Le concept de “santé de soins de base” (SSB) reste mal maîtrisé et parfois étranger à la nomenclature de la plupart des décideurs et des opérateurs sur le terrain, entraînant une perte de précieuses occasions pour atteindre la santé pour tous. C’est ce que regrette Mouna Sakly, chargée de la qualité des soins de santé de base au ministère de la Santé (direction des soins de santé de base DSSB), lors d’une rencontre organisée, samedi 6 avril, à la Cité des sciences à Tunis à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la santé.

Elle a souligné la nécessité d’engager la réforme du système de santé en Tunisie, soulignant que “la réingénierie de ce système est une étape cruciale pour conduire une telle réforme qui exige une volonté, une vision et une capacité de lancer un chantier de changements dans le modèle de gouvernance du système de santé, à savoir une démarche managériale participative”.

Parmi les facteurs de réussite des soins de santé de base figurent notamment le renforcement du financement et des capacités des professionnels, outre l’implication des jeunes à cette réforme à travers les NTIC, a-t-elle estimé.

“Les soins de santé primaire doivent, aussi, être accessibles, équitables, sûrs, de qualité, disponibles et abordables”, a-t-elle dit, faisant savoir que la moitié de la population mondiale n’a pas accès à ces soins malgré que 90% des besoins des services de santé peuvent être dispensés au niveau de la première ligne, entravant la réalisation de l’objectif de la santé pour tous.

Dressant l’état des lieux des soins de santé de base, la responsable a fait savoir que la Tunisie compte 215 circonscriptions sanitaires, couvrant 263 délégations, 2157 centres de santé de base pour chaque 5102 habitants, 1841 médecins de santé publique, 175 pharmaciens, 14.7654 paramédicaux et 6974 ouvriers dans le secteur de la santé.

La DSSB a pour mission d’élaborer les programmes de médecine intégrée avec la collaboration des directions régionales de la santé publique, suivre leur mise en œuvre, coordonner les actions préventives et curatives dans le cadre de la mise en œuvre de la politique sanitaire de médecine intégrée, veiller à la promotion des services de santé de base en vue de rapprocher les soins de médecine préventive et curative des citoyens, d’après Dr. Sakly.

De son côté, Dr. Chiraz Beji, médecin à l’Institut national de nutrition et de technologie alimentaire, a traité, à l’occasion de cette journée, le thème des anémies carentielles et nutritionnelles.

“En Tunisie, la carence en fer est la cause principale de l’anémie nutritionnelle. Elle représente 60% à 78% de la prévalence globale de l’anémie”, a-t-elle fait savoir.

La cause la plus fréquente des anémies nutritionnelles est la carence martiale. D’autres facteurs sont responsables de l’anémie à savoir un déficit prolongé consécutif à un apport alimentaire insuffisant de fer, des besoins accrus pendant la croissance ou la grossesse, outre les causes génétiques et les infections.

Passant en revue les politiques nutritionnelles en faveur de la réduction de la carence en fer élaborées par l’OMS, elle a cité, notamment, le plan d’application exhaustif concernant la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant, élaboré en 2012.
D’autres conférences ont été présentées dans le cadre de cette journée, portant notamment sur les antibiotiques, la télémédecine et la santé sexuelle et reproductive.