Anis Riahi : «Nos ingénieurs aéronautiques doivent se projeter en Tunisie et non ailleurs»

La Tunisie, quoi qu’on en dise, sera toujours procréatrice et créatrice d’entrepreneurs qui osent et qui ne désenchantent pas. Anis Riahi, qui avait lancé au mois d’octobre 2016 la compagnie Express Air Cargo (EAC), est passé à une étape supérieure en créant son propre centre de maintenance des avions Boeing, dont est composé son parc aéronautique, à Enfidha. EAC, rappelons-le, est la première compagnie tunisienne de fret aérien.

L’inertie dans l’entrepreneuriat est une menace pour la survie même du tissu économique. Le PDG d’EAC est dans l’action et sa volonté d’agir est plus forte que tous les vents qui agitent le paysage entrepreneurial aujourd’hui dans notre pays.

Ainsi, en marge de la visite du chef du gouvernement, Youssef Chahed, du 9 au 13 juillet 2017 aux Etats-Unis, Anis Riahi a signé en sa présence et celle du vice-président de Boeing un protocole d’accord pour la création d’un centre de maintenance agréé Boeing avec un partenariat 100% Boeing.

Entretien. 

Nous avons démarré, il y a quelques mois, nos activités dans l’exploitation d’une compagnie aérienne baptisée «Express air Cargo». Une compagnie spécialisée dans le transport des marchandises. Le lancement de ce projet nous a fait entrevoir l’opportunité d’investir dans un centre de maintenance de nos avions. Nous avons contacté depuis plus d’une année la firme Boeing avec laquelle nous avons entrepris des négociations sacrés, il y a moins d’un mois, par la signature du protocole d’un accord entre notre société et la firme Boeing pour la création d’un centre de maintenance agréé avec un partenariat 100% Boeing.

Ce centre sera implanté à l’aéroport international d’Enfidha pour un investissement total de 90 MDT et nous prévoyons un démarrage pour la fin du 1er semestre 2018. Soit un délai assez court par rapport à l’importance du projet. L’avantage est que nous serons assistés dès le départ par la compagnie Boeing très enthousiaste quant au lancement du projet.

Ce Centre générera aux alentours de 400 emplois sur 3 ans et sera dédié à l’exportation. L’idée étant qu’à partir de la Tunisie et en partenariat avec Boeing, nous allons pouvoir offrir des services de maintenance aux autres compagnies aériennes dans notre région et surtout en Europe et en Afrique.

La Tunisie est l’un des pays précurseurs en Afrique du Nord pour ce qui est de l’industrie aéronautique. Pensez-vous faire appel aux entreprises installées à El Mghira pour ce qui est des pièces de rechange?

En fait, toutes les compagnies aéronautiques se trouvant sur le sol national sont surtout spécialisées dans les composants aéronautiques Airbus, et là nous offrons l’opportunité aux industriels tunisiens et même étrangers de se mettre à fabriquer des produits destinés à Boeing. La venue, dans notre pays, d’un constructeur aéronautique aussi important que Boeing va faire connaître davantage le site Tunisie et encouragera ses sous-traitants à venir s’installer dans notre pays. La disponibilité des pièces de rechange sera bien entendu utile, et je pense que c’est l’occasion de renforcer la position du site Tunisie en tant que centre important de l’industrie aéronautique pas seulement en Afrique du Nord mais sur tout le continent africain.

Comment avez-vous eu l’idée d’oser un tel projet? Vous auriez pu vous suffire d’utiliser vos avions cargo pour le fret sans plus.

Nos avions sont toutes des Boeing et le parc aéronautique de Tunisair est de plus en plus composé d’Airbus. Nous avons fait le choix de la firme américaine parce que près de 90% des avions cargo qui se trouvent de par le monde sortent de ses usines. Nous avons voulu capitaliser aussi bien sur les compétences tunisiennes en ingénierie, en technicité, expertise et savoir-faire pour créer ce centre pilote, que sur l’attractivité du site Tunisie. Il y a beaucoup d’ingénieurs aéronautiques auxquels nous devons offrir la chance de déployer leurs talents dans leur pays et non ailleurs. Nos compétences doivent trouver leurs places ici.

Entretien conduit par Amel Belhadj Ali