Depuis des années qu’on s’évertue, sans succès, à expliquer que :

1- Le déficit budgétaire persistant ne peut conduire inévitablement qu’à un niveau d’endettement croissant et de moins en moins soutenable.

2- La réduction de ce déficit constitue un enjeu majeur et un impératif de salut national, et ne peut se faire qu’à travers la compression des dépenses, la diversification des ressources et la relance économique.

3- Le passage d’une logique d’adaptation des ressources aux emplois à une logique d’adaptation des emplois aux ressources disponibles s’impose. Avant qu’on ne soit contraints à l’austérité!

4-Une analyse rigoureuse et objective des budgets des années antérieures nous renseignerait clairement sur les erreurs à ne pas réitérer et sur les actions urgentes à engager (quelles que soient les résistances).

5- Raisonner à chaque fois sur une seule année ne nous permet pas de voir «où on va?». Et il devient donc indispensable de travailler sur une période de 3 à 5 ans en fixant des objectifs chiffrés traduisant une VRAIE VOLONTÉ d’assainissement.

Nous pourrons alors parfaitement visualiser les trajectoires que vont suivre le déficit et l’endettement !

Dans les faits, il n’y a aucune volonté d’affronter les chiffres, de regarder la réalité en face et de s’attaquer avec clairvoyance et courage aux vraies causes de nos problèmes.

Rien que sur les 5 dernières années (2015 à 2019) :

  • le budget a augmenté de 51% (passant de 26,9 milliards de DT en 2015 à 40,7 milliards en 2019), et ceci est principalement dû au dérapage des dépenses de fonctionnement (dont les salaires);
  • la masse salariale a augmenté de 42%, passant de 11,6 milliards DT en 2015 à 16,5 milliards en 2019 (sans hausses de salaires en 2019).
  • le budget alloué à l’investissement n’a pas évolué et reste à un niveau plus que modeste (environ 5,5 milliards DT / an en moyenne).
  • le service de la dette a doublé, passant de 4,6 milliards DT en 2015 (17% du budget) à 9,3 milliards DT en 2019 (23% du budget).
  • chaque année, notre endettement augmente de 4,5 milliards DT en moyenne (différence : total des nouveaux crédits contractés dans l’année – total des remboursements en principal).

Ceci outre l’effet de la dépréciation du dinar, qui contribue par ailleurs à gonfler l’encours de nos crédits en devises.

Ainsi, l’endettement total (hors dettes des EP) a augmenté de 77% en 5 ans, passant de 46,9 milliards DT en 2015 (55% du PIB) à 82,9 milliards DT en 2019 (71% du PIB) !

Un endettement qui n’aurait servi ni à améliorer notre infrastructure et nos services de base, ni à rendre plus attractives nos régions, ni à redonner de l’espoir aux chômeurs.

Si nous n’arrêtons pas immédiatement cette fuite en avant, nous léguerons à nos enfants un pays délabré et un tas de dettes à payer !

Nos dirigeants, nos politiques, nos syndicats et… nos concitoyens doivent en prendre conscience. Et vite.