Pour la 1ère fois, depuis son lancement en 2009, 23 équipes ont participé à la compétition de l’entrepreneuriat social et solidaire Enactus. Elles viennent du Grand Tunis, de Bizerte, de Béja, de Sousse, de Monastir, de Sfax et de Gafsa. Plus de 600 étudiantes et étudiants ont été mobilisés pour défendre les 33 projets en compétition. 130 juges, entre dirigeants, chefs d’entreprise et hauts cadres dirigeants ont examiné pendant deux jours les projets, les ont évalués et ont élu les vainqueurs de la 9ème édition de la compétition nationale Tunisie dont le thème était cette année : «L’entrepreneuriat, vecteur de développement».

La cérémonie de clôture de cet entrepreneuriat annuel universitaire a été rehaussée par la présence de Youssef Chahed, le chef du gouvernement. 

Un Youssef Chahed qui a insisté sur l’importance de la dimension sécuritaire dans notre pays et en prime celle économique.

Il a appelé les jeunes à être plus présents dans la sphère publique et participer plus activement à la dynamique économique. «Nous sommes heureux de nous retrouver avec cette élite universitaire, un heureux présage pour notre pays et les générations futures. Vous, étudiants aujourd’hui, leaders de demain, êtes la véritable richesse de la Tunisie. Enactus ne nous offre pas uniquement, à nous tous autant que nous sommes, l’occasion de récompenser le travail accompli dans l’entrepreneuriat social et solidaire tout au long d’une année par des trophées, mais il nous offre l’image d’une Tunisie avant-gardiste grâce à la place qu’elle accorde au savoir et à la connaissance ainsi que le riche potentiel d’une jeunesse créative, créatrice et capable de grandes réalisations. Les exemples des Tunisiens qui brillent dans les pays les plus développés sont légion. Vous êtes la relève et portez l’espoir et les ambitions d’une nouvelle Tunisie».

Youssef Chahed assure que, comme une majorité de Tunisiens, il croit en des initiatives et des programmes tels qu’Enactus qui offrent aux jeunes l’occasion de faire preuve de leurs talents et de se distinguer. Des jeunes qui ont foi dans leurs capacités de métamorphoser leur environnement par leurs projets.

Le chef du gouvernement insiste sur l’importance de la valeur travail et la création de richesses et d’emplois pour le développement du pays, du nord au sud, l’amélioration de la qualité de vie. Il a parlé des opportunités existantes pour dynamiser la vie économique partout sur le territoire national.

Il a également rappelé à ce propos les programmes gouvernementaux incitatifs pour que les jeunes lancent leurs propres projets dont les lignes de financement avantageuses pour les jeunes porteurs de projets, les auto-entrepreneurs, et la loi sur les start up.

La présence de Youssef Chahed dans cette manifestation d’Enactus est significative à plus d’un titre : elle prouve l’importance accordée par le chef du gouvernement à une jeunesse en mal de leadership et sa volonté de lui exprimer son soutien et sa confiance en sa capacité à changer les donnes dans notre pays.

Pour les participants, elle a représenté la consécration d’efforts ininterrompus pour réussir des projets utiles pour eux, la relève qui doit assurer le développement économique du pays et la reconnaissance par l’Etat de leur rôle en tant que jeunes.

Quant à Hichem Ben Ahmed, secrétaire d’Etat au Commerce et ancien membre du Centre des jeunes dirigeants, il avoue avoir trouvé sa vocation : «Mon parcours politique et mon expérience associative partagés avec les étudiantes et les étudiants des 23 universités tunisiennes participants au concours Enactus ont été pour moi telle la fontaine de jouvence. Enactus participe à la formation de cette nouvelle génération de jeunes leaders qui deviendront les vrais acteurs économiques et politiques de demain : j’ai trouvé ma nouvelle vocation».

ESPRIT ICT représentera la Tunisie en Californie

Pour cette session et pour la première fois en 3 ans, ce n’est pas l’IHEC qui remporte la compétition mais plutôt ESPRIT ICT, preuve que l’enseignement supérieur privé est de plus en plus performant dans notre pays.

Trois équipes ont atteint la finale : Enactus Enetcom, Enactus ESPRIT ICT et Enactus ISI.

Ainsi, ESPRIT ICT a remporté la finale grâce à 2 projets : E-scope et Jardrops. Elle représentera donc la Tunisie à l’Enactus World Cup qui se déroulera les 9, 10 et 11 octobre 2018 à San José, en Californie.

