La Douane tunisienne, longtemps pointée du doigt lorsqu’on parle de corruption, a bien compris que moins de contact humain et moins de paperasse mènent à moins de corruption et génère plus de revenus.

Elle s’est engagée dans un processus de digitalisation qu’elle envisage de finaliser en 2022, avec l’appui de l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC), l’Agence coréenne de coopération internationale (KOICA), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et les départements ministériels concernés.

En effet, grâce au programme “îlot d’intégrité Douane”, le port de La Goulette, qui fait partie de 3 postes frontaliers à promouvoir comme “modèles d’intégrité” et qui assure 60% du trafic des voyageurs par voie maritime en Tunisie, a vu ses recettes s’améliorer de 40%. C’est en tout cas ce qu’ont assuré des responsables de la douane, présents mardi 23 juillet à une rencontre organisée par l’INLUCC pour lancer la troisième campagne de sensibilisation “îlot d’intégrité” destiné aux Tunisiens résidents à l’étranger.

Cette campagne, qui vise à renforcer la transparence et la lutte contre la corruption et cible les Tunisiens résidant à l’étranger, qui sont de retour en Tunisie, pour les vacances d’été, est organisée en collaboration avec la douane sous le signe “Dénoncer la corruption est un devoir citoyen”.

Elle favorise l’émergence d’îlots, modèles d’intégrité au port de La Goulette, au poste frontalier de Ras Jedir et à la Direction des régimes douaniers, moyennant un investissement de 2,9 millions de dollars (soit près de 7 millions de dinars).

Un îlot d’intégrité est une toute petite partie de lutte contre la corruption, mais un grand travail de fond

Selon El Kebir Alaoui, représentant-résident adjoint du PNUD, “l’idée d’îlot d’intégrité pourrait désigner une toute petite partie pour commencer la lutte contre la corruption, mais le plan d’action engagé dans ce cadre montre un travail de fond très satisfaisant”.

Dans le cadre de ce plan de lutte contre la corruption, 75 actions ont été développées par les douaniers eux-mêmes avec l’appui de l’INLUCC et des ministères concernés. “Cela montre l’engagement qui a été pris par la douane et sa prédisposition à changer la donne et à promouvoir la bonne gouvernance et la transparence”, a déclaré le responsable onusien devant une salle archi-comble.

La douane tunisienne nous a donné carte blanche pour travailler contre la corruption. Cette dernière est devenue un modèle à suivre par les autres secteurs, elle est au cœur de l’objectif numéro 16 de développement durable, a-t-il ajouté.

Cet objectif de l’ONU stipule la promotion de l’avènement de sociétés pacifiques et inclusives aux fins du développement durable, la garantie de l’accès de tous à la justice et la mise en place, à tous les niveaux, d’institutions efficaces, responsables et ouvertes à tous.

Youssef Zouaghi, directeur général de la douane, a rappelé que son institution s’est engagée de manière spontanée et volontaire dans les efforts de la Stratégie nationale de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.

Il a réitéré l’engagement ferme de la douane à travailler dans la continuité et à appuyer les efforts déployés dans le cadre du projet, en collaboration avec les partenaires, se félicitant des “résultats atteints”, dont l’installation de postes de liaison avec les caméras de vidéosurveillance, permettant de renforcer le contrôle à posteriori au niveau du poste pilote de La Goulette nord, la sensibilisation de 2 000 personnes parmi les Tunisiens à l’étranger sur les procédures et les nouveaux dispositifs douaniers et la formation de 300 agents douaniers dans le cadre de la lutte contre la corruption.

Pour Chawki Tabib, président de l’INLUCC, “la douane tunisienne comme toutes les administrations tunisiennes, a besoin de développement et d’accompagnement pour l’amélioration de la transparence, la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption”.
“Mais, ce qui a été réalisé par cette institution mérite déjà d’être loué”, a-t-il dit, rappelant la controverse accompagnant l’attribution par l’INLUCC du prix de la meilleure institution tunisienne luttant contre la corruption.
“Il ne faut pas parler que des échecs, il faut aussi, mettre en valeur les success stories”, a lancé Tabib, en réponse à ceux qui ne sont pas encore prêts à changer d’avis, vis-à-vis de cette institution, en dépit de ses efforts pour se défaire de sa réputation de corps corrompu.