L’année 2019 a été marquée par la mort, le 25 juillet, du président de la République en exercice, Béji Caïd Essebsi (BCE), à l’âge de 93 ans. L’histoire retiendra de lui quatre moments forts, pensons-nous.

Un commis de l’Etat

Durant son parcours, BCE ou Bajbouj, comme l’appelait affectueusement, a constamment évolué dans la sphère du pouvoir au temps de Bourguiba, de Ben Ali et de la période post révolution (2011-2019).

Il fut notamment président de la République 2014-2019), président de l’Assemblée nationale, Premier ministre (2011), successivement ministre de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires étrangères et ambassadeur de Tunisie en France et en Allemagne.

Un homme de juste milieu

Lors de l’exercice de ses diverses fonctions, BCE a été constamment un défenseur du juste milieu et de la diversité tunisienne : «En ce petit pays est né un grand dessein. Notre dessein, c’est de construire malgré les soubresauts, malgré l’agitation alentour, un havre de paix, de démocratie et de liberté.

Un lieu où le débat public est perçu comme une force et où la diversité, qu’elle soit d’ordre culturel, religieux ou social, est perçue comme une richesse. Parce que la Tunisie est belle de cette diversité».

C’est au nom de cette foi dans la diversité que certains ont compris son option, une fois vainqueur des élections de 2014, pour le partage du pouvoir avec son pire ennemi politique à l’époque, en l’occurrence le parti d’obédience religieuse, Ennahdha. D’autres ont vu dans ce consensus une trahison de la volonté des électeurs qui l’ont élu président.

Un homme qui croit en l’égalité homme-femme

Convaincu du rôle majeur que peut jouer la femme dans une société moderne, il a toujours plaidé pour la promotion et la protection de la femme.

C’est ainsi que, durant son mandat à la tête du pays, deux importants projets de loi historiques ont été élaborés.

Le premier portant sur la protection des femmes victimes de violences et abolition des dispositions rétrogrades, comme la possibilité pour un violeur d’épouser sa victime mineure pour éviter les poursuites a été voté et promulgué.

Quant au second sur l’égalité entre homme et femme en matière d’héritage, il n’a pas pu passer.

Un goût d’inachevé

Béji Caïd Essebsi, premier président démocratiquement élu pour débarrasser le pays d’un islam politique putschiste de nature djihadiste, a trahi son électorat en s’alliant avec lequel les Tunisiens ont connu, depuis son accès au pouvoir en 2011, une véritable “Nekba“ avec son lot de terrorisme, attentats politiques, contrebande, récession économique, épidémies, exportation de djihadistes, émigration clandestine, fuite des cerveaux…

Pis, cette 2ème République a mis en péril le pays en retardant, délibérément, la mise en place des institutions constitutionnelles démocratiques dont la Cour constitutionnelle. L’inexistence de cette dernière institution et son corollaire le vide politique créé par l’effet de son absence, a semé la panique dans le pays et l’a mis dans une confusion totale lorsque des rumeurs pressantes avaient annoncé, le 27 juin 2019, le décès du chef de l’Etat suite un malaise.

Ceci pour dire qu’au-delà des ratages, de l’immobilisme qui a marqué son mandat et des blocages générés par la mécanique institutionnelle de la Constitution de 2014, le défunt aura fait ce qu’il pouvait.

A n’en point douter, il a joué un rôle important dans la stabilisation du pays entre 2011 et 2019, d’abord en tant que Premier ministre, puis en tant que chef d’un front électoral (Nidaa Tounès) et enfin en tant que premier président démocratiquement élu en Tunisie.

Paix à son âme !