Tunisie – Plaisance : Les constructeurs de bateaux de plaisance montent au créneau pour défendre leur industrie

Par : Tallel

Le secteur de l’industrie de la plaisance en Tunisie fait face à une problématique qui n’a pas lieu d’être depuis le mois d’octobre 2015. Une loi qui refait face alors que, depuis la révolution, les professionnels croyaient qu’elle a été abrogée puisqu’elle n’a pas été appliquée depuis.

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Cette loi a été édictée pendant le règne de Ben Ali et stipule que tout éventuel acquéreur de bateau de plaisance doit être soumis à une enquête sécuritaire. Officiellement pour s’assurer que ledit acquéreur utilise son bateau à bon escient.Cependant,Mohsen Ben Amor, vice-président de l’ATANP (Association tunisienne des activités nautiques de plaisance) et propriétaire de deux unités de fabrication de bateaux de plaisance, pense que le but non avoué était de repérer les acquéreurs à d’autres fins personnelles.

Deux poids, deux mesures

Mais ce qui est encore plus révoltant pour les professionnels, c’est le fait que cette loi soit toujours d’actualité… pour cause de terrorisme et/ou d’insécurité. Or, estime M. Ben Amor, avec ou sans un bateau, les gens de mauvaise foi peuvent toujours passer à l’acte. D’ailleurs, pourquoi ne pas appliquer la même procédure concernant les acheteurs des voitures 4×4 largement utilisés dans les opérations terroristes, notamment au niveau des frontières entre la Tunisie et la Libye? Les contrebandiers et autres terroristes utilisent des prête-noms, souligne en substance M. Ben Amor. 

Il faut savoir que les industriels doivent attendre plusieurs mois pour avoir le retour positif ou négatif de l’enquête sécuritaire sur l’acquéreur, alors que la construction d’un navire ne dure que quelques semaines. Courant ce retard important, les industriels ont contracté des crédits, engagé des financements importants et mobilisé de la main-d’œuvre.

Tenir compte des financements engagés…

A ce train-là, les constructeurs de bateaux auront du mal à commercialiser et à vendre leurs produits. Ceci peut engendrer des difficultés financières à la société, arrivé dans des situations à abandonner l’investissement et le secteur en général, et c’est un manque à gagner énorme pour l’économie nationale.

M. Ben Amor rappelle d’ailleurs que la Constitution tunisienne donne le droit à tout Tunisien d’acheter ce que bon lui semble. Malheureusement, avec cette loi et bien d’autres, non seulement on bafoue ce droit à la propriété mais surtout on est en train d’écrouler un secteur qui a un potentiel important en termes d’emploi et d’économie. On se demande pourquoi les autorités ne considèrent pas cette industrie comme un secteur capable de suppléer et le tourisme et l’exportation.

Il faut supprimer les lourdeurs administratives…

Aujourd’hui, nous savons que tout citoyen tunisien et même étranger résident en Tunisie est déjà connu par les autorités locales et nous comprenons les problèmes sécuritaires que vit notre pays. M. Ben Amor explique que l’ATANP demande de raccourcir la période de réponse de l’enquête sécuritaire sur l’acquéreur d’un navire de plaisance à une durée maximale de 15 jours.

Loin de nous l’idée de vouloir défendre les professionnels du secteur, plusieurs questions nous viennent à l’esprit: Pourquoi ces lenteurs et lourdeurs administratives pour un secteur qui s’appelle plaisance, demande plus de souplesse et de réactivité? A quand donc l’autorité maritime va développer ce secteur? Pourquoi tant de gâchis en termes d’investissement et de création d’emploi?