La croissance du Produit intérieur brut réel de la Tunisie devrait reprendre avec des taux de 2,1% en 2020 et 2,5% en 2021, alimentée du côté de l’offre par l’agriculture, le phosphate et le tourisme, révèle le rapport sur “Les perspectives économiques en Afrique 2020” qui vient d’être publié par la Banque africaine de développement (BAD).

D’après le rapport, la persistance des inégalités constitue une entrave à l’investissement et à la croissance de l’économie tunisienne”, soulignant la nécessité d’accélérer les réformes structurelles entreprises depuis 2011 et d’introduire des mesures spécifiques pour réduire ces inégalités et rendre la croissance plus inclusive.

L’industrie du tourisme (tourisme balnéaire, d’affaires, de montagne, écotourisme, tourisme d’oasis, thalassothérapie) qui a représenté jusqu’en 2011, un important moteur de croissance et d’emplois, pourrait, selon la même source, sur le moyen terme, bénéficier de la croissance constante de 5% par an de la demande de services touristiques au niveau mondial.

En ce qui concerne la dépense publique, le rapport évoque une augmentation significative depuis 2011, soulignant que les gouvernements successifs continuent à privilégier les dépenses courantes (salaires et subventions) au détriment des dépenses d’investissement.

Augmentation de 95% de la dette publique entre 2010 et 2019

Selon le même rapport, cet accroissement de la dette publique a été financé principalement par des emprunts extérieurs, ajoutant que “la dette publique, composée à 70% par la dette extérieure, a augmenté de 95% entre 2010 et 2019”.

Cela expose, alerte la BAD, la Tunisie au risque de chocs exogènes importants et réduit ainsi les liquidités disponibles pour le secteur privé, mettant l’accent sur la nécessité de prioriser et mieux cibler la dépense publique pour entraîner l’économie.

Sur un autre volet, le rapport estime que l’appréciation nominale du Dinar vis-à-vis de l’Euro (9%) et du Dollar (5,8%) amorcée au cours du premier trimestre 2019, pourrait contribuer à l’allègement de la facture des importations énergétiques (38,6% du coût des importations totales) et à la réduction du déficit du compte courant.

Néanmoins, la Tunisie demeure dotée de nombreuses forces, notamment, la proximité géographique avec l’Europe, l’existence d’une main d’œuvre qualifiée et d’un tissu industriel diversifié (aéronautique, chimie, textiles), un important potentiel sur le plan agricole et halieutique, et de larges gisements de phosphate, de pétrole et de gaz.

Près de 4% de croissance pour l’Afrique en 2020

A l’échelle régionale, la croissance économique en Afrique s’est maintenue à 3,4% en 2019 et devrait s’accélérer à 3,9% en 2020 et 4,1% en 2021. “Cela représenterait une baisse par rapport aux performances plus élevées du passé”, note le rapport.

Et d’ajouter que: “Les déterminants fondamentaux de la croissance s’améliorent, également, avec un déplacement progressif de la consommation privée vers les investissements et les exportations. Pour la première fois en une décennie, l’investissement a contribué pour plus de la moitié à la croissance du continent, contre moins d’un tiers pour la consommation privée”.

Cependant, le rapport souligne que la croissance n’a pas été inclusive, indiquant, qu’à peine un tiers des pays africains ont réalisé une croissance inclusive, en réduisant à la fois la pauvreté et l’inégalité.