Les commerçants de détails ont adressé la lettre ouverte (ci-après) au gouvernement d’Elyes Fakhfakh, plus particulièrement aux ministres du Commerce, Mohamed Msilini, des Affaires sociales, Habib Kchaou, et des Finances, Nizar Yaïche.

Nous écrivons cette lettre suite à l’intervention de Mr le chef du gouvernement du dimanche 19 avril et l’annonce du prolongement des mesures de confinement total jusqu’au 03 mai 2020. Nous souhaitons, par son biais, partager notre inquiétude au sujet de la situation de plus en plus critique que nous vivons et vous apporter les propositions adéquates pour reprendre notre activité à la fin du confinement.

Commerçants de prêt-à-porter, de chaussures et accessoires, de la bijouterie-horlogerie, du jouet, du meuble, des articles de sport, des articles de maison, de l’optique, de la parfumerie et de la cosmétique, de l’électroménager, de l’artisanat, etc., nous assurons près de 100 mille emplois dans plus de 30 000 points de vente à travers le pays. 

Depuis le 20 mars dernier et pour au moins deux semaines encore, nos magasins sont fermés, fruit d’une décision du gouvernement tunisien indispensable pour endiguer au plus vite la propagation du Covid-19. La santé du Tunisien est une priorité absolue et doit le rester.

Cependant, les commerces, quelle que soit leur taille, subissent une perte de chiffre d’affaires considérable. En cette période de crise, ne pas mettre la clé sous la porte implique d’assumer des coûts de fonctionnement lourds, incompressibles et impossibles à supporter : avance du paiement des salaires, poids financier des stocks de marchandises, règlements des fournisseurs…

Nous avons tous fait des choix forts mais coûteux pour préserver la chaîne de production, indispensable à la reprise économique post-confinement. Les salaires et les loyers constituent la plus grande partie de nos charges et peuvent représenter chacun plus de  15% de notre chiffre d’affaires en temps normal.

Nous sollicitons votre aide pour faire face à ces difficultés économiques montantes et ce à deux niveaux :

  1. Jouer le rôle de médiateur entre les commerçants et les bailleurs pour aboutir à un cadre légal garantissant la  suspension des loyers pendant toute la période du confinement. Ce cadre éviterait aux commerçants les risques de poursuites et d’éviction pour défaut de payement des loyers. A défaut, assurer au commerçant une prise en charge totale ou partielle par l’Etat des loyers de la période de fermeture.
  2. Autoriser les commerçants à reprendre leur activité à la fin du confinement général, soit le 4 mai qui coïncidera avec le 11ème jour de Ramadan. Il est à souligner que le mois de Ramadan constitue, pour la majorité des commerçants cités ci-dessus, le moment fort de l’année. Certains réalisent près de 40% de leur chiffre d’affaires annuel pendant le mois saint.  

Pour que cette reprise soit possible et qu’elle s’inscrive dans l’effort collectif visant à préserver la santé des Tunisiens et à éviter de les exposer aux risques de contagion, nous proposons une liste des mesures et précautions à adopter par les commerçants (voir Annexe ci-joint).

En conclusion, nous soulignons encore une fois que trouver une solution pour suspendre les loyers pendant la période du confinement, alléger les charges financières des commerçants et leur permettre de rouvrir leurs portes dès la fin du confinement général tout en observant les règles citées précédemment sont les seules  mesures à même de permettre à tous les commerçants de traverser la crise, de relancer l’activité et de sauver les emplois dans les prochains mois.

Signataires :

Mehdi Abdelmoula, président de la Chambre nationale des chaînes de magasin d’habillement ;

Hatem Meziou, président de la Chambre nationale de la parfumerie et de la cosmétique ;

Hatem Ben Youssef, président de la Chambre syndicale de  la Bijouterie Horlogerie ;

Najoua Kammoun, présidente de la Chambre nationale des opticiens ; 

Mohsen Ben Sassi, président de la Chambre nationale du commerce de tissu et de prêt-à-porter; 

Akram Belhaj, président de la Fédération du cuir et chaussure.

Annexe – liste des mesures et précautions à adopter par les commerçants à la fin du confinement 

  1. Distanciation sociale:
  • Respecter les règles de distanciation sociale, en particulier le maintien d’une distance d’1 m entre chaque personne, notamment à 
    • entrée du commerce, 
    • caisse, 
    • cabine d’essayage… 

Avec traçage au sol (bandes adhésives) ;

  • Limiter le nombre de personnes dans la surface de vente :

– Pour les clients : accueillir au maximum d’un client par 15 m² (Ex : si le commerce fait une surface de 100 m², seuls 6 clients seront acceptés à la fois) ; 

– Pour les employés : la même règle appliquée aux clients serait appliquée aussi au personnel du commerçant soit un employé à la fois par commerce de moins de 15 m² et un employé par fraction de 15 m² pour les autres.

  1. Contrôle des clients :

Garantir la disponibilité du gel hydroalcoolique à l’entrée du point de vente : les clients seront appelés, systématiquement, à se désinfecter les mains avant d’entrer dans la surface de vente.

  1. Equipements de protection individuelle :
  • Imposer le port du masque aux employés et aux clients : 
  • Pour les employés, un minimum de 4 masques en tissu seront fournies gratuitement par l’employeur, pour une utilisation de 2 masques par jour (3 à 4 heures c’est la durée d’utilisation d’un masque) ;
  • Les clients ne portant pas de masque ne seraient pas autorisés à entrer dans le commerce ; 
  • Imposer le port d’une tenue de travail, à changer quotidiennement ;
  1. Actions de sensibilisation :
  • Afficher à l’entrée du magasin les mesures de sécurité et d’hygiène adoptées pour lutter contre la propagation du COVID 19.
  1. Transport du personnel : 
  • Assurer pour le personnel du commerçant, pendant le premier mois après la fin du confinement, des solutions de transport individuel ou par petits groupes ne dépassant pas trois personnes. Ces solutions peuvent consister en l’utilisation des moyens de transport du commerçant ou des employés ou le financement de taxis. Nous éviterons, ainsi, l’utilisation des transports collectifs ;
  1. Nettoyage et désinfection des locaux :
  • Instaurer des procédures de nettoyage et de désinfection fréquents des sols et surfaces, notamment les comptoirs, les rampes d’escaliers, etc. 
  • Mettre à disposition un produit détergent-désinfectant, des lingettes désinfectantes…