° 62-8 du 3 avril 1962 relatif à la création et l’organisation de la Société tunisienne de l’électricité et du gaz, ratifié par la loi n° 62-16 du 24 mai 1962.

Un décret gouvernemental fixant les mesures relatives à l’autorisation de création de projet d’autoproduction d’énergies et les conditions de transport de l’électricité et de vente d’excédent d’énergies à la STEG a été émis le 26 février 2020 par la présidence du gouvernement en vue de développer le système d’autoproduction d’électricité à partir des énergies renouvelables.

Ce décret intervient après la révision de l’article 9 de la loi numéro 12 de 2015 daté du 11 mai 2015, portant sur la production d’électricité à partir des énergies renouvelables.

Le ministre a aussi nié toute relation entre le sabotage pratiqué par la fédération et la situation sociale tendue à Tataouine en relation avec le sit-in d’El Kamour.

Marzouk a, en outre, fait remarquer que la tendance internationale est pour la réalisation des grandes centrales d’énergies renouvelables ou l’autoproduction décentralisée, et que c’est également l’approche adoptée en Tunisie d’ici 2025, étant donné que le plan national d’énergies renouvelables vise une capacité électrique basé sur le solaire et l’éolien de 2 Gigawatts dont 1,36 Gigawatt par les grandes centrales et 0,21 Gigawatt par l’autoproduction.

Le secrétaire général de Fédération générale de l’électricité et du gaz, Abdelkader Jelassi, avait affirmé, dans une déclaration antérieure à l’agence TAP (juin 2020) l’opposition catégorique de la Fédération à la privatisation de la production de l’électricité en Tunisie.

Jelassi a également, souligné que les appréhensions de la partie syndicale sont nourries par le décret gouvernemental du 26 février 2020, portant sur la production d’électricité à partir des énergies renouvelables et autorisant la création de sociétés d’autoproduction d’électricité à partir des énergies renouvelables.

“Notre opposition est catégorique et nous aurons recours à toutes les formes de protestation (sit-in, grèves…) si cette orientation est maintenue. La production d’électricité par des privés et sa vente directe aux clients, va perturber le réseau électrique et impacter la distribution de l’électricité, la rendant inaccessible à certaines catégories. Nous refusons la marchandisation de l’électricité qui touche à la sécurité nationale et au statut public de la STEG”, a-t-il encore lancé.