Seules les jeunes pousses africaines peuvent apporter des solutions aux problèmes de villes du continent souvent surpeuplées, mal desservies et onéreuses. Mais pour cela, il leur faut bénéficier du soutien des Etats, de l’apport financier et du mentoring des business angels.

Pour l’Afrique, c’est digital toute. La preuve en est le nombre sans cesse croissant depuis quelques années de manifestations dédiées à la transformation digitale, aux quatre coins du continent. Sur la seule année 2019, on en compte une bonne demi-douzaine. Parmi lesquelles Afric’Up-Start Up Africa Summit (Tunis, 24-25 septembre 2019), dont l’organisation avait été confiée à la Tunisie en 2017 par Transform Africa Summit (TAS).

Ce sommet, réuni pour la première fois en 2013 par sept pays africains, à l’initiative du président rwandais Paul Kagamé –et qui regroupe aujourd’hui vingt-quatre pays africains, dont la Tunisie depuis 2017-, et dont la sixième session se tiendra en 2020 en Guinée, vise à «habiliter les Etats membres à devenir des économies intelligentes (smart economies) plus compétitives, dynamiques, ouvertes, avec les environnements d’affaires les plus favorables, qui attirent des investissements à grande échelle, récompense l’entrepreneuriat, permet une croissance rapide, et exploite les innovations dans les technologies de l’information et de la communication pour transformer les nations africaines en sociétés intelligentes (smart cities)».

Dans le but de contribuer un tant soit peu à atteindre cet objectif, les organisateurs d’Afric’Up se sont coupés en quatre afin de réunir «plus de 3 700 personnes», en croissance de plus de 70% par rapport à la première édition, dont en particulier les responsables de plus de 1 500 startups, une dizaine de ministres africains ou leurs représentants d’une quarantaine de pays, plus de 150 speakers, des responsables de bailleurs de fonds multilatéraux –BAD, Banque mondiale et Afreximbank-, et, surtout, 45 business angels et venture capital.

Tout ce beau monde s’est attelé durant deux jours, en quatorze panels et une quarantaine de workshops de coaching et de mentorat, à réfléchir sur le thème «Smart Cities & innovation ouverte en Afrique, quelles opportunités pour les startups ?».

Déjà enraciné dans d’autres régions du monde –notamment l’Europe, l’Amérique et l’Asie-, le phénomène des smart cities en est encore à ses premiers balbutiements en Afrique.

Pourquoi l’Afrique en a-t-elle besoin, pourrait-on se demander ? Tout simplement parce que la smart city peut contribuer à résoudre, au moins en partie, les problèmes des villes africaines.

L’urbanisation constitue, a priori, «un moteur pouvant accroître la productivité et renforcer l’intégration économique», suppose un rapport de la Banque mondiale («Ouvrir les villes africaines au monde») de 2017. Mais, constate ce document, en Afrique «les processus de concentration de la population dans les villes ne se sont pas accompagnés d’une densification économique». Ensuite, «globalement», elles «ont en commun trois caractéristiques qui nuisent au développement urbain et à la vie quotidienne des entreprises et des populations qui y résident : elles sont surpeuplées, mal desservies et onéreuses».

Ces problèmes sont autant d’opportunités pour les startups africaines. Car, il n’est pas question d’importer les solutions conçues ailleurs, avertit Lena Oscarsson. «Faire appel à un expert européen, cela ne marche pas, insiste cette Suédoise, innovatrice et investisseur. L’innovation (…) doit venir de l’Afrique».

M.M.

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