L’accès des femmes à des postes hauts placés et leur représentation dans les postes décisionnels au sein de l’administration tunisienne ne dépasse pas 0,3%. Ce taux peut se situer à 0,1% dans plusieurs ministères et ce malgré le fait que le pourcentage des femmes diplômées est supérieur à celui des hommes.

Seulement 5,8% des femmes employées dans l’administration publique occupent le poste de directrice générale, selon un bilan présenté dimanche par Ibtissem Abou El Ataa, membre de la commission d’experts du parti Courant démocrate (Attayar).

S’exprimant lors d’une conférence organisée par Attayar à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, Ibtissem Abou El Ataa a cité le rapport du Forum Economique Mondial sur la femme 2019, selon lequel les opportunités de travail pour les femmes en Tunisie s’élèvent à 26% seulement.

Le taux de chômage des femmes est de 21,7% soit le double de celui des hommes (12%). Les opportunités d’emploi pour la femme se réduisent avec l’élévation de son niveau d’instruction. Ainsi, le taux de chômage des femmes diplômées titulaires d’un master atteint 38%.

Bien que la proportion de femmes diplômées et plus qualifiées que les hommes dans l’administration publique soit de 67%, leur accès à de hauts postes atteint moins de 30% contre 70% pour leurs collègues hommes, relève la même source.

Pour ce qui est de l’égalité des salaires, la Tunisie est en bas du classement à l’échelle mondiale, déplore l’intervenante, précisant que les femmes constituent la meilleure garantie pour l’avenir de l’administration tunisienne puisqu’elles sont moins jeunes que les hommes avec un intervalle moyen de 8 ans.

Pour sa part, Naima Hammami, membre du bureau exécutif de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a relevé une grande différence entre les slogans sur l’égalité homme femme et la réalité pratique en Tunisie. D’après elle, bien que les dispositions de la Constitution et les lois tunisiennes soient avant gardistes en ce qui concerne les droits des femmes et l’égalité, leur mise en application reste tributaire d’une action commune entre les femmes et les hommes dans le sens de l’enracinement d’une culture et d’une mentalité se basant sur les critères de compétence uniquement.

Elle a également déploré la faible représentation de la femme dans les organisations nationales, citant l’UGTT en exemple, estimant, toutefois, que l’amendement du statut de la centrale syndicale, exigeant désormais la représentation de deux femmes au moins dans ses structures dirigeantes, a renforcé les chances des femmes d’accéder à des postes décisionnels dans plusieurs secteurs.

Quant à la présidente de l’association Mnamti, Sadia Mosbah, elle a déclaré que si “la femme blanche en Tunisie est en concurrence avec l’homme, seulement pour le travail et les chances d’emploi, la femme noire, elle, se place au 4e rang derrière l’homme et la femme blancs, suivie par l’homme noir “.

“La présence des femmes noires dans ce genre de manifestations, se fait à titre d’embellissement de la réalité; et est une manière de refuser d’admettre une discrimination sur la base de la couleur. Une réalité dans laquelle la femme noire ne peut acquérir ses chances sur la base de la compétence et des qualifications uniquement”, a-t-elle tancé.