Les perturbations, violences et destructions que l’on voit un peu partout sont très regrettables. Elles représentent un danger pour la stabilité et la sécurité nationale, ternissent l’image du pays aux yeux des investisseurs et, par conséquent, nuisent aux espoirs de prospérité future que les jeunes générations entretiennent. De quelque bord qu’on soit on se doit d’appeler au calme et à la restreinte. On espère aussi que ces perturbations ne sont que passagères, marquant une autre transition douloureuse dans l’histoire de la Tunisie.

Auraient-elles pu être évitées ? A mon avis difficilement au vu de la trajectoire économique qui depuis longtemps ne crée plus suffisamment de richesse qui puisse être redistribuée pour réduire les inégalités. Et encore moins au vu de notre histoire récente, jalonnée de soubresauts chaque fois qu’on s’attaque au quotidien des gens, ou lorsque des privilèges ou des droits mal acquis, comme l’évasion fiscale, sont remis en question. De tels changements produisent toujours une forte charge émotionnelle, qui souvent finit dans la rue. Il fallait donc s’y attendre et s ý préparer, ne serait-ce que par une communication bien meilleure que ce qu’on a pu constater jusqu’à présent.

Mais ce qui est le plus regrettable c’est qu’on est en train de dilapider une révolte, car le contenu de la loi de finances, pris comme bouc émissaire par les manifestants, est insignifiant par rapport aux réformes qui sont nécessaires. Si révoltes et convulsions on doit avoir qu’on les ait pour la bonne cause, celle des réformes structurelles du système de protection sociale, de santé, d’éducation, des entreprises et de la fonction publique, de la fiscalité, etc… Dans ce cas on pourra au moins espérer que le sang et les larmes sont versés pour préparer un avenir meilleur.

J’ai bon espoir que ces perturbations, tout comme les précédentes, n’ébranleront pas la République. Mais c’est un coup de semonce dont il faut tirer les leçons.