Des barrières à l’accès des personnes à l’Union européenne (UE), aux transferts bancaires et à d’autres services financiers ainsi qu’à la participation aux appels d’offres européens se dressent face à l’investissement des Tunisiens dans les services en Europe dans le cadre du projet d’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre la Tunisie et cet espace soumis à la négociation.

L’investissement dans les services, dont la liberté est supposée être totale en vertu de cet accord, demeure par contre ouvert pour les opérateurs européens en Tunisie, a affirmé mardi, l’expert Mustapha Mezgheni, à l’occasion de la présentation de son étude sur ” l’Aleca dans les services: opportunités et préalables “, lors d’un séminaire tenu à Tunis sur ” la participation du secteur privé au dialogue sur les relations Tunisie-Europe “.

Ainsi, les conditions d’accès des Tunisiens aux pays de l’espace Schengen, se trouvent réduites au minimum, dans ce projet, a-t-il dit, ajoutant que ce marché pose également pour eux, d’autres problèmes avec une forte retenue à la source, la difficulté de disposer d’un compte bancaire et d’opérer des transferts, en raison du classement de la Tunisie sur des listes noires (de paradis fiscaux).

L’expert a noté, également, la difficulté d’accès à certains marchés publics européens, citant l’exemple d’entreprises tunisiennes ayant remporté un marché d’équipement avec l’EDF, (Electricité de France), fournisseur d’électricité en France et en Europe, mais lesquelles ont été écartées de ce marché, en raison d’une directive interdisant l’accès des étrangers à des domaines ” stratégiques “.

Ces difficultés s’ajoutent aux problèmes inhérents à la Tunisie, tel que celui relatif à la condition de détention d’une autorisation pour sortir des devises du pays, l’absence de signes sur la mise en œuvre de certaines stratégies sectorielles, telle que la stratégie digitale 2016/2020, alors que les secteurs des nouvelles technologies de la communication et de l’informatique sont concernés de prés par l’Aleca.

Le président de la Fédération des services relevant de l’UTICA, Mohsen Trabelsi s’est interrogé sur la possibilité de parler de libre investissement dans les services, en raison des difficultés de déplacement des Tunisiens en Europe, disant que dans ce cas précis, il ne s’agit pas de conteneurs à charger et envoyer aux partenaires, sachant que les prestations de services nécessite la présence des personnes physiques sur place, selon ses propos.

Il a en outre, indiqué que selon le remaniement ministèriel opéré lundi, Hichem Ben Ahmed, nommé ministre du transport, ne sera plus le négociateur en chef pour l’Aleca, alors qu’il a déjà mis une année pour maîtriser ce dossier. D’autres changements sont attendus à ce niveau, compte tenu de la tenue en 2019, de nouvelles élections. Trabelsi a recommandé de former une commission mixte, comprenant des représentants de l’administration tunisienne et du secteur privé pour chapeauter ce dossier.

Slim Ammar, opérateur dans les services et équipements médicaux a critiqué la position de certains experts qui affirment l’absence d’autres alternatives à l’Aleca, pour la Tunisie.

Idem pour Youssef Bayahi, conseiller en développement, qui note que des représentants de pays asiatiques proposent à la Tunisie des aides financières techniques et logistiques illimitées et un accès à un marché de plus de 1 milliard de consommateurs dans le cadre de la route de la soie.

Il a, par contre, loué l’apport de l’aide allemande mise à la disposition du pays, précisant que, malgré la crise, les investisseurs allemands continuent à investir en Tunisie.