“Parasite”, la Palme d’Or coréenne débarque pour une première tunisienne assez attendue et devant un public assez nombreux à la projection faite, mercredi soir, à la Cinémathèque tunisienne au lancement du premier festival du film coréen.

“Parasite”, thriller de 132′ au mélange des genres, entre comédie noire et drame, est réalisé et coscénarisé par Bong Joon-Ho. Après sa première mondiale à Cannes, sa tournée mondiale a travers les salles obscures, entamée en juin dernier à Séoul, se poursuit jusqu’à décembre. Cette fiction, 7ème long métrage du réalisateur, cumule les prix et nominations.

Lecture dans l’oeuvre lauréate de la récompense la plus convoitée de la compétition canonise, la Palme d’or qui était revenue à la Corée pour la première fois de son histoire.

Parasite, la valse du déluge

Dans leur condition quasi désespéré, la famille de Ki-Taek ne pouvait prétendre espérer à une telle aventure. Traquer le wifi auprès des cafés voisins serait leur préoccupation majeure qui les tenaient en lien avec le monde et par conséquent en vie.

Lors d’un dîner familial autour d’un pizza, le père déclare “Nous sommes réunis pour fêter la reconnexion du wifi”. Une scène qui résume toute la réalité du monde actuel.

Les enfants et leur parents étaient là coincés dans leur appartement délabré qui s’apparente à un entresol donnant sur la rue. Ils vivaient des petits boulots et l’emballage de boîtes de pizza qu’ils faisaient chez eux pour le compte d’un tiers.

Grâce à la proposition rusée d’un ami qui espérait gagner le cœur de la fille d’un richissime, la chance allait s’ouvrir pour le jeune homme qui décroche un job chez les Park en tant que professeur d’anglais pour leur fille adolescente.

Le jeune homme allait falsifier un diplôme prétendant l’avoir “imprimé d’avance” en attendant d’avoir son vrai diplôme.

Elle serait ironiquement le moyen de salut de la famille pour sortir des griffes de la misère, dans l’une des séquences marquantes du film.

Coup de chance, car toute la famille allait se faire embaucher grâce à un plan machiavélique orchestré pour faire virer l’ancien personnel, la gouvernante et le chauffeur.

La jeune fille était la seconde sur la liste des embauchés comme une prétendue psychothérapeute par l’art diplômée d’une prestigieuse université américaine. Elle viendrait à l’aide du petit dernier des Park, hyper, un garçon actif et présentant des symptômes psychotiques à cause d’un fantôme qu’il avait vu au soul sol de la maison.

Les talents des membres de la famille se révèlent et se succèdent dans l’art de renverser la situation en leur faveur.

Un atout qui fait leur force face à la laideur de la vie et comme par chance grâce à la bonne foi de la propriétaire de la maison richissime, une femme jugée crédule et trop gentille.

L’aventure commence dans la douceur du luxe coréen et l’esthétique qui marque les décors, les meubles et le rythme de vie. Un voyage dans le rythme d’un pays à la pointe de la technologie mais qui garde un lien avec son identité dans la pure tradition de la vie asiatique, ses plats culinaires et ses quartiers pleins de vie.

L’image dans Parasite, une toile en mode HD

Tout droit sortie des studios du pays grand fournisseur du matériel HD, l’image est séduisante. Sa beauté dépasse l’espace. Elle rend belle même la misère de cette famille dans les quartiers pauvres de Séoul sous une pluie diluvienne.

Une scène qui précède le grand déluge qui allait tout balayer et réécrire le cours des événements.

Elle est encore plus captivante chez l’autre famille. Le grand luxe des belles demeures de la haute société coréen rentre en harmonie avec le cadre naturel. Du début jusqu’à la fin, l’image ne finit pas sa valse qui charme le regard.

La sensibilité de l’auteur se traduit dans des scènes savamment et élégamment filmées pour emmener le spectateur vers les quatre saisons. Un Séoul de beau temps, sous la pluie, sous les nuages ou sous la neige, filmer s’avère être un art signé en Corée.

Les scènes d’horreur et l’élément dramatique qui accompagne l’histoire du film se concentrent vers la partie finale avec la découverte du sous sol secret dans lequel vivait le mari de l’ex gouvernante de la maison. Un nouveau rebondissement dans l’histoire métaphore d’une vie incertaine mais où chacun garde espoir dans un lendemain meilleur.

L’élément sonore fait aussi la force du film à travers des morceaux de musique coréenne ainsi que des extraits sonores occidentaux modernes, pour Gianni Morandi, et baroques de Haendel avec Rodelinda.

“Parasite” est une véritable merveille cinématographique à voir absolument. Tous les éléments filmiques sont réunis dans une œuvre d’exception qui traduit le savoir faire cinématographique d’un film qui cumule les succès.

Son sacre devant le jury présidé par le brésilien Alejandro Gonzalez a été amplement mérité. Le cinéaste trame avec une habileté extrême chaque détails, plan et séquence dans un scénario aux allures soft et grinçantes.

Entre la terreur du quotidien, la violence du destin, et l’ironie du sort, la vie des personnages balance dans les reliefs d’un scénario de génie. Des injections sur la vie, la méchanceté de l’être, l’égoïsme, l’individualisme et tout ce qui motive l’être humain, de bien ou de mal.

Le film est surtout une métaphore intelligemment présentée par un scénario qui touche à divers sujets de haute sensibilité sans trop rajouter, ce qui fait la singularité de l’oeuvre. La thèse d’un monde ultra mondialisé et une réalité politique devenue ironique avec le voisin du Nord a été abordée à travers des séquences assez simples mais trop significatives.

Les premiers weekends de sa sortie en Corée parasite avait enregistré des rentrées de près de 25 millions de dollars. Le film devra faire l’objet d’un remake américain et représente son pays à l’Oscar du meilleur film étranger pour une nouvelle consécration qui serait éventuellement historique.