Je ne ferai ici que relater des faits. Ce que je vais décrire, les myopes le verraient ; ce que je vais vous dire, les sourds l’entendraient. Il n’y a que les ‘entendants’ qui condamneront ce témoignage.

Quand une révolution a lieu, il faut travailler dur pour en faire un processus croissant jusqu’à aboutissement de l’idéal désiré. Si elle dévie de ses objectifs, ou si on tente de la trahir, ses gardiens, qui sont supposés être intègres et vigilants, la défendent becs-et-dents et la maintiennent contre les dérives.

En Tunisie, elle fut simple à réaliser. Le peuple n’a pas revendiqué un changement de système. Il avait demandé sa libération des jougs de la dictature et de la corruption de la famille Trabelsi. Il avait revendiqué dignité et justice. D’aucun n’a revendiqué une seconde République ou une nouvelle Constitution. Des intrus assaillants de nulle part ont infiltré le rêve, l’ont confisqué et défiguré son paysage. On les a laissé faire.

Gauchistes, éternels mécontents, et obscurantistes moyenâgeux revanchards ont pris d’assaut La Kasbah. Le 1er Parlement constitutionnel fut une catastrophe. L’inculture représentative des députés était une sonnette d’alarme.

La médiocrité, dit-on, finira tôt ou tard par vous attraper si vous ne vous protégez pas à temps contre ses marques. Les islamistes étaient maîtres à bord. Au fil des jours, on voyait déferler la laideur de leurs desseins et subissait la terreur de leurs actes. Nous n’avons rien fait pour l’éviter. Tout un système s’effondrait. Il n’en reste que les cendres de la ruine.

Les optimistes m’inquiétaient. Aujourd’hui, ils me font peur. L’optimiste est un rossignol. Il/elle chante le printemps en hiver et danse sur les chimères de l’espoir, en acclamant des gloires et des illusions

Les optimistes m’inquiétaient. Aujourd’hui, ils me font peur. L’optimiste est un rossignol. Il/elle chante le printemps en hiver et danse sur les chimères de l’espoir, en acclamant des gloires et des illusions. L’optimiste voit d’un seul œil la vie en rose. L’optimiste, que je côtoie, ne bouge pas. On bouge pour lui/pour elle. L’optimisme rime avec immobilisme. Les optimistes, comme les pessimistes d’ailleurs, sont soit croyants, soit attentistes. Dans les deux cas, ils voisinent les troupeaux islamistes. L’optimisme se nourrit d’action et de détermination. Rien ne se fait les bras croisés.

Aux dernières nouvelles, Ghannouchi refuse de rencontrer Bochra Bel Haj Hmida, présidente de l’équipe du rapport de la Commission des libertés individuelles.

Aux dernières nouvelles, il présenta au président de la République une lettre qui, semble-t-il, contient la rage et le mécontentement des défenseurs de leur Dieu. Le nôtre est innocent.

Aux dernières nouvelles, il présenta au président de la République une lettre qui, semble-t-il, contient la rage et le mécontentement des défenseurs de leur Dieu. Le nôtre est innocent.

Aux dernières nouvelles, ils organisent une manifestation pour demain, samedi 11 août, de Bab-Saâdoun jusqu’au Parlement. Le Bardo de Juillet-Août 2013 est confisqué.

L’ennemi n’est pas fort parce qu’il est puissant, il est fort parce qu’on lui a donné les armes que nous possédons pour le combattre.

Un peuple aux abois ne peut que subir les conséquences de son aveuglement. L’ennemi n’est pas fort parce qu’il est puissant, il est fort parce qu’on lui a donné les armes que nous possédons pour le combattre.

Des députés ‘invendus’, on ne voit que quelques ombres. Tous les autres rivalisent à avoir la bénédiction du gourou.

Reste l’instinct de survie abominable. Nous l’observons au clair hideux des pratiques. Les premiers signes sont à détecter sous la coupole de l’actuel Parlement. Des députés ‘invendus’, on ne voit que quelques ombres. Tous les autres rivalisent à avoir la bénédiction du gourou.

Le président, quant à lui, est entouré de rats affamés. Je le sens seul, trop seul, le pauvre, seul et honni, sénile. Il avait joué la carte du sauveur, s’est allié avec les obscurantistes, a lâché peuple et nation. En est-il conscient ? Les avis diffèrent. (NOTE: de grâce, lâchez-le dans vos commentaires !).

Un jour, un ami virtuel, Daniel Fitoussi, parlait de fascistes. Je lui ai répondu ceci : «Si nous nous mettions à les compter, on devrait commencer par détecter ceux qui sont sous nos toits. Les fascistes sont si nombreux que je devrais couper quelques doigts et orteils de mon corps pour donner le chiffre exact de ceux qui ne le sont pas».

Je ne quitterai pas Facebook. Ce serait idiot de le faire. La Toile est une mine d’informations sur ce qui se passe. Les amis virtuels que j’ai connus ont été sélectionnés minutieusement.

En vivant les scandales, en témoignant des aberrations abusives avec ma chair, j’ai, comme tant d’autres, énormément souffert. J’ai été tenté de mutiler mes interventions. Quelque chose me retient. Je ne quitterai pas Facebook. Ce serait idiot de le faire. La Toile est une mine d’informations sur ce qui se passe. Les amis virtuels que j’ai connus ont été sélectionnés minutieusement. Aucun regret de les avoir. Je les garde avec fierté. J’attends le 13 Août, ne fût-ce que pour respirer l’oxygène des rencontres, de la survivance de la lutte et la détermination.

Sachant que, pour couper court à une accoutumance serait rude et perturbant, mon éclipse tarde à s’annoncer. Drôle de paradoxe abrutissant! ‘Bouge !’, me criai-je. Je ne bouge pas. Les cris de la rue me manquent. Je m’attache à la brillance de l’acte. Ah, ce virus de ‘la chose politique’ ! Le lundi, 13 Août, j’ose espérer, contient son propre contrepoison.

Abdennebi Ben Beya

 

*** voir photo-souvenir dans le 1er commentaire sous mon nom