A la différence des autres chefs d’entreprise de sa génération, Mohamed Sadok Driss n’est pas un serial créateur d’entreprises. Et il s’agit apparemment d’un choix assumé. La preuve, près de quarante ans après son entrée dans le monde des affaires, et à la différence de la plupart de ceux dont les groupes ont vu le jour en même temps que le sien, le groupe Mohamed Driss ne compte qu’une bonne demi-douzaine d’entreprises actives dans divers secteurs.

Auxquelles Mohamed Driss vient justement d’ajouter une autre. Il s’agit de «Lac Ten», au capital de 4,2 millions de dinars et dont l’objet est la location immobilière de tous biens acquis ou nouvellement construits ou aménagés à usage commercial, professionnel ou administratif.

Avant cet investissement, la dernière création remonte à 2015 –dans la promotion immobilière (Immobilière MSD PRO). Le laps de temps séparant les deux créations n’est pas le plus long dans le parcours du groupe Driss.

Pour un groupe dont la première société –la STECOM- a vu le jour en 1928, on peut estimer que c’est trop peu. Quantitativement, du moins. Toutefois, qualitativement, en termes de puissance financière, le groupe Driss est l’un des plus importants en Tunisie. Même si elle était destinée en premier à rendre hommage à feu Sadok Driss, père du patron du groupe dont elle porte le nom, la construction en 2014 d’une maison de retraite pour plus de huit millions de dinars atteste de cette puissance financière.

Au fil des ans, cet homme d’affaires a en effet développé une autre activité : l’investissement en portefeuille et sous forme de portage. M. Driss détient une participation dans une banque (Banque de l’Habitat), une société de factoring (Union de Factoring, Unifactor) et une société de leasing (Arab Tunisian Lease).

Il a également été l’un des principaux actionnaires de la Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT). Détenteur auparavant de 4,99% du capital, l’homme d’affaires a augmenté sa part à 8,14% avant de céder ce paquet au groupe Mabrouk.

Après sa sortie de la BIAT, le groupe Driss a retrouvé une attitude conquérante. Ainsi, en décembre 2012, il a franchi à la hausse la barre des 5% du capital d’Arab Tunisian Lease.

En 2006, une convention de portage avec le groupe Lotfi Abdennadher par laquelle il a acquis 5,04% du capital de la Société Moderne de Céramique (Somocer) qu’il cédera sept ans plus tard, en mars 2013.

Après son entrée au capital de Somocer, le groupe Driss a tenté de réaliser une opération encore plus importante : la reprise du groupe Affès, alors leader de l’industrie des pâtes mis en vente judiciaire après s’être retrouvé en situation d’incapacité de paiement d’une dette de 180 millions de dinars. Mais c’est le groupe La Rose Blanche de l’homme d’affaires Kamel Belkhiria qui l’avait emporté.

Douze ans plus tard, Mohamed Driss est-il encore à l’affût pour saisir toute opportunité de ce genre qui pourrait se présenter ?