Dans un blog qu’elles ont co-signé et publié le 2 courant, Donna Barne et Florina Pirlea, respectivement rédactrice pour des sites institutionnels et statisticienne, expliquent que “les fonds que les travailleurs envoient à leur famille depuis l’étranger sont devenus une pierre angulaire de nombreuses économies dans le monde“.

C’est le cas par exemple des îles Tonga, du Kirghizistan, du Tadjikistan, de Haïti et du Népal, où « ces transferts d’argent représentent voire dépassent actuellement 25% du PIB ».

Pour étayer leurs dires, elles deux auteures se réfèrent aux chiffres des transferts effectués en 2018. Selon ces données, ces transferts « ont atteint le chiffre record de 529 milliards de dollars (ce qui correspond aux montants déclarés uniquement), et devraient encore progresser jusqu’à 550 milliards de dollars en 2019 ».

Barne et Pirlea estiment, dans leurs analyses, que « les flux de ces transferts sont peu ou prou équivalents aux montants de l’investissement direct étranger (IDE) ». De ce fait et «abstraction faite de la Chine, ils constituent la principale source de recettes en devises dans les pays à revenu faible et intermédiaire… », assurent les deux auteures, citant la dernière note d’information sur les migrations et le développement publiée par le Groupe de la Banque mondiale et le KNOMAD.

Cette tendance semble se confirmer si l’on en croit Dilip Ratha, économiste principal au pôle Macroéconomie et gestion des finances publiques de la Banque mondiale, selon lequel « les envois de fonds des migrants sont en passe de devenir incontournables en matière de financement du développement ».

D’après la note de la BM citée plus haut, « ces flux sont aujourd’hui au moins trois fois plus importants que l’aide publique au développement (APD), alors que l’IDE connaît une tendance à la baisse ces dernières années. Et KNOMA prévoit que « dans cinq ans, les transferts d’argent dépasseront les montants réunis de l’ADP et l’IDE. Les facteurs sous-jacents qui stimulent ces envois de fonds continueront de peser toujours plus. Nous pourrions atteindre le millier de milliards de dollars dans un avenir proche ».

«Planche de salut pour les pays à revenu faible et intermédiaire, les transferts d’argent des migrants contribuent efficacement à réduire la pauvreté : parce qu’ils vont directement aux familles, il y a peu de gaspillage », explique Dilip Ratha.

Mais «seule ombre au tableau, le coût généralement élevé des opérations, qui s’élève en moyenne à 7% pour un transfert de 200 dollars. Les circuits bancaires s’avèrent les plus onéreux (10,9%). En Afrique subsaharienne, le tarif moyen est de 9,3%, mais il atteint 18,7% sur les cinq couloirs de transfert les plus coûteux, soit un montant trois fois plus élevé que la moyenne mondiale et six fois plus élevé que la cible des ODD (objectifs du développement durable) ».

Alors, pour maximiser l’impact des envois de fonds, il faudrait encourager les travailleurs migrants à investir dans leur pays d’origine de manière plus formelle, par le biais d’emprunts obligataires dédiés. Pour ce faire, Dilip Rata estime que « les obligations-diaspora sont un instrument qui peut accroître l’efficacité des envois de fonds et une solution idéale pour financer le développement ».

Et ce n’est pas tout, puisque Dilip Rata assure qu’«outre les envois de fonds, le montant cumulé de l’épargne des travailleurs migrants s’élève environ à 500 milliards de dollars par an. Si un dixième de leurs économies pouvait être mobilisé, cela pourrait accroître les financements pour le développement de 50 milliards de dollars supplémentaires ».

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