Plein comme un œuf, le théâtre international de Hammamet a été pris d’assaut, vendredi soir, deux heures avant le concert de Saber Rebai, par les fans de ce chanteur tunisien surnommé le prince du Tarab.

Saber Rebai, qui revient au Festival International de Hammamet après cinq ans d’absence, a exprimé sa “joie de se produire de nouveau devant le public tunisien” en cette 55ème édition du festival. Le théâtre de Hammamet “a un charme particulier qui enivre tout artiste qui monte sur sa scène”, a encore dit l’artiste.

Cet artiste tunisien à dimension arabe était, depuis ses débuts, un label de qualité et de sérieux, qui a su avec sa sensibilité, son labeur et ses choix artistiques rendre le public arabe complètement acquis.

La magie des lieux a vite opéré amenant l’artiste à s’adonner à quelques pas de danses élégantes et à interagir avec les musiciens de son groupe et le public. Saber a gratifié son public par un concert inédit. L’interprétation des chansons telles que “Tamnit”, “Dalloulah”, “Al bint Al Arabaia”, “Ajmal Nisaa El alem” et “Athadda El alem”, a envouté le public par le cheminement sinueux des harmonies, les éclats rythmiques ou les syncopes qui ponctuellement surgissent du luth, du piano ou de la contrebasse.

Il a fait chavirer les mélomanes frappés par la fraîcheur d’un répertoire où tout paraît se dérouler dans une liberté renouvelée. Saber a, en effet, fait dérouler les modes musicaux de la Tunisie sur des harmoniques du Tarab arabe.

Le concert fût une mélancolie méditative composée à partir de lignes ondoyantes, du silence bruissant de volupté et de poésie secrète. Les chansons de Saber, infiniment nuancées, toujours très sages, où la douceur des mélodies, l’empire exercé par les instrumentistes et la sensuelle beauté du timbre jailli du luth, cachent un monde d’emportements, de libertés conquises et d’abandon aux forces de l’instant.

Ses chansons issues de son répertoire s’épousent avec celles de Hédi Jouini et Ali Riahi en des noces où le public convié, s’aventure hors de la tonalité pour plonger dans les espaces ouverts d’une musique qui laboure sa propre histoire avec audace et fidélité, recréant constamment les recommencements jusqu’à en faire des jours neufs. Qu’elles soient lentes et rythmiques, ou au contraire tendues de tempo rapide, le public s’est délecté de ses chansons, dans leur essence la plus intime et leurs ressorts secrets et connivents.

Bien que pour ce concert, l’artiste n’a pas présenté de nouvelles œuvres, le public était aux anges et les chroniqueurs au paradis. Saber a fait preuve d’une prestation à la hauteur des attentes d’un public toujours au rendez-vous.