Une équipe de compétences au sein du gouvernement, la bonne gouvernance, l’encouragement de l’initiative privée et la politique contractuelle pour garantir la paix sociale, sont les principaux fondements de la politique de feu Hédi Nouira, ancien premier ministre de Tunisie de 1971 à 1980.

“Ces exigences grâce auxquelles, le pays est sorti d’une crise économique et sociale pendant cette période jugée fortement délicate, sont encore valables pour le contexte actuel de la Tunisie 9 ans après la révolution “, ont estimé des participants à un séminaire organisé, vendredi, au siège de la banque centrale de Tunisie (BCT), à Tunis, par l’association ” Mémoire de Hédi Nouira “.

Le séminaire auquel ont assisté des amis et anciens ministres du gouvernement de feu Hédi Nouira dont les anciens présidents de la République, Mohamed Ennaceur et Foued Mebazaa ainsi que le fils de feu Hédi Nouira, Chakib Nouira, des économistes, des chercheurs, des syndicalistes, des chefs d’entreprises et des responsables d’organisations de la société civile, a été une occasion pour se rappeler des principales mesures prises par feu Hédi Nouira pour redresser l’économie tunisienne en une courte période et améliorer les conditions sociales des citoyens dans les différentes régions du pays.

 

S’exprimant à l’ouverture des travaux, Ahmed El Karm, président de l’association ” mémoire de Hédi Nouira “, a souligné que l’ancien premier ministre, sous le régime de Bourguiba, a pu faire sortir le pays de la crise en un temps record malgré le contexte politique, économique et social difficile de l’époque.

Selon lui, feu Hédi Nouira s’est basé sur une approche stratégique avec comme première exigence la bonne gouvernance dans la gestion des institutions publiques, ce qui a permis de rééquilibrer le budget de l’Etat et de développer des institutions stables, pérennes et performantes, tout en créant les organes qui veillent sur la bonne gouvernance et la désignation d’hommes compétents au dessus de toute reproche.

L’ancien premier ministre avait aussi opté pour une approche libérale et s’est orienté vers la promotion du secteur privé pour la création d’emplois à travers le lancement de projets productifs, tout en nouant un pacte social avec les partenaires sociaux pour préserver la paix sociale.

D’après El Karam, Hédi Nouira était un réformateur précurseur dans l’âme d’une manière engageante estimant que pour réussir, le prochain gouvernement devrait être efficace, libérer et appuyer l’économie tunisienne, engager les réformes nécessaires et audacieuses, garantir la bonne gouvernance et lutter contre la corruption.

Pour Marouane Abassi, gouverneur de la BCT, Hédi Nouira, qui a créé la banque centrale et en a été son premier gouverneur, a enraciné la culture du travail et de la persévérance, a développé la politique monétaire tunisienne et a valorisé le dinar tunisien.

En étant premier ministre dans une période extrêmement difficile, Hédi Nouira a pu, en trois ans, rétablir la confiance, booster l’investissement à travers plusieurs mécanismes et institutions et créer de la richesse, tout en veillant à sa bonne répartition et en sécurisant la classe moyenne.

Pour Mustapha Zaanouni, ancien ministre dans le gouvernement de Hédi Nouira, la situation de la Tunisie dans les années 70 était dramatique et pourtant Hédi Nouira a pu redresser le pays en commençant par trois grandes mesures, à savoir, effacer la dette intérieure en 3 ans, lancer l’initiative privée et lancer les grands travaux.

Dans son intervention Hechmi Alaya, président fondateur de Think Tank ” TEMA “, a estimé que la Tunisie ne peut se développer qu’en instituant la liberté comme valeur fondamentale.

Il a ajouté que le gouvernement de Hédi Nouira a réussi grâce à son discours de vérité qui est totalement absent aujourd’hui, selon lui.

” Aujourd’hui le pays n’a pas une structure de gouvernance efficace et les discours des politiciens sont loin d’être clairs et réels “, a-t-il déploré.

Pour Tijani Chelli, ancien ministre dans le gouvernement de Hédi Nouira, le pays est actuellement ingouvernable.

” Il faut changer la constitution et avoir un gouvernement qui a une politique claire et applicable et ne pas chercher à faire plaisir aux uns et aux autres “, a-t-il dit.

Dans son témoignage, Foued Mebazaa a souligné que Hédi Nouira était un visionnaire qui avait une affection particulière pour la jeunesse.

” Conscient de l’importance de former la jeunesse et de lui donner le cadre pour s’épanouir, Hédi Nouira a créé plusieurs maisons de jeunes et stades dans différentes régions du pays et même dans les quartiers “, a-t-il dit.

” Il était aussi très attentif et à l’écoute des préoccupations des citoyens sur l’ensemble du pays et cherchait à trouver des solutions appropriées à toutes les questions “, a-t-il ajouté.

De son côté, Mohamed Ennaceur a parlé de la politique contractuelle adoptée par Hédi Nouira et la conclusion d’un pacte social avec les partenaires sociaux pour garantir la paix sociale tout en promouvant les conditions sociales et les avantages sociaux notamment au profit de la classe moyenne.