C’est en avril 2017 qu’a eu lieu la signature d’un guide de bonnes pratiques, pour la prise en charge des maladies cardiovasculaires, approuvé lors d’une réunion de validation entre le ministère de la Santé, la CNAM et la STCCCV (Société savante de Cardiologie et de chirurgie Cardio-vasculaire) ainsi que le Conseil de l’ordre des médecins, des syndicats et des représentants de 4 facultés de médecine.

Cette initiative fait suite au scandale des stents périmés à la provenance douteuse éclaté du temps où Saïd El Aïdi était ministre de la Santé. 14 cliniques privées situées sur tout le territoire national ainsi que 49 médecins avaient été touchés par cette affaire.

A l’époque, Saïd Aïdi avait assuré que c’était à la justice de prendre les choses en main et au ministère de la Santé de prendre les mesures disciplinaires à l’encontre de ceux coupables d’infractions.

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Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Et avec l’arrivée de la nouvelle ministre, l’affaire des stents a de nouveau refait surface. Samira Maraï a tenu à passer des discours d’intention aux mesures concrètes pour clore définitivement un chapitre douloureux de la médecine tunisienne réputée pour avoir figuré, pendant des décennies, parmi les meilleures de par le monde.

Certains stents sont commercialisés par les marchands de la mort

Une série de réunions a donc débouché sur la signature du guide cité plus haut par les différentes parties prenantes sauf que la signature finale qui devait avoir lieu mardi 5 juillet a été reportée par la CNAM au mardi 18 juillet. Les stents actifs proposés par la STCCCV et cités dans le communiqué qu’elle a publié sont au nombre de 19 et sont commercialisés par 9 compagnies. Ils ont été validés par des instances internationalement reconnues, sachant qu’en France 13 stents sont seulement remboursés par la sécurité sociale.

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Les stents commercialisés aujourd’hui sur le marché tunisien manquent de preuves cliniques selon la STCCCV et pourtant, ils sont commercialisés et couvert par la CNAM à «Un prix injustifié par rapport au coût d’achat très faible», ce qui a suscité un débat houleux entre le ministère de la Santé, la STCCCV et la CNAM !

S’agissant de la santé de nos concitoyens, la CNAM devrait être plus regardante, même si à notre connaissance les lobbys des stents et ceux des laboratoires qui les commercialisent sur le marché tunisien sont très forts. La preuve en est d’ailleurs, est que ce communiqué de la STCCCV, dont nous dévoilons le contenu dans l’article présent a très vite disparu de son site.

Par ailleurs, les efforts déployés par Sahbi Ben Fraj, député Al Horra pour une plus grande moralisation du marché des stents actifs dans notre pays et une meilleure gestion de leur couverture par la CNAM rejoint les efforts d’ores et déjà déployés par le ministère et la STCCCV et allant dans le même sens.

M. Ben Fraj parle d’un marché qui s’élève à 50 MDT par an et qui touche entre 30 et 35.000 patients portant les stents. Ceci explique l’importance du marché et les enjeux qu’il représente pour certains «commerçants» dénués de toute morale et de tout respect de la vie humaine et évoluant malheureusement dans le secteur de la santé en toute impunité!!! Ce sont les marchands de la mort.

Dans le cadre de la campagne anticorruption, le gouvernement devrait ouvrir des investigations à propos de tous les opérateurs qui s’adonnent au «commerce» des stents actifs pour déterminer avec précision qui fait quoi, comment, avec quels moyens, quelles garanties et surtout quelle couverture et où?

Amel Belhadj Ali

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