Les ambassadeurs du Royaume-Uni de l’ère Ben Ali ne se tournaient peut être pas les pousses, mais leurs collègues qui ont pris le relais après le 14 janvier 2011 sont beaucoup plus occupés –la coopération entre les deux pays ayant pris une autre dimension.  

Webmanagercenter : L’ambassade a récemment célébré la réussite de projets menés en 2018. De quoi s’agit-il ?

Louise de Souza : Il faudrait d’abord rappeler qu’après la révolution, nous avons renforcé notre soutien à la Tunisie. Avant le 14 janvier 2011, c’était presque nul. Depuis, cela s’est beaucoup développé. Nous avons mis l’accent avec nos partenaires tunisiens sur la coopération dans le domaine sécuritaire, et elle continue à être importante. Pas seulement en raison de l’importance de la sécurité, mais aussi parce que celle-ci constitue le fondement du développement économique. Enfin, nous avons étendu notre soutien aux réformes économiques, au développement du secteur privé et à l’éducation.

Qu’avez-vous fait en 2018 ?

En 2018, nous avons lancé de nouvelles initiatives dans ces domaines. Le ministre de l’Education, M. Hatem Ben Salem, a effectué une visite de travail à Londres en octobre 2018 pour prendre connaissance de certains aspects de la réforme de notre système éducatif et avoir des échanges au sujet des innovations que le gouvernement entend introduire en Tunisie.

Nous travaillons sur cette question également avec le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique -qui doit lui aussi effectuer une visite à Londres en janvier 2019- et celui de l’Emploi et de la Formation professionnelle. Un de nos projets implique ce ministère. Nous avons déjà coopéré avec Mme Saida Ounissi lorsqu’elle était secrétaire d’Etat à la Formation professionnelle chargée de l’Initiative privée.

Quelle est votre vision de la coopération ?

Notre ambition est de toujours avoir une contribution stratégique susceptible d’apporter de la valeur ajoutée à la Tunisie et au Royaume-Uni.

Nous avons lancé le projet “éducation de la deuxième chance“ qui consiste en un programme de prévention, car vous n’êtes pas sans savoir que 10.000 jeunes quittent l’école chaque année. Il faut donc un programme de prévention comportant des mesures éducatives mais peut-être aussi sociales et économiques. Parce que l’interruption de la scolarité est probablement due à des problèmes dans la famille, la communauté, etc. Bref, diverses causes auxquelles il faut s’attaquer pour ne pas perdre ce potentiel dont la Tunisie a besoin. Ceci est le premier axe du projet.

Le deuxième axe consiste en l’installation de centres de la deuxième chance où les étudiants qui sont sortis du système peuvent être récupérés, grâce à un soutien éducatif et social adéquat et conforme à leurs besoins.

C’est-à-dire ?

La solution peut consister à changer la direction de l’éducation, qui serait plus orientée vers la formation professionnelle. Ou, s’il s’agit d’une personne n’ayant pas eu de la chance, d’apporter un soutien pouvant l’aider dans la filière académique.

La première école de la deuxième chance devrait voir le jour en 2019. Ce projet est très important pour nous parce qu’il touche les jeunes les plus marginaux. La Tunisie a besoin de tous ses jeunes pour créer de la croissance économique et de la richesse. Pour cela, il faudrait que tous les jeunes aient accès à une formation axée sur l’employabilité.

Le deuxième projet lancé avec le ministère de l’Education concerne la formation des enseignants et des inspecteurs de la langue anglaise, avec le recours à des méthodes renforçant les soft skills des étudiants –domaine dans lequel ces derniers ont un déficit d’après les employeurs.

En juin dernier, à l’occasion de la visite en Tunisie du ministre britannique chargé des Relations avec le Proche-Orient, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, nous avons lancé la commission mixte de l’enseignement supérieur, dont font partie des experts académiques, du secteur privé et des représentants d’étudiants. Cette instance va travailler pendant deux ans à l’élaboration d’un programme d’action pour renforcer les liens dans l’enseignement supérieur.

Nous comptons sur les représentants du secteur privé pour nous challenger en proposant des actions, et un plan d’action à court, moyen et long terme.

Enfin, un des axes de notre réflexion concerne l’augmentation du nombre de bourses accordées à des étudiants tunisiens. Actuellement, nous en accordons sept pour permettre à des jeunes de faire un master.

Propos recueillis par Moncef Mahroug

Deuxième partie à suivre

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