L’Association des architectes de Djerba (AAJ) et 6 autres associations de la société civile de l’île, sont parvenues à s’imposer en tant que partie prenante dans l’élaboration de la nouvelle étude du Schéma directeur d’aménagement de la zone sensible de Djerba, un projet soutenu par l’Organisation des Nations Unies (ONU-PNUD).

Les 7 associations accompagneront, désormais, dès les premières étapes (réflexion, études), tous les projets d’aménagement et d’investissement à Djerba, donneront leur avis et “n’autoriseront plus des projets non conformes aux concepts du développement durable”, affirme à TAP, le fondateur et membre de l’AAJ et également président du Forum de développement de Djerba, Faouzi Bousouffara.

“Nous allons nous assurer que chaque projet de développement tienne compte de la vulnérabilité naturelle et des spécificités de l’île. Nous n’accepterons plus des projets imposés qui favorisent l’occupation humaine aux dépends de l’environnement et de la nature”, a-t-il prévenu.

Il dénonce, par ailleurs, “des orientations inadaptées” et de “faux choix d’aménagement” de l’Etat dans l’île, à vocation purement touristique.

“L’Etat pense à la productivité et à l’employabilité sans tenir compte de la nature, alors que nous pouvons réaliser les mêmes objectifs dans ces domaines en adoptant d’autres démarches plus écologiques”, estime le responsable.

Un Agenda 21 local à Djerba a démarré en 1998. Il prévoit l’application des concepts de développement durable et la pérennisation de l’action participative en matière de planification urbaine. Il s’agit d’un cadre de travail offert aux collectivités locales et à leurs habitants pour mettre en œuvre les concepts de développement durable, en traitant les aspects économiques, sociaux-culturels et environnementaux, d’une façon cohérente et selon une démarche participative.

Toutefois, “la réalité à Djerba est toute autre”, déclare Bousouffara, qui affirme que “l’activité touristique est d’une telle concentration sur la bande côtière qu’il n’y a plus d’accès à la mer (16 kilomètres sans accès à la mer), l’agriculture a disparu et l’artisanat est menacé”.

Le responsable, qui intervenait sur le thème “le rôle de la société civile dans la planification pour la résilience côtière : cas de l’île de Djerba”, en marge de la Plateforme Afrique-Arabe sur la réduction des risques de catastrophe, tenue récemment, à Tunis, estime que “le moment est venu de vulgariser les notions de risques des catastrophes naturelles et de les rapprocher aussi bien des acteurs et décideurs centraux et locaux que des utilisateurs de l’espace côtier avec l’appui et l’implication de la société civile”.

Il plaide, par ailleurs, en faveur d’une “discipline scientifique de la société civile tunisienne et non des réactions sentimentales aux problèmes de la société”.

L’île de Djerba, rappelle-t-on, est exposée, essentiellement, au risque de l’érosion, surtout dans les rivages sableux. Ces rivages sont en effet bordés par une lourde infrastructure hôtelière. L’île compte plus de 300 hôtels, dont des hôtels urbains.