Environ 600 mouvements sociaux supplémentaires ont été enregistrés au mois d’avril 2018 par rapport au mois de mars dernier, regrette Messaoud Romdhani, président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).

Lors d’une conférence de presse tenue au siège du FTDES à Tunis pour présenter les rapports des mois d’avril et de mars 2018 sur les mouvements sociaux de l’Observatoire social tunisien (OST) relevant du FTDES, Romdhani a indiqué qu’au mois d’avril les mouvements sociaux ont enregistré une hausse avec un total de 1.439 mouvements contre 850 mouvements au mois de mars 2018.

“Les protestations collectives et individuelles contre la marginalisation des régions défavorisées, l’absence de développement, le chômage, la hausse des prix, le manque d’eau et les inégalités sociales se poursuivent et s’accentuent vu l’absence de solutions radicales à ces problèmes”, a-t-il expliqué.

Le président du FTDES estime que les protestations pourraient augmenter vu la hausse continue du taux d’inflation, la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs et l’absence d’horizons et de perspectives prometteuses pour les jeunes qui ont de plus en plus recours à la migration. Selon lui, pas moins de 94.000 compétences tunisiennes ont préféré quitter le pays au cours des six dernières années.

Présentant les rapports, Abdessatar Sahbani, responsable de l’Observatoire social tunisien, a fait remarquer que pendant ces dernières années, les manifestations sociales collectives augmentent surtout en octobre et se réduisent en janvier, en février et mars pour s’amplifier à nouveau en avril.

Ainsi, au mois d’avril 2018, 1.439 mouvements sociaux ont été observés dont 1.354 protestations collectives et 85 protestations individuelles.

“Au cours de ce mois, des manifestations liées à la pénurie en eau potable ont été enregistrées. Comme à la même période des années précédentes, ces protestations prennent forme vers le début de l’été et peuvent prendre des dimensions importantes avec le mois du Ramadhan”, a-t-il dit.

L’Observatoire social tunisien a relevé le retour des manifestations dans le secteur de la santé dans de nombreuses régions et encore une fois les problèmes des services de santé constituent notamment le moteur essentiel de ces mouvements “.

Selon la même source, la violence sportive a émergé durant le mois d’Avril dans de nombreux espaces sportifs et les manifestations liées à l’environnement ont aussi connu une augmentation au cours de cette période.

Géographiquement, les protestations collectives, qui représentent 94% du total des mouvements, se répartissent sur trois groupes de régions.

Le premier groupe comprend le gouvernorat de Kairouan (qui a enregistré à lui seul près de 20% des mouvements); le deuxième groupe réunit les gouvernorats de Tunis, Kasserine et Sidi Bouzid (avec moins du tiers des mouvements) alors que le troisième groupe comprend les gouvernorats de Sousse, Sfax, Gafsa et Médenine.

Le quatrième groupe est composé des gouvernorats de Siliana et de Gabès; le cinquième groupe comporte les gouvernorats de Bizerte, Ben Arous, Jendouba, Tataouine, Kébili, Manouba, Nabeul et Le Kef.

En sixième position se trouvent les gouvernorats de l’Ariana, Zaghouan, Béja, Monastir, Mahdia et Tozeur avec des mouvements aux alentours de 5% des protestations.

Pour ce qui est des mouvements de protestation individuels ou les suicides et tentatives de suicide, Abdessatar Sahbani a indiqué que le mois d’avril a enregistré un total de 85 mouvements dont 54 suicides et tentatives de suicide et 31 autres mouvements de protestations contre un total de 69 mouvements de protestation individuels dont 41 suicides et tentatives de suicide en mars 2018.

Il a souligné que quatre cas de suicide d’enfants (moins de 15 ans) ont été enregistrés au mois d’avril pour diverses raisons, dont certaines sont attribuées au jeu de la “Baleine Bleue”.

Aucun suicide ou tentatives de suicide ou menaces de suicide chez les 36-45 ans et les plus de 60 ans n’a été enregistré, selon le rapport du mois d’avril.

En revanche, la tranche d’âge entre 26-35 ans a été la plus touchée par les suicides, les tentatives de suicide et les menaces de suicide (41 cas).

“Les suicides, les menaces de suicide et les tentatives de suicide se faisaient principalement par immolation ou pendaison”, a signalé Abdessatar Sahbani faisant remarquer qu’un total de 10 cas de suicides a été détecté par pendaison, dont trois cas impliquant des femmes.

23 cas de suicide et de tentatives de suicide enregistrés durant le mois d’avril ont eu lieu dans la région de Kairouan, note le rapport.