Protéger le pouvoir d’achat, améliorer les services publics, promouvoir l’investissement et l’emploi, réduire les déficits et stabiliser le dinar, tels sont les principaux objectifs du programme économique d’Al Badil Ettounsi, parti centriste fondé par l’ancien chef du gouvernement, Mehdi Jomaa, le 29 mars 2017.

Il est représenté dans 33 circonscriptions aux élections législatives 2019 (6 octobre 2019).

Les grandes lignes du programme économique du parti ont été présentées par l’ex-ministre de l’Equipement et membre du bureau politique d’Al Badil Attounsi, Hédi Larbi, dans l’interview ci-dessous.

Quel modèle économique préconise Al Badil Attounsi notamment, pour réduire les disparités régionales ?

Hédi Larbi : La stratégie d’Al Badil est de promouvoir l’émergence de pôles urbains de développement attrayants et productifs.

Dans chacune des régions intérieures, le parti vise à mettre en œuvre un programme de développement régional et concentrer une masse critique d’investissements de qualité dans la ou les deux villes les plus importantes de ladite région.

Il faut aussi, améliorer la connectivité régionale et l’accès aux marchés, grâce à la construction d’un réseau de routes rapides utilisant les emprises existantes.

Il s’agit de créer dans chaque région, une agence de promotion et de développement régional (APDR), afin d’apporter l’appui technique et financier nécessaires aux porteurs de projets d’investissements productifs.

La mise en œuvre d’un plan de développement devant accélérer la transformation de certaines activités industrielles, vers des branches et des activités de plus grande valeur ajoutée et à fort contenu technologique (électrique et électronique, automobile, aéronautique, chimie fine et industries pharmaceutiques, agroalimentaire, et services d’ingénierie, etc.) pour soutenir la compétitivité de l’industrie du pays et attirer plus d’investissements vers les activités productives et créatrices d’emploi de qualité (jeunes diplômés).

Quel programme proposez-vous pour lutter contre la pauvreté et par quels financements ?

Al Badil vise à rationaliser les subventions en ciblant directement, les ménages devant bénéficier de l’aide de l’Etat, pour réduire la pauvreté, améliorer l’équité sociale et mieux utiliser les ressources publiques (Caisse de Compensation). Ce programme comprendra un identifiant unique par ménage/personne.

Les économies dégagées seront investies pour améliorer les services publics et les services sociaux, en plus de promouvoir l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).

Il faut également, assainir les circuits de distribution et promouvoir l’entrepreneuriat à travers l’élimination des obstacles bureaucratiques, la simplification et digitalisation des procédures douanières et la mise en place de facilitations portuaires, simultanément à un relèvement notable des performances des services portuaires.

Al Badil préconise l’amélioration de l’accès au financement et la rationalisation des structures de financement des PME (BPME et BTS). Un programme spécial de partenariat avec le secteur bancaire sera mis en place pour développer sa capacité de gestion des risques et de financement des PME.

Ce programme entraînera une réduction du taux de chômage à environ 12 % en 2025. L’investissement reprendra à un rythme substantiel de 20 à 25 % du PIB, avant l’horizon 2025, avec la possibilité d’atteindre 30% à long terme.

La participation des femmes au marché du travail devrait augmenter d’au moins 8 points d’ici 2030 (de 28% à 36%) pour renforcer l’indépendance économique des femmes.

Aussi, le parti vise un taux de croissance économique moyen réaliste de 4 à 4,5%, par an pour 2020-2025, devant progresser à 5-6% à l’horizon 2030, quand toutes les réformes institutionnelles auront été mises en place.

Quelles propositions avez-vous pour résoudre la question de l’endettement de l’Etat tunisien et lutter contre l’économie parallèle ?

La stratégie d’Al Badil vise à rationaliser les dépenses publiques et les subventions, améliorer le recouvrement des recettes fiscales, réduire le poids budgétaire, réviser les investissements publics programmés et non encore engagés et mettre en place un programme de restructuration (au cas par cas), des entreprises publiques.

Le parti propose aussi, de mettre en place des mesures concrètes permettant de rétablir progressivement les équilibres budgétaires dont la reprise des activités de la chaîne des phosphates (négociations et application de la loi) et la reprise des activités d’exploration et de production des hydrocarbures.

Que proposez-vous pour réduire l’inflation et améliorer le pouvoir d’achat du citoyen ?

De nombreuses mesures sont prévues dans ce sens, dont l’assainissement des circuits de distribution et la réduction drastique des trafics et des intermédiations spéculatives, la préservation du pouvoir d’achat des couches sociales défavorisées, en réformant le système des aides financières directes, la mise en production de capacités existantes faiblement utilisées (surtout dans le secteur agricole et agroalimentaire) pour augmenter l’offre et améliorer les services publics et les conditions de vie de la population.

Il s’agit aussi de veiller à la décélération des importations des produits non nécessaires, afin de réduire le déficit courant et l’inflation importée et augmenter l’offre de biens et services locaux.

Quelles sont vos propositions pour résoudre le problème de l’approvisionnement en eau et relever les défis environnementaux croissants ?

Il faut assigner la planification et la gestion de toute la chaîne d’eau à une seule structure neutre en matière d’utilisation de l’eau, qui ne soit pas le ministère de l’Agriculture, fusionner la SONEDE et l’ONAS, adopter un nouveau code de l’eau et une nouvelle politique tarifaire encourageant l’économie de l’eau, et équiper les réseaux et les forages de compteurs intelligents inviolables.

L’objectif d”Al Badil est, aussi, de promouvoir les filières de l’économie verte et d’accélérer la transition énergétique.