“L’Afrique doit tripler son taux de croissance (3,2% en 2018), pour atteindre les Objectifs du développement durable (ODD), ce qui nécessite l’augmentation des investissements de 5 à 10% du PIB”.

C’est en tout ce que pense la secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Vera Songwe, qui s’exprimait, mercredi 20 mars 2019 à Marrakech, lors des travaux de la 38ème réunion du comité d’experts de la 52ème session de la Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique (COM2019) de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) qui se sont ouverts, mercredi à Marrakech.

Pour lui, il est impératif de révolutionner les mécanismes de la mobilisation des ressources nationales alors qu’il ne reste qu’un peu plus d’une décennie pour l’agenda 2030.

Il s’agit, aujourd’hui, de combler le déficit de financement, de promouvoir la stabilité macroéconomique et de limiter les emprunts extérieurs coûteux, a encore ajouté la secrétaire exécutive de la CEA.

Croissance de 40% du e-commerce en Afrique

Elle a mis l’accent sur l’importance du commerce électronique (e-commerce) en Afrique qui croît rapidement à un taux annuel estimé à 40% et devrait constituer une part croissante du commerce, en particulier pour le commerce intra-africain.

Songwe souligne que la valeur de l’économie numérique mondiale est estimée à plus de 11,5 trillions de dollars et devrait atteindre 23 trillions de dollars en 2025, faisant savoir qu’elle représente actuellement 15,5% du PIB mondial et devrait atteindre 25% dans moins de 10 ans.

Tripler la croissance africaine

De son côté, le directeur de la Division de la politique macroéconomique à la CEA, Adam Elhiraika, considère que la croissance africaine doit tripler pour permettre de réaliser les objectifs socio-économiques, ajoutant que les conditions macro-économiques de l’Afrique s’améliorent mais à un rythme lent.

Et de préciser que les pays africains doivent se concentrer sur la transformation structurelle et la mise en place d’un cadre économique commun pour accélérer et soutenir leurs croissances.

Il a noté que le PIB de l’Afrique a augmenté de 3,2% en 2018 et devrait atteindre 3,4% en 2019 et 3,8% en 2020.

Nécessité de mettre en place des politiques efficientes

“Les pays africains peuvent atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) grâce à des politiques efficientes à des taux de croissance plus élevés” a-t-il dit rappelant que la question de la dette reste une vraie menace et constitue un problème structurel dans de nombreux pays africains.

Les cinq facteurs pour assurer la croissance économique

Pour sa part, le secrétaire général du ministère des Finances du Maroc, Zouhair Chorfi, a indiqué que cinq facteurs demeurent essentiels pour assurer la croissance économique d’un pays, à savoir : l’investissement dans l’infrastructure et
la logistique, la mise en place des politiques globales et cohérentes sectorielles, la disponibilité d’un secteur financier solide, la gouvernance publique et la formation des ressources humaines qualifiées.

Et d’ajouter que les décideurs africains sont davantage appelés à disposer de fondamentaux solides, aussi bien en matière d’infrastructures, d’arsenal juridique et réglementaire, de capacités techniques et humaines que de moyens financiers pour réaliser les investissements nécessaires à l’optimisation de l’utilisation des outils numériques afin d’en faire un vrai catalyseur de la transformation du continent africain.

Il a affirmé, à cette occasion, que l’avenir de l’Afrique repose sur la capacité de forger de nouvelles formes de réponses
solidaires, selon un engagement concret de tous les partenaires et des actions novatrices en faveur du continent africain, notamment à travers l’échange des expériences respectives.

“Afin d’aligner les objectifs nationaux des pays africains en matière de développement économique et social sur les nouveaux modèles façonnés par les technologies de l’information et de la communication, l’accès universel à l’internet devient fondamental et les pays se trouvent dans l’obligation de garantir et de faciliter cet accès pour tous à une époque où l’usage de la technologie mobile par la jeunesse connaît un accroissement exponentiel “a-t-il encore expliqué.

L’absence de la Tunisie…

Les experts débattront aussi des apports du numérique, aussi bien au développement des échanges économiques en Afrique que sur le plan du renforcement des politiques budgétaires nationales et de l’amélioration de la collecte des recettes fiscales.

L’ouverture de cet événement a été marquée par une participation importante des délégations des pays africains participants (Libye, Algerie, Senegal, Egypt, Cote d’ivoire, Malawi, Angola…) et une absence remarquable de la délégation tunisienne.

Par ailleurs, les sessions ministérielles de la COM2019, prévues les 25 et 26 mars, permettront aux ministres africains
d’examiner les politiques fiscales nécessaires à la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) dans le cadre du programme de développement durable à l’horizon 2030 et du programme de développement de l’Afrique, l’Agenda 2063, ainsi que le rôle du secteur privé à l’ère de l’économie numérique.

Au programme de cette conférence, figurent aussi des manifestations parallèles (23-24 mars), notamment la présentation du Rapport économique sur l’Afrique, publication phare de la CEA, dont l’édition 2019 traitera des politiques fiscales au service du développement durable en Afrique, et le lancement du Réseau Fintech ou le Forum Nord-Africain sur l’économie bleue.

Créée en 1958, la CEA est l’une des cinq commissions régionales du Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations
unies. Elle a pour mandat d’appuyer le développement économique et social de ses Etats membres, d’encourager l’intégration régionale et de promouvoir la coopération internationale pour le développement de l’Afrique.