C’est une bouffée d’espoir pour les éternels optimistes dans les cinq pays de l’Union du Maghreb arabe qui croient encore en l’intégration maghrébine. D’après un sondage d’opinion réalisé par l’Institut marocain d’analyses politiques (IMAP), les Marocains s’agrippent encore à ce rêve vieux de soixante-deux ans.

Quatre-vingt-dix pour cent (90%) d’entre eux considèrent que les échanges entre les pays membres renforceront l’intégration maghrébine. Une proportion légèrement inférieure (89%) estime que les frontières entre le Maroc et l’Algérie doivent être rouvertes.

Et, fait guère étonnant, les plus âgés sont les plus nombreux au sein de ce groupe puisqu’ils représentent 95,5% parmi les cinquante ans et plus. La proportion des sondés favorables à l’intégration maghrébine et à la réouverture des frontières marocaine et algérienne est supérieure dans la catégorie des 36-49 ans (100%) et inférieure dans celle des 18-24 ans (85%).

Une écrasante majorité de Marocains considère également que les peuples maghrébins sont proches culturellement –même si ceux qui sont de cet avis sont encore une fois les plus nombreux (96%) parmi les plus de 50 ans, mais également les 25-35 ans (95%), légèrement en dessous parmi les 36-49 ans (91,5%) et les 18-24 ans (87%).

Près de la moitié des Marocains (48%) citent les divergences politiques, 23% et «la volonté hégémonique de certains pays» et «la crainte de l’ouverture économique » (11,5%) parmi les principales faiblesses de l’UMA et les causes de l’échec de ce projet d’intégration.

A l’inverse, 38% des Marocains voient dans le renforcement des relations économiques l’un des moyens –et la première priorité- de renforcer le projet d’intégration. La deuxième priorité –pour 37% des sondés- est le règlement des différends politiques. La troisième (11%) est le renforcement des relations entre les peuples de la région et la quatrième (8%) la consolidation de la coopération culturelle et scientifique.

Malgré les problèmes, plus de la moitié des Marocains (58%) sont optimistes quant à l’avenir de l’UMA, et ce sont pour l’essentiel des personnes ayant des relations sociales avec des citoyens maghrébins, appartenant à la catégorie des plus de 50 ans et des femmes.

L’adhésion massive des Marocains à l’idéal maghrébin n’empêche pas qu’ils n’aient pas la même attitude à l’égard des cinq pays membres de l’Union du Maghreb arabe.

En effet, lorsqu’on leur demande quel pays maghrébin, outre le Maroc, ils choisiraient pour y vivre, les Marocains votent majoritairement pour la Tunisie (53%).

Ce sentiment est le plus fort parmi les 25-35 ans et les 36-49 ans (58%), mais la moitié des Marocains des autres catégories d’âge le partagent aussi.

Quinze pour cent optent pour l’Algérie, 1% pour la Mauritanie et la Libye, et… 29% n’aimeraient vivre dans aucun autre pays que le leur, le Maroc.

Les sondeurs expliquent le penchant d’une majorité de Marocains pour le plus petit des pays du Maghreb, la Tunisie, par le fait que «l’influence soft qu’exerce l’expérience démocratique tunisienne naissante sur les autres peuples de la région, inspirante pour les élites et les catégories populaires, en dépit des défis auxquels elle est confrontée ».

Mais avant de manifester leur attachement à l’idéal maghrébin, les personnes sondées ont eu à répondre à une question-piège visant à vérifier s’ils connaissent bien les membres de l’Union du Maghreb arabe (UMA). 90% d’entre eux ont cité les bons parmi les noms des sept pays proposés.

M.M.