«Ma vision sur le travail, l’entreprenariat, les rapports humains et sur moi-même ont changé suite à ce coaching en “soft skills“. Je ne suis plus demandeur d’emploi passif. Je n’attends plus… Ce coaching m’a donné confiance en moi…», déclare Ali, suite à la formation délivrée dans le cadre du programme JEMP.

En fait, avec un coaching en “soft skills“, dispensé dans quatre gouvernorats de Tunisie (Béja, Jendouba, Siliana et Le Kef), avec le soutien financier du Royaume des Pays-Bas, auprès de jeunes au chômage, ce ne sont plus seulement les propos qui changent, ce sont les attitudes, le regard sur les autres, sur son environnement et sur soi-même.

Amorcer un changement, provoquer un déclic, inculquer une nouvelle posture, c’est tout l’enjeu de JEMP –pour Jeunes et Employabilité-, programme initié et financé à hauteur de plus de 2 millions de dollars par le Royaume des Pays-Bas et mis en œuvre par l’OIT, portant sur l’employabilité des jeunes chercheurs d’emploi tunisiens.

Mohamed Ali, diplômé et en recherche d’emploi, inscrit au bureau d’emploi de Makthar (gouvernorat de Siliana), travaille épisodiquement comme ouvrier pour assurer le quotidien. Malgré ces difficultés, il s’est accordé du temps pour suivre le programme de coaching en soft skills.

Trois (3) ateliers, trois (3) mois de formation et de coaching plus tard, il ne regrette rien. Il s’est donné la chance d’avancer et aujourd’hui il affirme: «Vous pensez vraiment que j’ai du temps à perdre dans des formations ou des accompagnements inutiles? Une journée sans travail pèse sur moi et ma famille. Je vous assure que je me suis accroché à ce coaching en soft skills de suite. Cela m’a appris à regarder autour de moi, à me projeter, à me rendre proactif et plus conquérant».

Un autre participant à ces formations avoue même, à voix basse et non sans émotions : «Mon regard a changé non seulement sur moi mais même sur l’ensemble du nord-ouest que je méprisais…». L’aveu est douloureux mais libérateur du fardeau du chômage et de la manière avec lequel on le vit.

La lente croissance économique du pays impacte fortement le marché de l’emploi et accentue la difficulté à répondre aux besoins des jeunes et des entreprises. Et c’est précisément sur ce point que l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant (ANETI) a choisi d’intervenir, en se structurant autour des valeurs du service de l’intérêt général et de la cohésion du pays. Son action a pour objectif de sécuriser les parcours professionnels des chercheurs d’emploi en corrélation avec le marché du travail.

Avec l’appui du ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi et l’investissement du Royaume des Pays-Bas et de l’expertise de l’Organisation internationale du travail (OIT), elle décide de se mobiliser et tente de moderniser son organisation interne et son offre de services pour non seulement orienter et accompagner mais surtout changer le rapport au travail et à la recherche d’emploi d’une frange sociale désœuvrée.

L’ANETI est le seul organisme habilité à être l’intermédiaire entre les demandeurs d’emploi et les entreprises en Tunisie. Forte de 900 conseillers dans 112 bureaux à travers le pays, elle s’efforce de répondre aux 200.000 inscrits en recherche active.

Encadrée et soutenue par l’Organisation internationale du travail, elle met en œuvre un large programme de modernisation de structures et des approches entre 2018 et 2020. Mais comment se concrétise cette modernisation?

La réponse est immédiate et claire. Elle se joue directement sur le terrain.

Le nord-ouest a été choisi comme région pilote pour entrer dans l’action. L’action commence par le coaching des jeunes chercheurs d’emploi, préambule à toute démarche.

Pour mener à bien cette opération, trente coachs ont intégré l’ANETI, après une formation dispensée avec le soutien du Centre international de formation de l’OIT de Turin en Italie et de Pôle emploi en France.

Formés sur les thèmes du développement personnel et des soft skills, ils accompagnent, à leur tour, quelque 6.000 chercheurs d’emploi sur les thématiques du travail en équipe, de la confiance en soi, de la gestion du stress ou du leadership.

Débuté en octobre 2017, ce programme a permis aujourd’hui à plus 1.450 jeunes de bénéficier de ces accompagnements. Le «coaching» dure six semaines, se déroule au plus près des participants et avec une obligation de présence.

S’il est encore trop tôt pour avoir une idée précise du taux d’insertion dans l’emploi, le résultat immédiat des coachings auprès des récipiendaires est une reprise de confiance, une meilleure préparation aux entretiens d’embauche, une acquisition ou regain d’une vision plus constructive.

Pour certains jeunes au chômage, les changements de comportement sont encore plus bluffants. Certains étonnent et se projettent carrément en autoentrepreneur.

Bientôt, une seconde étape du programme JEMP sera amorcée. Elle complètera l’offre de services de l’ANETI. Le premier outil est la création localement de «Clubs de Chercheurs d’Emplois» adossés aux Bureau de l’emploi. Cet outil, nouveau et avant-gardiste, va permettre aux jeunes de se retrouver à plusieurs reprises pour mutualiser leurs pratiques de recherche d’emploi et échanger sur leurs expériences. De cette synergie naîtra assurément bien des initiatives soutenues par une plateforme de coaching en ligne prochainement disponible.

Le second est une formation et un accompagnement en «Education Financière» proposée aux chercheurs d’emploi délibérément engagés vers l’entrepreneuriat. Cet accompagnement, d’une durée totale de huit semaines, proposera un ensemble de connaissances et d’outils pratiques permettant d’appréhender un budget, une épargne, un financement de projet, etc. Cet accompagnement en éducation financière sera dispensé par 8 coachs recrutés et formés dans le cadre de JEMP.

Accompagner des demandeurs d’emplois à devenir des chercheurs d’emploi est en soi une étape. De là à en soutenir et à accompagner à l’autoentreprenariat, voilà carrément un projet d’avenir !