La journée est longue et toute la Tunisie est confrontée à l’oisiveté ou presque.

Pas de travail, pas de chicha, pas de Café, pas de copains/amis à fréquenter, pas de stade ou de matchs de football, pas de bars ou cafés, pas de mosquée ni de prières, pas d’écoles ni d’universités…

Cela va encore se durcir avec l’allongement du confinement (pour le moment jusqu’au 20 avril) et cela risque même d’aller jusqu’à mi-mai, voire jusqu’à fin 2020 selon le ministère de la Santé. Et surtout avec l’arrivée du mois de Ramadan à la fin avril où la journée sera longue à cause du jeûne et la nuit encore plus longue en l’absence de veillées nocturnes, de sorties dans les cafés ou à la mosquée pour la prière de Tarawih.

Notre journée se passe avec seulement 4 activités principales, à savoir le sport (pour une minorité d’entre nous qui ont compris l’intérêt de garder une activité physique et qui essaient de s’organiser en conséquence).

Ensuite, la bouffe. En effet, il suffit de voir les longues queues devant les supermarchés, les boulangeries, les supérettes et les boutiques d’alimentation pour s’en convaincre. Et l’image de plusieurs personnes avec une quantité importante de baguettes sous la main traduit la triste situation d’un pays qui a faim et qui se soucie de son ventre plus qu’autre chose.

La troisième et la plus importante activité c’est internet, ce qui a obligé Tunisie Telecom de doubler la bande passante Internationale, tout en appelant au passage les utilisateurs à une utilisation raisonnée.

Juste pour vous donner une idée de l’engouement du Tunisien pour la toile, il suffit de savoir, selon des chiffres communiqués par Medianet (spécialiste d’internet) que durant la période du 15/03 au 24/03 par rapport à celle du 05/03 au 14/03, les pages FB des médias ont enregistré +137,19% de nouveaux fans. Du 16 mars 2020 – 23 mars 2020 VS 8 mars 2020 – 15 mars 2020, augmentation de trafic web sur les sites e-retail : +175% de sessions.

Toutefois, selon ces chiffres, on sait que le Tunisien est un facebookeur, un suiveur qui reçoit l’information à son insu plutôt que de la rechercher, contrairement à un Scandinave ou un Américain qui sont des des vrais “googlistes”, c’est-à-dire qui vont chercher l’information qu’ils souhaitent sur les sujets qui les intéressent et font l effort de surfer plutôt que d être un simple récepteur.

Autre activité pendant cette période de confinement, il s’agit de plusieurs heures passées devant son téléviseur à scruter l’information ou regarder les séries et autres films. Et à se déprimer par l’annonce du nombre de morts ou de contaminées.

Voici une capture pour l’évolution du trafic sur la Télévision Nationale: évolution de 36% sur le nombre de session site web : http://www.tunisiatv.tn/

News de la télévision : le nombre de sessions s’est multiplié par 5 : 80 000 sessions en février contre 401 000 sessions pour mars (Avant fin du mois)

Cette crise de Corona démontre la pauvreté du contenu web en Tunisie. Car outre les sites d’information bien fournies et où on trouve de la matière focalisée sur le Corona, il y a peu de contenus sur les autres sites publics.

Et surtout l’incapacité d’assurer l’enseignement à distance que ce soit au niveau du primaire et secondaire malgré les essais de l’EVT mais pas de façon interactive.

Alors que le syndicat des enseignants du supérieur a refusé d’assurer les cours à distance… Ce qui est une honte, c’est un refus de la modernité.

Ce qui veut dire que nos enfants et nos étudiants vont passer leurs temps à jouer sur le net ou à regarder la TV. Alors que les étudiants et les élèves chinois, européens ou américains continuent leurs études de manière fluide à distance.

La Tunisie découvre que son administration, son système d’enseignement et son commerce n est pas digitalise. Ce qui est un comble pour un pays où ses start up, ses éditeurs de logiciels brillent en exportant leurs savoir-faire ailleurs partout dans le monde.

Maarouf