“Le gouvernement tunisien a lancé, en décembre 2018, la première opération de hedging du pays, en donnant son feu vert à la Banque mondiale pour qu’elle intervienne dans l’exécution de l’opération de couverture. Il s’agit d’une opération de protection du budget contre le risque d’augmentation du prix du pétrole et son impact direct sur le coût de la subvention”. C’est ce qu’a fait savoir, vendredi 14 juin 2019, Taoufik Rajhi, ministre auprès du chef du gouvernement chargé des Grandes réformes.

La stratégie du hedging est une couverture du risque des fluctuations du cours d’un produit donné.

“C’est une opération qui a nécessité du courage politique, car elle n’est pas politiquement facile à faire accepter, mais nous l’avons fait “, a-t-il indiqué lors de son intervention à la 15ème conférence annuelle de l’ASECTU, qui se tient à Hammamet (Nabeul), du 12 au 14 juin 2019.

“L’opération lancée couvre environ le tiers des importations annuelles totales de pétrole de la Tunisie, pendant 12 mois. Le gouvernement a officiellement demandé à la Banque mondiale d’exécuter sa première transaction de couverture, qui a été conclue le 19 décembre 2018. La transaction porte sur 8 millions de barils (environ 30% des importations nettes de pétrole brut de la Tunisie). La prime payée par la Tunisie était de 2,24 dollars/ baril”.

“Pour une première opération, on n’a pas opté pour une protection totale, nous contentant du tiers des importations. Cette opération vise à garantir une assurance contre la hausse des prix pétroliers, sur la durée de l’exercice budgétaire, une stabilisation des subventions pour protéger le budget de l’Etat pendant la période transitionnelle de réforme des subventions, une maîtrise du défit commercial et une minimisation de la dépréciation de la monnaie locale. Elle a aussi un impact positif sur la perception du marché international et aide à la gestion budgétaire”, a t-il expliqué.

“Cette opération intervient dans un contexte de grande volatilité des prix du pétrole qui sont intrinsèquement instables et réagissent à divers événements géopolitiques et économiques majeurs. Cette volatilité entraîne généralement un sentiment accru d’incertitude économique qui fausse les prévisions stratégiques des Etats. Dans cette conjoncture internationale, le gouvernement a aussi dû faire face à des défis internes depuis la révolution, puisque d’un côté, la demande énergétique a augmenté d’un taux de 5% à 11% par an, et de l’autre, la production du pétrole et du gaz naturel a diminué de 15% et 5% en 2017”.

Selon Rajhi, la dépendance énergétique de la Tunisie a atteint 49% de la consommation et le poids de la subvention des produits énergétiques a atteint 2,8% du PIB en 2018, mettant la pression sur le compte courant et le déficit fiscal.

L’augmentation du montant alloué aux subventions a contribué en grande partie, à l’aggravation du déficit budgétaire de l’Etat qui était de 650 millions de dinars en 2010 (1% du PIB), pour passer à 5,2 milliards de dinars en 2018 (10% du PIB), a-t-il souligné.

Rajhi a précisé que les banques tunisiennes ne sont pas autorisées de par la loi, à faire du hedging, soulignant qu’une demande a été adressée à la Banque centrale pour prévoir un changement des règles, afin de permettre à ces banques d’accéder à cette pratique.

Le ministre a enfin, fait savoir qu’une stratégie nationale de hedging, est en cours d’élaboration et sera bientôt soumise au conseil des ministres.