L’économiste Moez Joudi estime nécessaire, pour la Tunisie, de créer une agence nationale de gestion de l’endettement public ayant pour mission d’optimiser justement la gestion de la dette de l’Etat.

Lors d’une conférence sur “l’endettement public tunisien” organisée mardi 30 octobre, à l’initiative de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), Joudi a souligné la nécessité de garantir l’indépendance de cette instance, tout en assurant les mécanismes et les moyens d’optimiser la gestion de l’endettement.

Il explique la création d’une telle structure par les conflits d’intérêts entre le gouvernement, la Banque centrale de Tunisie (BCT) et les banques privées, compte tenu du rythme croissant de l’endettement public surtout que les crédits ne sont pas utilisés pour la réalisation des objectifs escomptés à l’instar de la création des projets et l’investissement, estime-t-il.

Il ajouté que les dettes de la Tunisie sont exploitées dans le remboursement des anciennes dettes, les dépenses publiques et la masse salariale. Pour cela, a-t-il insisté, il faudrait arrêter l’hémorragie et sortir du cercle vicieux de l’endettement.

Joudi propose de réduire les dépenses publiques et de renforcer le partenariat public-privé (PPP) dans la création de projets grandioses.

Les chiffres présentés au cours de cette rencontre montrent que le volume de l’endettement public en Tunisie a évolué à un rythme accéléré depuis 2011 et que les dépenses consacrées au service de la dette entre 2008 et 2018 représente 19% du budget de l’Etat.

Il en ressort, également, que le volume de crédits prévu au cours de l’année courante est estimé à 9,536 milliards de dinars dont 7,336 milliards de dinars sont des crédits extérieurs.

La valeur du service de la dette dans le budget de l’année 2019 s’élève à 7,972 milliards de dinars dont 5,185 milliards de dinars consacrés au remboursement du principal de la dette et 2,787 milliards de dinars pour le remboursement des intérêts.

Il est attendu de voir la valeur globale des dettes de la Tunisie atteindre 76,165 milliards de dinars à la fin de l’année 2018, soit 71,45% du PIB, dont 22,523 milliards de dinars de dettes intérieures et 53,840 milliards de dinars de dettes extérieures, soit 70,7% de l’ensemble des dettes.

D’après les experts, la Tunisie doit payer près de 9 milliards de dinars (3,6 milliards de dollars), lequel montant devait être remboursé à partir de cette année. Mais dans le cas où la Tunisie ne peut tenir ses engagements, elle sera obligée de pomper dans le budget de développement, ce qui représente des risques d’ordre social, ou mènerait le pays au rééchelonnement des dettes.