Lourdement impactées par la crise de la Covid-19 et le confinement général, des entreprises se sont retrouvées face à des multiples difficultés: arrêt partiel ou total de leurs activités pendant plus de trois mois et une reprise difficilement envisageable à court terme, problèmes de recouvrement en période de confinement et au final une trésorerie au plus bas.

Dans le même temps, les entreprises, qui ont été invitées à ne pas licencier et à continuer à payer les salaires, sont appelées à continuer à assurer leurs obligations légales en matière de fiscalité et de sécurité sociale. Aucune mesure ne permet aujourd’hui à ces entreprise d’obtenir des délais de paiement adaptés à la situation exceptionnelle provoquée par cette crise ou d’être exonérées du paiement des pénalités de retard.

Justement, des entreprises qui se sont inscrites sur la plateforme de soutien aux entreprises impactées par la crise de la u Covid-19 se plaignent de ne pas avoir de retour.

Posé, lucide dans ses réponses et surtout voulant rassurer, Mohamed Nizar Yaïche, le ministre des Finances, ne semble pas vraiment de cet avis, car il estime «pour les entreprises qui en ont fait la demande, il n’y a aucun souci, on est en train de les traiter au fur et à mesure. Mais comme vous devez vous en douter, les demandes sont nombreuses».

En clair, pour les entreprises qui demandent un report, un échéancier de remboursement, le problème ne se pose pas. Et il y a même une seconde catégorie d’entreprises parmi les entreprises impactées par la Covid-19 et qui n’étaient pas en règle même avant la crise, mais malgré cela, on a été souple avec elles : car il suffisait juste de déclarer, par la suite on établit un échéancier, dit-il.

Et s’il en a été ainsi, explique M. Yaïche, c’est qu’«… on a introduit beaucoup de flexibilité dans les démarches administratives», sachant évidemment qu’il n’existait aucune loi ou décret concernant les mesures qu’on est en train de prendre, tient-il à le souligner. Autrement dit, «il a fallu tout inventer, mettre en place un traitement particulier et nouveau ici au ministère des Finances, en coordination avec la BCT, la SOTUGAR, les banques. Donc tout ça a été mis en place en un temps record, même si je suis d’accord avec les chefs d’entreprise qu’il faut encore plus de rapidité vu l’urgence de la situation…».

A propos des lenteurs dans le traitement des dossiers, Nizar Yaïche estime nécessaire de faire des vérifications des déclarations, car comme dit le proverbe, “la confiance n’exclut pas le contrôle“, et ce d’autant plus valable qu’«il s’agit de l’argent du contribuable tunisien. Les cadres et agents du ministère des Finances ont la mission et le devoir de gérer l’argent public sans aucune faille. Les vérifications sont donc nécessaires voire indispensables. D’où les retards constatés par les entreprises…».

Ceci étant, le ministère des Finances ne s’est pas arrêté là: “pour aller plus vide, on a fait appel à l’aide l’Ordre des experts-comptables –que je félicite au passage- ce qui nous a permis de donner un coup d’accélérateur”, indique-t-il.

Il y a autre chose sur laquelle le ministre des Finances a voulu mettre l’accent: en matière de crédit d’impôt, notamment pour la TVA, et en l’espace de deux mois et demi, nous avons remboursé l’équivalent d’une année entière, soit plus de 540 MDT. C’est un effort considérable. Et tout ceci ne serait pas possible sans une équipe dédiée : un comité de pilotage, une structure pour suivre l’avancement de ces travaux. Et j’insiste encore une fois: il faudrait qu’on fasse plus et mieux.

Alors, le ministre des Finances invite les chefs d’entreprise à avoir un peu de patience et de compréhension, parce que le nombre de demandes est extrêmement élevé (plus de 30 000 à ce jour), sachant que personne n’avait prévu qu’on allait travailler dans des conditions pareilles, donc il a fallu tout inventer pratiquement de A à Z tout en respectant la loi, les règles, protéger l’argent du contribuable…

“Au final c’est cet équilibre qu’on est en train de trouver. J’aimerais que tout le monde soit conscient de cet effort qu’on est en train de faire… J’en profite d’ailleurs pour saluer l’effort des agents et cadres du ministère des Finances, de la douane qui ont travaillé dur pendant le confinement”.

Le bonheur est au bout de la patience…

Nizar Yaïche nous a expliqué que les entreprises sont en train de recevoir leur courrier de confirmation. Le sauvetage des entreprises et des emplois, c’est notre priorité, insiste-t-il. On y travaille tous les jours, de nuit comme de jour… afin de dépasser cette phase délicate et attaquer la véritable relance économique.

Et une nouvelle fois, il a promis qu’il n’y aura pas cette année une pression fiscale supplémentaire, même si c’est loin d’être un choix facile, mais il est convaincu que c’est le meilleur choix pour la relance économique en vue d’un développement économique et social équitable… pour 2021.

Enfin, le ministre des Finances est revenu sur l’obligation de prudence. Tout en assurant qu’il comprend l’impatience des chefs d’entreprise, il attire toutefois l’attention sur la nécessité de vérification, en tant que ministère des Finances. Parce que lorsque, à l’occasion de la distribution de l’aide sociale (200 dinars), les services du ministère se sont aperçus que parmi ceux qui ont postulé pour cette aide, il y en a des milliers qui ont fait des acquisitions de logements d’une valeur de 100 mille, 200 mille voire 300 mille dinars au cours des 2 dernières années, nous apprend-il.

Au final, il appelle les entreprises à un peu de patience, toutes les mesures d’accompagnement annoncées par le chef du gouvernement seront bientôt effectives et mises en orbite.

TB