Le premier projet est une application mobile permettant de faire un diagnostic précoce des maladies hématologiques, alors que le second consiste en un système d’irrigation des plantations permettant d’économiser l’eau.

Quant à l’équipe de l’ISI, elle a été classée vice-championne de Tunisie.

«Combattre l’ignorance, l’obscurantisme et les esprits corrompus, car il ne faut pas oublier, il ne faut jamais oublier, qu’il y aura toujours parmi nous ceux qui projettent de nous faire revenir des siècles en arrière et effacer de notre riche histoire et grande civilisation ce que nos grands-parents et nos parents ont construit pendant de longues années, ceux qui veulent nous tirer vers le bas, ceux qui s’obstinent à détruire notre économie, notre administration, intimider nos femmes et nos hommes. Il y aura toujours ceux qui tenteront de tuer l’espoir, la passion et la fougue de notre jeunesse, d’anéantir notre joie de vivre, notre fierté d’être simplement Tunisien», a déclaré Khaoula Khedimy Boussemma, CEO et directrice exécutive d’Enactus Tunisie.

Et Dargouth de rappeler qu’à chaque heure et à chaque minute, les acteurs socioéconomiques se trouvent face à des challenges colossaux… «Nous devons réapprendre à rêver pour construire un futur meilleur, créer davantage d’entreprises, d’emplois, de richesses. Nous nous devons de contribuer à sauver nos entreprises, nos business et sauvegarder nos postes d’emplois. Nous nous devons de venir en aide à ceux pour qui la vie n’est pas toujours facile, de prêter mains fortes à notre communauté afin de lui permettre d’accéder à un minimum de bien-être, renforcer les capacités de nos femmes et de nos jeunes, notamment dans les régions défavorisées».

C’est d’ailleurs la philosophie du programme Enactus, comme l’explique avec brio Abdelaziz Dargouth, président d’Enactus Tunisie : «Servir l’autre, servir les plus démunis, n’est pas une fin en soi. D’ailleurs le mot “servir“ n’est pas le plus indiqué. Les jeunes d’Enactus offrent plutôt un nouvel espoir et donnent une nouvelle chance à des personnes lésées par la dureté de la vie, de leur environnement et de l’oubli des autres. Nos entrepreneurs sont porteurs de valeurs de solidarité, de dignité mais aussi de labeurs et de persévérance. Les jeunes d’Enactus connaissent très bien le dicton qui dit “Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pécher que de lui offrir un poisson“».

Le 3 juillet 2018 a été, pour les étudiants entrepreneurs, un jour très particulier, il a été la consécration d’une année de labeur et de travail acharnés. Beaucoup d’efforts pour servir sa communauté, ses concitoyens, son pays, a-t-elle tenu à rappeler.

Khaoula Boussemma, la dynamo du programme depuis sa création et la militante qui l’a mise sur orbite en Tunisie alors que beaucoup n’y croyaient pas. Monia Jeguirim Saidi, qui avait été la première à négocier le lancement de ce programme entrepreneurial, n’a pas regretté d’avoir mis toute sa confiance en celle qui est devenue le cœur battant d’Enactus.

Un témoignage émouvant à ce propos de la part de Hamza Bettaieb, un adhérant Enactus : «El Mareja remercie du fond du cœur Enactus Tunisie, particulièrement Madame Khaoula Khedimy Boussemma pour tout ce qu’elle a fait pour moi, pour la personne que je suis devenue maintenant et les valeurs qu’elle m’a inculquées. En 2013 j’étais membre dans une équipe Enactus et maintenant je suis ambassadeur à Enactus Tunisie. Je ne la considère pas comme notre CEO mais comme une mère (Tkolélna dima wlédi winhom, y a wlédi ijéw…)… Et bien sûr, elle est plus qu’une amie, mais une sœur à mes yeux. Yasmine Laribi, je ne te remercierais pas assez pour tous les moments qu’on a passés ensemble cette année, tu m’as appris que “Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite”. Grâce à toi, j’ai appris que dans la vie il ne faut jamais abandonner, si on tombe il faut toujours se relever et rebondir encore plus fort, plus robuste qu’avant».

Cela rejoint cette belle citation d’Henri-Frédéric Amiel : «Que la ligne droite soit ma devise. Aller droit, sans honte, sans jalousie, sans mystère. Aller droit avec persévérance, sans se lasser, sans craindre de servir les autres, ni d’en être deviné, envié ou raillé ; aller son chemin avec fermeté, mais douceur».

Amel Belhadj Ali