Tunisie-Davos : Un recul de 55 places depuis 5 ans…Vive la démocratie !

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Les professionnels des revendications injustifiées et des sit-in devenus les maîtres du pays en l’absence d’un Etat fort capable de faire régner l’ordre et de dénoncer les abus de ceux-là mêmes qui prétendent être les plus honnêtes, les plus intègres et les plus sensibles aux maux du peuple.

Travailler, produire, exceller… En quoi ceci est-il contradictoire avec les droits des travailleurs?

Et si dépassements il y a, pourquoi ne pas résoudre les conflits par les négociations plutôt que par les rapports de force en brimant l’Etat, son prestige et l’affaiblissant au point où le célèbre dicton du «Azri akwa min sidou» est devenue de mise aujourd’hui?

Pourquoi les cadres syndicaux ne se positionnent pas dans la logique de la préservation et des droits des travailleurs et de celle de l’entreprise?

Qu’est-ce qui fait que la valeur travail ait autant perdu de sa valeur et que l’image des sit-in, des grèves et des revendications, des fois justifiées, d’autres injustifiées aient acquis autant de «noblesse» dans un pays qui était considéré comme l’un des meilleurs en matière d’IDE? Comment pouvons-nous détruire notre tissu économique et prétendre être des patriotes?

En l’espace de deux semaines, deux grandes entreprises ont plié bagages: Lear Corporation à Borj Cedria, qui s’est implantée au Maroc et a créé 4.000 postes d’emplois, et Bruel Confection à Bizerte. Les travailleurs sont en chômage? Pourquoi pas, ils pourraient bien trouver un moyen de pression pour se faire recruter ailleurs, après tout, cela s’est vu dans d’autres régions du pays, alors pourquoi pas à Bizerte ou dans la banlieue sud de la capitale?

Faiblesse de l’Etat? Absence de vision?

La Tunisie est pénalisée par Davos à cause du recul de presque tous ses indicateurs de compétitivité économique. Mais ce n’est pas grave, nous avons la démocratie, la liberté d’expression, l’anarchie, la corruption, l’affairisme, la contrebande pour remédier aux maux socioéconomiques du pays! Les discours dont la résonnance a eu pour conséquence le classement de la Tunisie 95ème à Davos, soit loin derrière le Maroc et l’Algérie. La Tunisie était classée 32ème en 2010!

Voici du reste ce qu’a écrit l’universitaire Chokri Mamoghli: «La chute continue, nous ne faisons que reculer. La dernière dégringolade est celle enregistrée dans le classement Davos 2016-2017 publié aujourd’hui. Nous passons de la 92ème à la 95ème place, alors qu’en 2010 nous étions 32ème dans le monde et deuxièmes en Afrique.

Cette chute ne va pas s’arrêter si l’on continue à procéder de la même manière. Avec laxisme et ignorance. De lâcheté en lâcheté, de compromission en compromission, de reculade en reculade, de pantalonnade en pantalonnade, le pouvoir est en train d’enfoncer le pays dans la médiocrité. Les mains continuent à trembler. Peut-être même plus qu’hier. Alors que nous étions leaders incontestés dans le Maghreb, nous voici troisième, dépassés en matière de compétitivité par le Maroc et par… l’Algérie» 

De toutes façons, que toutes ces firmes internationales qui «sucent le sang ne nos travailleurs productifs, engagés, passionnés par leur travail et croyant en leur apport au développement économique de leur pays et sa croissance» dégagent! Nous n’en avons pas besoin!

Même l’appel du mufti de Tunisie, «à cesser les grèves et manifestations pour “sauver” une économie en difficulté», n’a pas trouvé grâce aux yeux de ceux qui trouvent qu’on n’en fait pas assez.

Tant pis pour une Tunisie gouvernée aujourd’hui par le populisme et les démagogies, où la loi du plus fort est toujours la meilleure.

Quant à l’Etat, il faudrait peut-être lancer un mandat d’amener pour le retrouver!