Sur fonds de chasse aux trésors ayant causé la destruction de nombreux monuments historiques dans l’ancienne ville de Kébili, l’Association de sauvegarde de l’ancienne ville de Kébili a appelé à mettre en place une surveillance permanente pour la protection du patrimoine historique de cette zone affectée par ces opérations illégales.

Elle déplore les actions de ces chasseurs de trésors inconscients de la valeur de l’héritage historique qui incarne le mode de vie des habitants et leur cohabitation avec leur milieu naturel, entre oasis et Sahara.

Le président de l’Association de sauvegarde de l’ancienne ville de Kébili, Anouar Saghrouni, a souligné que les fouilles illégales ont été effectuées à l’aide d’un engin de déblaiement pour ouvrir un couloir entre les vestiges de l’ancienne ville. Les malfaiteurs ont creusé un trou de près de 4 mètres dans l’enceinte d’une maison, ce qui a engendré la destruction de certains murs de grande importance archéologique.

Il a indiqué que depuis la suspension, en 2012, de la surveillance relevant de la municipalité, une dizaine d’actes de violation ont été enregistrées portant notamment sur des fouilles de divers sites à la recherche de trésors.

Après la dernière opération illégale de fouille le week-end dernier, la situation a rendu impératif une intervention urgente des autorités sécuritaires et régionales ainsi que les services culturels et de protection du patrimoine dans la région afin de mettre fin à ce phénomène, selon la même source.

Des appels similaires ont été à maintes reprises lancés aux autorités régionales pour la préservation de cette ville témoin de diverses périodes historiques, rappelle le président de l’association.

Il a mis en valeur le cachet architectural toujours visible de cette ville que traversent des ruelles étroites, couvertes de portails qui mènent à la grande place au cœur de la ville, ainsi que de la vieille mosquée, le mausolée de Sidi Abdelkader et d’autres vestiges datant de diverses périodes historiques de l’époque romaine.

Les quelques interventions pour la restauration de ces sites et monuments demeurent insuffisantes, estime le président de l’Association, appelant à un soutien accru afin d’intégrer l’ancienne ville de Kébili dans le circuit touristique et culturel pour en faire une destination touristique par excellence.

Les interventions citées sont l’œuvre du Fonds de protection des zones touristiques ainsi qu’un futur programme de développement intégré dans la délégation de Kébili sud moyennant des financements de l’ordre de 600 mille dinars destinés à la sauvegarde, l’électrification des artères et l’embellissement des entrées de la ville.

Le président de l’Association propose de s’inspirer des résultats d’une étude faite par un Institut de recherche italien sur les moyens de sauvegarde de la ville. Il préconise aussi la création d’une commission au sein de l’Institut National du Patrimoine (INP) pour examiner la possibilité d’inscrire la ville de Kébili sur la liste du patrimoine national.

Dans une autre déclaration au correspondant de l’agence TAP, le délégué régional des Affaires culturelles à Kébili, Hassan Dhiab, a relevé l’importance des sites historiques dans ce gouvernorat du sud-ouest, déplorant qu’ils ne soient pas classés. Pour cela, la délégation est dans “l’incapacité de désigner un gardien sur place dans l’ancienne ville de Kébili ou à Ksar Ghilane”, a-t-il ajouté.

A cet égard, il a souligné aussi “le manque en moyens logistiques et en ressources humaines qui permettraient de veiller au contrôle et à la protection des sites”.

De l’avis de ce responsable régional, “la multiplication de la chasse aux trésors notamment depuis la révolution de 2011 est devenue une menace pour l’héritage historique et culturel de la région et une situation à laquelle il faut remédier”.

Il souhaite voir mettre fin à ces violations par des actions communes en coordination avec l’INP, le ministère de tutelle (Affaires culturelles) ainsi que les autorités régionales et sécuritaires.