Thèse de doctorat de Mohamed BELHAJ : «Plateforme de management de projets de collaboration Université-Industrie dans le contexte recherche et développement en Tunisie» (Partie introductive -2)

Mohamed BELHAJ a soutenu le 25 novembre 2017 sa thèse de doctorat en sciences de gestion, sous la conduite du professeur Anis JARBOUI sur le thème: «Plateforme de management de projets de collaboration Université-Industrie dans le contexte recherche et développement en Tunisie».

La Problématique de la collaboration Université-Industrie dans le domaine de la R&D

La nécessité de renforcer la collaboration entre l’université et l’industrie a notamment été mise en relief dans les modèles de développement fondés sur le savoir, dans lesquels la recherche, l’innovation et le transfert des connaissances constituent des facteurs clés (Del Giudice, Carayannis et Maggioni, 2017).

Dans de nombreux pays, les politiques actuelles de recherche et d’innovation mettent l’accent sur la collaboration entre l’université et l’industrie. Un large éventail d’instruments politiques spécifiques aux pays a été mis en place pour stimuler les liens entre les deux sphères (Thune et Gulbrandsen, 2014 ; Kruss et Visser, 2017).

L’intérêt grandissant de ces politiques s’est accompagné d’une recherche empirique étendue. Les premières études sur les relations entre l’université et l’industrie se sont concentrées sur la commercialisation de la science et le transfert des connaissances des secteurs universitaires vers les secteurs industriels et vice versa. Tandis que les études de la dernière décennie ont mis l’accent sur les formes variées d’interactions existantes entre l’université et l’industrie (Ramos et Fernandez 2011 ; Hughes et Kitson 2012 ; Perkmann et al., 2013 ; Azagra-Caro et al., 2017).

Cependant, ces études manquent cruellement de méthodologie adaptée au management de projets de collaboration université-industrie dans le domaine R&D (Barnes et al. 2006; Perkman et al, 2013 ; Andrade, Fernandes et Tereso, 2016).

Cela est dû à la complexité de cette relation et du contexte dans lequel la collaboration s’établit (Dooley et Kirk, 2007 ; Bruneel, D’Este et Salter, 2010 ; Hermans et Castiaux, 2017).

Par ailleurs, les travaux de recherche sur la collaboration université-industrie montrent que le partenariat entre ces deux parties prenantes n’est pas toujours aisé ; plusieurs obstacles liés à plusieurs facteurs surgissent souvent et entravent ainsi la collaboration (Bozeman et al., 2013 ; Canhoto et al., 2016).

Les obstacles qui inhibent la collaboration université-industrie et qui semblent être les plus récurrents et les plus cités par la littérature se résument comme suit :

La faible motivation, la différence culturelle, l’absence de canaux de communication et les conflits d’intérêts (BOLDRINI, 2013 ; Frasquet, Calderón et Cervera, 2012 ; Bstieler, 2015 Hemmert et Barczak, 2017).

Le mauvais choix des partenaires, l’absence d’engagement des hautes instances, la mauvaise planification et l’absence d’un processus clair de gestion de projets collaboratifs (Calamel et al. 2012, König et al. 2013 ; Canhoto, Quinton, Jackson et Dibb, 2016).

Malgré ces nombreux obstacles, que l’université et l’industrie doivent surmonter pour établir avec succès une collaboration, plusieurs auteurs s’accordent pour affirmer que les bonnes pratiques de la collaboration université-industrie l’emportent sur les difficultés. Parmi ces bonnes pratiques nous pouvons citer :

La création des objectifs partagés, le partage des responsabilités (Schleimer et Shulman, 2011 ; Canhoto, Quinton, Jackson et Dibb, 2016).

L’établissement d’une politique claire des droits de propriété intellectuelle et des publications (Thune et Gulbrandsen, 2014 ; Chau, Gilman et Serbanica, 2017).

L’implication et l’engagement de la direction, la bonne gouvernance et la meilleure planification et gestion des ressources (Omar A. T., 2015 ; Azagra-Caro, Barberá-Tomás, Edwards-Schachter et Tur, 2017).

Dans le processus d’innovation, la gestion de projets est souvent une activité clé (Shenhar et Dvir, 1996 ; Azagra, Barberá, Edwards et Tur, 2017) et a permis d’optimiser la création de valeur dans les collaborations université-industrie (Maietta, 2015 ; Kawai, 2017).

Il a été largement prouvé que l’utilisation de la méthodologie de management de projets (MMP) avec toutes ses composantes a un impact considérable sur les caractéristiques de la réussite des projets (Zwikael et Unger-Aviram, 2010 ; Vaskimo, 2011 ; Joslin et Müller, 2015).

Ce qui permet de conclure que les collaborations entre l’université et l’industrie doivent être bien gérées afin d’optimiser le processus de création de valeur.

De ce fait, nous allons tenter de connecter le processus de la méthodologie de gestion de projets aux bonnes pratiques de la collaboration université-industrie, afin d’améliorer les chances de réussite des projets de ce partenariat dans le domaine de la R&D dans le contexte tunisien et de dynamiser ainsi le Système national d’innovation.

Le questionnement général qui se pose dégage deux préoccupations majeures, à savoir : la dynamisation de la collaboration entre l’université et l’industrie et la méthodologie à suivre pour soutenir et accompagner les projets de collaboration université-industrie dans un environnement de R&D.

Donc, de ce raisonnement émerge la problématique suivante : Quels sont les outils et les techniques qui permettraient d’opérationnaliser une démarche qui connecte simultanément les bonnes pratiques de la collaboration université-industrie à la méthodologie de management de projets ?