En cette journée du 18 mai où le monde célèbre la Journée internationale des musées (JIM), ces lieux chargés d’histoire n’ont jamais été aussi déserts tentant d’établir un nouveau mode de pratiques muséales qui coïncident avec les exigences du confinement sanitaire.

Proclamée depuis 1977 par le Conseil international des musées (ICOM), la Journée internationale des musées (JIM) 2020 est placée sous le thème ” Musées pour l’égalité : diversité et inclusion”. Selon le message de Suay Aksoy, présidente de l’ICOM, “cette année, la célébration se déroule dans les circonstances les plus exceptionnelles depuis sa création. Le moment semble étrange pour faire la fête, car des milliers de musées restent fermés et l’incertitude de ce qui va se passer dans les prochains mois nous dépasse…”.

Un communiqué publié lundi 18 mai 2020, sur le site de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), présente le résumé de deux enquêtes de l’UNESCO et de l’ICOM – dont les résultats complets seront prochainement publiés.

Il évoque des enquêtes conduites auprès des Etats membres et des professionnels des musées, qui visaient à dresser le bilan de l’impact de la Covid-19 sur les musées et les institutions muséales, mais aussi de savoir comment le secteur s’était adapté et quelles seraient les voies de soutien aux établissements à l’issue de la pandémie.

Ces enquêtes “confirment que les musées ont été particulièrement affectés par la pandémie de la Covid-19, près de 90% d’entre eux, soit plus de 85 000 établissements, ayant fermé leurs portes pour des durées variables durant la crise”.

Les disparités muséales dans le monde…

L’UNESCO et l’ICOM indiquent être “préoccupés par la situation des musées dans le monde”, citant le cas de l’Afrique et les petits Etats insulaires en développement, où seul 5% des musées ont été en mesure de proposer de contenus en ligne pour leur public.

Les statistiques de l’UNESCO font état de quelques 95 000 musées dans le monde, soit une augmentation de près de 60% depuis 2012. L’organisation explique une augmentation qui démontre la place importante que le secteur a prise dans les politiques culturelles nationales au cours de la décennie.

L’étude menée par l’UNESCO révèle “de grandes disparités, l’Afrique et les petits Etats insulaires en développement représentant seulement 1,5% du nombre total des musées dans le monde”. Selon l’ICOM, “près de 13% des musées pourraient ne jamais rouvrir leurs portes”.

L’enquête menée par l’ICOM met en lumière le fait que les musées qui ont été privés de leur public doivent et devront faire face à une diminution de leurs revenus. Les professions liées aux musées, à leur fonctionnement ainsi qu’à leur rayonnement pourraient également être sérieusement affectées.

Soutien de l’UNESCO aux musées

Les deux institutions promettent de “poursuivre leur collaboration afin de soutenir les musées dans le monde, avec l’aide des Etats membres et des réseaux de professionnels des musées”. A cet effet, l’organisation onusienne rappelle les objectifs du mouvement, “ResiliArt” et le cycle de débats consacré aux musées. Ce mouvement “vise à soutenir les artistes pendant et après la crise de la Covid-19 et d’en analyser les enjeux, grâce à des échanges de haut niveau entre professionnels internationaux du monde de la culture”.

“Les musées jouent un rôle fondamental pour la résilience des sociétés. Nous devons les aider à faire face à cette crise et à garder le contact avec leur public”, a déclaré la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. Elle rappelle que “la moitié de l’humanité n’a pas accès aux technologies numériques”, ce qui commande à l’UNESCO “d’œuvrer plus encore pour réduire les inégalités et favoriser l’accès à la culture pour toutes les populations, notamment les plus vulnérables et celles qui sont isolées”.

L’Internet au secours de l’art et de la culture

En Tunisie, durant cette période de confinement sanitaire et les restrictions officielles pour la prévention de la pandémie de la Covid-19, l’activité muséale est à l’arrêt depuis près de deux mois. De nouvelles pratiques de l’art sont adoptées sur internet dans une tentative de vulgarisation culturelle et artistique.

En cette journée symbolique qui marque également la célébration en Tunisie de la clôture du Mois du patrimoine (18 avril – 18 mai), plusieurs constats refont surface sur la communication muséale dans le pays. Ces lieux du patrimoine, souvent peu fréquentés par le public local, n’avaient peut-être d’intérêt que pour les groupes de touristes ou les spécialistes du patrimoine et certains citoyens intéressés.

Les constats concernent la visibilité future des musées auprès des Tunisiens, ainsi que les stratégies de communication à adopter à travers les nouvelles pratiques muséales nées de cette période de confinement, essentiellement des visites virtuelles et webinaires.