Longtemps envisagée et discutée, la modernisation du transporteur ferroviaire national semble cette fois-ci bien partie pour être lancée.

A la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT), on parlait de modernisation de la société elle-même, de ses moyens et de son organisation depuis plus de quinze ans, mais on ne voyait –presque- rien venir. Au point qu’on était tenté de voir dans ce projet un véritable serpent de mer, dont on parle beaucoup sans jamais le voir. Mais cette fois-ci, le départ semble être le bon.

En effet, le transporteur ferroviaire national a commencé à préparer le lancement du chantier de la modernisation du réseau ferroviaire.

A cet effet, la société a lancé simultanément trois appels d’offres en vue : de sélectionner un cabinet de conseils ou un groupement afin d’élaborer un plan de développement de la société jusqu’en 2025, de définir les priorités de la modernisation et de développement du réseau ferroviaire de la SNCFT jusqu’en 2025, et établir un plan directeur de la stratégie de développement du réseau ferroviaire tunisien aux horizons 2025 et 2040, afin de permettre à la SNCFT de rationaliser ses investissements futurs aussi bien pour les infrastructures que pour le matériel roulant.

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La SNCFT avait obtenu en 2017 un prêt de 160 millions d’euros de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) destiné à financer un programme de modernisation du réseau comprenant le doublement de la section terminale de la ligne de chemin de fer électrifiée de la banlieue du Sahel entre Moknine et Mahdia (Ligne 22), de la signalisation des gares et des lignes entre ces deux villes de Monastir et Mahdia, y compris l’adaptation et la réhabilitation des installations de signalisation existantes, et l’acquisition de six rames automotrices électriques (« EMU »), et celle de la ligne de chemins de fer ouest-sud entre Tunis et Kasserine (Ligne 6), avec aménagement des gares et des voies et, rectification du tracé, et renouvellement de la voie et de la signalisation des gares et des lignes entre Jebel Jeloud et Gaafour.

Si la SNCFT s’est enfin résolue à opérer sa révolution, c’est parce que sa situation ne lui permet plus de continuer à tergiverser. Comme pour la plupart des entreprises publiques, la compagnie ferroviaire a subi de plein fouet les effets dévastateurs du 14 janvier 2011.

En effet, comme le souligne le document de la «demande de proposition» (Request of Proposal, RFP), jusqu’en 2010, «le trafic était raisonnablement stable.

La SNCFT transportait environ 10 millions de tonnes de marchandises par an, notamment 7 millions de tonnes de phosphate, et 40 millions de passagers, dont 6 millions utilisaient les services des grandes lignes. Cependant, en 2011, une grande partie du transport du phosphate a été transféré vers le réseau routier et il y a eu également de fortes baisses des marchandises générales et des passagers non urbains liées au printemps arabe et à la récession économique». Et malgré une légère reprise, le trafic reste plus faible qu’en 2010.

La dégradation consécutive de la situation financière a de son côté engendré un délabrement de l’infrastructure qui, à son tour, a eu un impact négatif sur la qualité des services. Il était donc urgent de réagir. Et pour ce faire, la SNCFT a commencé par lancer un plan de restructuration ayant pour objectif la réduction des coûts, la rationalisation des processus d’exploitation, l’adoption d’une politique de commercialisation plus convaincante, en particulier pour le transport de marchandises, etc.

Espérons que la SNCFT saura faire preuve d’un grand sens de l’engagement pour se donner une chance d’échapper au sort qui la guette désormais : la mort.