La Conférence des jeunes arabes ambassadeurs de la sécurité routière, lancée par le ministère de la Jeunesse et des Sports en coopération avec l’Association tunisienne pour la prévention des accidents de la route, a débuté officiellement mercredi à l’île de Djerba avec la participation de 17 pays arabes.

La conférence a pour but d’élaborer une charte arabe de la jeunesse pour la sécurité routière et à réfléchir collectivement sur les moyens de diffuser la culture de la circulation et diverses initiatives en matière de sécurité routière.

L’organisation de cette conférence fait partie de la manifestation “Tunis capitale de la jeunesse arabe” et coïncide avec la clôture de la manifestation “Médenine capitale de la sécurité de la circulation”, l’accident tragique de l’autobus touristique dimanche à Ain Senoussi à Amdoun (Ain Drahem) qui a fait 29 morts donnant plus d’importance à cette manifestation avec une réflexion collective associant gouvernement, société civile, à l’échelle nationale et arabe, afin de défendre le droit à la vie et accorder la priorité absolue à la protection des peuples arabes contre les accidents de la route.

Afif Frigui, président de l’Association tunisienne pour la prévention des accidents de la route, a appelé à un dialogue national rassemblant toutes les parties et respectant ses conclusions, loin de tout désaccord ou complaisance, sans diluer le problème. Il a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place une autorité supérieure indépendante dans le domaine de la sécurité sur les routes, chapeautée par le chef du gouvernement, et d’inclure la sécurité routière comme point permanent à l’ordre du jour des conseils ministériels afin d’en faire une responsabilité collective.

Il a également appelé à la révision du budget 2020, qu’il qualifie de “farce”, en incluant une section sur la sécurité routière et le financement du droit à la vie, tout en invitant à la fermeté dans l’application de la loi, en renforçant le contrôle des routes et en sensibilisant et en incluant les programmes d’éducation.

Frigui a réitéré son appel à l’établissement d’un registre national des décès dus à des accidents de la route. En l’absence de ce dernier, les statistiques sur les victimes d’accidents de la route sont inexactes, a-t-il ajouté, estimant que la responsabilité est collective pour agir pour cette cause humaine, à savoir le droit de vivre en paix et en toute tranquillité sur les routes.

Le Directeur général de la jeunesse, Kamal Al-Arbi, a pour sa part affirmé que le problème de la circulation reposait sur trois aspects fondamentaux, notamment l’espace de circulation, y compris les véhicules et les panneaux de signalisation, puis le côté législatif pour activer et rendre justice son application, le troisième élément étant la culture de la circulation de l’enfant et de l’adolescent et comment convertir les connaissances sur le trafic en comportement discipliné en introspection d’un ensemble de valeurs, en particulier la coexistence dans l’espace de circulation, le respect de l’autre et la prudence.

Cette conférence permettra, selon le directeur général, de sensibiliser et d’examiner les moyens de faire participer les jeunes à la sécurité routière grâce aux ateliers organisés à l’occasion sur la rédaction de la Charte arabe de la sécurité routière pour les jeunes et son utilisation, ainsi que sur l’utilisation de sites de réseautage social pour diffuser la culture de la circulation et échanger des expériences.

Le gouverneur de Médenine, Habib Chaouat, a pour sa part relevé que les débats sur cette question en conjonction avec l’incident tragique à Ain Sanounsi imposait d’importantes recommandations qui devaient être retirées du cadre sectoriel au niveau national pour élaborer un plan national qui intègre la culture de la circulation dans les programmes d’enseignement et renforce la sensibilisation. Il a souligné la nécessité de réviser plusieurs aspects liés au problème de la circulation, dont les infrastructures, les transports et les législations.

La conférence des jeunes arabes ambassadeurs de la sécurité routière se déroule en présence de plusieurs personnalités d’organisations et de structures liées à la sécurité routière, telles que le Conseil européen pour la sécurité des transports, l’Organisation arabe pour la sécurité routière et la Ligue arabe, qui ont présenté à cette occasion leurs suggestions pour prévenir les accidents de la route.

A ce propos, Alain Ariel, du Conseil européen pour la sécurité des transports, a affirmé qu’il importe d’associer les jeunes, avenir de tout pays, au domaine de la sécurité routière, suggérant d’intensifier les activités d’éducation et de sensibilisation pour développer les comportements des jeunes dans le sens de la sécurité, tout en prenant des mesures générales concernant l’infrastructure, les routes et la circulation tout en appliquant avec rigueur les lois et réglementations.

Selon ses statistiques, le nombre de décès dus à des accidents de la route en 2016 s’élevait à 1 million et 350 mille décès, soit 26 décès pour 100 mille habitants. Il a affirmé que le taux le plus élevé a été enregistré sur le continent africain, soulignant que le nombre de décès par jour est estimé à 1 000 cas chez les moins de 25 ans.

Le vice-président de l’Organisation arabe pour la sécurité routière et le président de l’Association jordanienne pour la prévention des accidents de la route a estimé pour sa part que le problème des accidents de la route est un fléau mondial qui doit unir tous les efforts pour atténuer ses effets néfastes, notant que toutes les 25 secondes un mort est enregistré dans des accidents de la route, soit 330 morts par jour.

Il a appelé à cet égard à unifier les efforts et à échanger l’expertise entre les Etats, à réfléchir sérieusement à la sécurité de la circulation et à réduire les risques dans le sens de la réorganisation des routes, de la législation et de l’application de la loi avec l’organisation de conférences similaires pour compléter l’action et les efforts visant à réduire ce fléau.

De son côté, Ali Omar, de la Ligue arabe, a réaffirmé la disposition de l’instance panarabe à mettre tout en œuvre pour que les jeunes puissent occuper leur place privilégiée, appelant à faire de la sécurité routière une responsabilité collective et à inciter les médias à prendre conscience du problème et à renforcer le rôle des jeunes en tant qu’ambassadeurs de la sécurité routière, du dialogue et du partenariat positif.