Suite au buzz récemment constaté sur les réseaux de communication et les remous dans l’affaire de fin de mission de Chiraz Laatiri à la tête du CNCI, les professionnels du cinéma ont clarifié leur position dans une réaction qui pourrait paraître, selon certains, assez tardive mais dont l’intérêt est de sauver un secteur en proie aux conflits.

Il s’agit de l’Association des réalisateurs de films tunisiens (ARFT), l’Association des cinéastes tunisiens (ACT), l’Association des jeunes cinéastes indépendants (AJCI), l’Association tunisienne pour la promotion de la critique cinématographique (ATPCC) et la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs (FTCA).

Leur mise au point a été formulée dans un communiqué commun signé par les associations tunisiennes actives dans le secteur du cinéma dont une copie est parvenue à l’agence TAP.

Les représentants des associations actives dans le secteur du cinéma dénoncent “les tiraillements et les tentatives de domination sur le secteur ” qui sont alimentés par les campagnes de mobilisation orchestrées sur les plateformes web”. Les signataires expriment leur souci de voir intervenir “des parties, internes et extérieures qui veulent exploiter une décision administrative afin de se repositionner et de plonger le secteur dans la question politique”.

Ils craignent une issue dont “l’aboutissement naturel serait la lutte d’influence et l’hégémonie, à l’image de ce qui se passait sous la dictature”. Ils appellent ” à faire preuve de responsabilité, de patriotisme et d’épargner à la scène culturelle et cinématographique les hostilités à même de détourner l’attention des professionnels des véritables questions auxquelles fait face le cinéma tunisien”.

Ils comptent sur les efforts communs, pour mettre en place de bases solides pour lesquelles ont milité des générations de cinéastes afin de voir créer le Centre National du Cinéma et de l’Image, et pour œuvrer à instaurer un climat de démocratie dans tous les secteurs. Ils fustigent “des tentatives d’enrôlement de certains médias et les agissements des lobbies opérant à l’intérieur et à l’extérieur du pays”. Face à une telle ambiguïté, ils réclament “une évaluation sérieuse du secteur dans le cadre de structures nationales bien structurées et régies par la loi”.

Les parties professionnelles signataires soulignent avoir précédemment demandé l’évaluation de la performance des institutions et de leur personnels respectifs. Elles rappellent une procédure qui devait se faire sur les bases des lois en vigueur et à travers la participation des véritables acteurs et toutes les parties intervenantes dans le développement du cinéma. “Afin d’éviter toute confusion, nous avons auparavant, officiellement et ouvertement émis notre réserve quant au fonctionnement du Centre national du Cinéma et de l’Image (CNCI)”, lit on dans le texte du communiqué.

A la lumière d’une conjoncture peu propice et les scandales de corruption dans le secteur, les signataires préfèrent ne pas trop rentrer dans les détails. Ils s’estiment soucieux de “ne pas vouloir déstabiliser le secteur cinématographique, comme étant une composante de base du paysage culturel dans le pays”. Ils évoquent une étape qui commande de “resserrer les rangs et poursuivre à œuvrer avec le ministère de tutelle (celui des Affaires Culturelles) pour réformer et développer l’industrie cinématographique en Tunisie en vue d’en faire une industrie vraiment nationale”.

Au sujet des derniers développements et le départ contesté de certains responsables, Mohamed Zinelabidine, ministre des Affaires culturelles, a finalement donné son avis.

Il a déclaré aux médias que son département a mis fin à la collaboration de “certaines personnes appartenant aux lobbies, ayant des relations suspectes ou toute personne ayant tiré profit de son poste au sein du ministère”.

Le ministre qui s’exprimait à l’ouverture, dimanche, du 4e Congrès national de lutte contre la corruption, à la Cité de la Culture à Tunis, a indiqué que certains dossiers ont été transférés aux instances spécialisées pour mener leur enquête.

Il a annoncé que la corruption est un phénomène qui “touche tous les secteurs culturels et couvre le cinéma, le théâtre, les arts plastiques, la traduction ainsi que certains festivals”.