Face à toutes les campagnes d’intox qui inondent la toile et les médias faisant part des départs massifs de nos compétences, les réponses fusent de toutes parts dont celle de l’universitaire Chokri Mamoghli, ancien secrétaire d’Etat au Commerce, et dans laquelle il dénonce de manière virulente ces campagnes démoralisantes qui tendent à fragiliser encore plus les Tunisiens, malmenés qu’ils sont par des transitions politiques et socio-économiques qui ont trop duré.

«94.000 compétences parties?, fustige M. Mamoghli. Attention, ne colportons pas les idées reçues et les clichés! Médias et Réseaux se sont fait l’écho, ces derniers jours, de l’immigration de 94.000 Tunisiens depuis 2011 et ont présenté cela, sans nuancer, comme une calamité pour le pays. Ce raccourci est, en grande partie, erroné. Toutes les études des organisations internationales vont dans le sens inverse. Nations unies, Organisation internationale du travail et OCDE démontrent que lorsqu’elle est légale, encadrée, organisée, lorsque les droits humains (notamment le regroupement familial) sont respectés, l’immigration est un très grand levier de développement économique et social. Les revenus des travailleurs soulagent la balance courante, participent à la couverture du déficit commercial, au maintien des réserves de change du pays, accroissent le RNB et donc le niveau de vie. Les immigrants, notamment les élites, sont par ailleurs très souvent des facteurs de rayonnement culturel et social et des vecteurs de transmission des idées et des technologies».

M. Mamoghli a avancé le chiffre de 20 MDT apportés par les TRE (Tunisiens résidents à l’étranger) aux caisses de l’Etat depuis 2011. «Ce qu’aucun secteur économique n’a rapporté au pays. Ni le tourisme (qu’il faut soutenir), ni phosphate, ni pétrole, ni huile d’olive, ni dattes, ni textiles».

Des Tunisiens qui doivent forcer notre admiration !

Mais plus que les discours et sans juger les choix des uns et des autres, il y a la réalité. Et dans la réalité, il n’y a pas que la face sombre. Autour de nous, nombreux sont les Tunisiens talentueux sollicités à l’international et qui pourtant ont choisi de rester dans leur pays : notre Tunisie a besoin de nous, répondent-ils à chaque fois qu’on leur demande pourquoi ils ne partent pas ailleurs. D’autres compétences choisissent de se «tenir à carreau» et d’observer de peur d’être contaminées par la médiocrité ambiante ou d’être victimes de campagnes gratuites de dénigrement illustrant parfaitement la petitesse et les limites intellectuelles et patriotiques de leurs détracteurs.

Parmi ces compétences, nous pouvons citer un Adel Bouhoula, aujourd’hui DG du CNI et invité régulièrement en tant que professeur, depuis 2007, par la prestigieuse université japonaise de Tsukuba (qui compte à son actif trois prix Nobel) et où il donne des cours intensifs sur le thème «Validation formelle des protocoles de sécurité», particulièrement utilisés dans le secteur bancaire. Un universitaire chercheur qui évite soigneusement les médias si ce n’est les informations que nous devons collecter avec force détermination.

Pour rappel, la coopération d’Adel Bouhoula avec les Japonais a démarré en 1996, suite à un séjour scientifique qu’il a effectué au centre international de recherche de Stanford «SRI International», en Californie aux USA. A l’époque, il a présenté ses travaux de recherches en présence de chercheurs japonais en visite au centre. Fort intéressés par ses travaux, ils l’ont recruté comme consultant dans le cadre d’un projet de recherche international dirigé par le Mitsubishi Research Institute «M.R.I» à Tokyo, et auquel étaient associés des chercheurs de quatre grands pays industrialisés (Japon, USA, France et Allemagne).

Depuis 2007, la coopération d’Adel Bouhoula avec l’Université de Tsukuba s’est intensifiée. Notons à titre d’exemple que deux étudiants japonais en Master et un étudiant en thèse de doctorat ont effectué des stages en Tunisie, sous la direction du professeur Adel Bouhoula, dans le domaine de la validation formelle de la configuration des équipements de sécurité. Les résultats de recherche des stages effectués en Tunisie ont été publiés dans des revues scientifiques spécialisées et présentés lors des conférences de renommée internationale.

D’ailleurs avant même qu’il ait intégré le CNI, M. Bouhoula, en tant que professeur universitaire et chercheur, organise tous les deux ans et depuis 2007, avec la collaboration de l’université de Tsukuba, une conférence internationale sur le thème de la validation formelle des systèmes critiques. La dernière a eu lieu au mois d’avril 2017 à Gammarth.

Ce sont ces Tunisiens-là qui doivent forcer notre admiration, à qui nous devons rendre hommage et que nous devons donner comme exemple dans les médias essentiellement audiovisuels qui ont empoisonné l’esprit de nos jeunes et ne cessent de leur inculquer la culture du défaitisme, du désespoir et de la vulgarité. Des médias où les plateaux préfèrent les combats de coqs, les débats politiques stériles et inefficients à la valorisation des réussites et du génie tunisien !

Car du génie, les Tunisiens en ont et nombreux sont nos jeunes qui en font preuve.

Amel Belhadj Ali