Dans un de ses récents discours, le président syrien Bachar Al Assad a déclaré, en substance, que son pays a été certes totalement détruit par l’effet d’une guerre fratricide atroce mais au final, estime-t-il, les Syriens ont gagné “un peuple homogénéisé”. Cette homogénéité, acquise au prix fort en Syrie (morts de centaines de milliers de Syriens et exode massif de millions de personnes), était pourtant le grand atout de la Tunisie jusqu’à un certain 14 janvier 2011.

Au temps de Bourguiba et de Ben Ali, la propagande officielle insistait beaucoup sur cette homogénéité en tant que qualité structurelle de la population tunisienne. Elle l’avançait comme un garant de la pérennité de l’Etat tunisien, de la stabilité politique et de la cohésion sociale dans le pays.

Malheureusement, après le soulèvement du 14 janvier 2011, force est de constater que les Tunisiens ne sont plus aussi homogènes comme on le pensait. Il faut être, franchement, obtus pour ne pas le voir et continuer à ne pas le croire.

Donc, il existe maintenant deux peuples tunisiens. Il y a d’un côté une communauté majoritaire laïque, composée de musulmans et de non-musulmans pacifiques qui ne souhaitent que coexister pacifiquement, comme ils l’ont fait depuis l’islamisation du pays, il y a 14 siècles (deux tiers au moins de la population avec la masse silencieuse).

De l’autre, une communauté islamiste extrémiste assoiffée de pouvoir et de sang, composée d’islamistes, djihadistes et autres terroristes daechiens…

Les extrémistes veulent le pays pour eux seuls

Ces derniers se distinguent par leur tendance à vouloir occuper l’espace, tout l’espace, et islamiser de manière radicale le pays. Pour eux, le prix importe peu, pour peu qu’ils aient les moyens- n’importe quels moyens- pour instaurer le désordre et la terreur.

Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, n’a-t-il pas osé porter la “cravate“ défiant ainsi le kamis classique des intégristes? Pour se “maintenir au pouvoir“, il serait même prêt à se raser la barbe et à teindre ses cheveux pourvu que ses intérêts soient préservés, diraient certains.

Les nahdhaouis et dérivés représentent le tiers du filon électoral du pays, score régulier réalisé par Ennahdha aux dernières élections (27%).

Ces islamistes sont partout: hauts cadres de la police, magistrats, députés, hommes politiques, syndicalistes, hommes d’affaires, taxistes “halal”, journalistes, enseignants, simples fonctionnaires, et surtout la communauté des ouvriers analphabètes …

Leur particularité, un penchant pour la violence et pour la déstructuration de l’existant dans l’ultime but d’appliquer et de restaurer la Chariaa (loi islamique).

Leur violence suit un trend haussier. Elle se manifeste en fonction du désordre établi et de leur degré de maîtrise du pouvoir.

Quand ils étaient au pouvoir, au temps de la Troïka, tout le monde se rappelle comment ils nous ont fait subir toutes les exactions (terrorisme, banditisme, takfirisme…) et nous ont fait encourir le risque de connaître la pire des dictatures.

Au quotidien, ils avancent cachés

Alliés au pouvoir après les élections de 2014 (présidentielle et législatives), certains de leurs représentants au gouvernement se sont distingués par le bradage des intérêts du pays au profit d’autres nations partageant leur idéologie (cas du déficit commercial avec la Turquie au détriment de la Tunisie).

Au quotidien, ils avancent toujours cachés et sont à l’affût du moindre écart par rapport aux préceptes de l’Islam pour se manifester de manière violente.

C’est le cas du charlatan Adel Almi qui ose, chaque année, en toute impunité et sous la protection de la police nahdhaouie, traquer les non-jeûneurs.

C’est le cas de Faïza Souissi, l’institutrice laïque de Sfax qui a été agressée par des parents d’élèves, la traitant de mécréante et l’empêchant d’accéder à l’école Okba Ibn Nafaâ, le jour de la rentrée scolaire, et ce avec la complicité du délégué nahdhaoui de l’éducation de Sfax qui a prétendu que l’enseignante avait des problèmes psychiques et devait changer d’école.

Heureusement, la justice et la réaction de la société civile ont pu rétablir l’enseignante dans ses droits et écrouer les agresseurs.

Moralité: en dépit de la défaite de l’Islam politique sur le terrain de guerre (Syrie, Irak, Libye…) et sur le terrain politique (perte des élections en Tunisie), ses adeptes -les fréristes et descendants- demeurent dangereux, très dangereux mêmes. Pour prévenir leurs nuisances, il importe, au plan individuel, de faire preuve d’une vigilance extrême et de veiller, au plan collectif, à une application stricte de la loi et de la Constitution et surtout de l’article 6 de cette dernière sur la liberté de conscience.

Cela pour dire que la véritable guerre idéologique à mener contre ces écervelés moyenâgeux vient à peine de commencer.