Tunisie – Environnement : Haro sur la destruction du littoral de Kélibia!

Par : TAP

kelibia-littoral.jpgPlus de 800 cas d’appropriations illégales du domaine public maritime dans le le gouvernorat de Nabeul dont les trois quart ont été enregistrés dans la zone allant de Kélibia à El Haouaria en passant par Hammam Laghzaz.

Au plan régional, la délégation de Kélibia a occupé la première place en termes d’infractions relatives à des appropriations illégales du domaine public maritime, soit un total de 214 infractions. L’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL), dans le gouvernorat de Nabeul, a dévoilé à l’Agence TAP ces chiffres alarmants qui reflètent la prolifération de ce phénomène au cours de la période post révolution 2011- 2015.

Plusieurs questions se posent sur le pourquoi de l’étendue de ce phénomène, sur les causes de l’incapacité à relever ces infractions, soit un faible taux de détection, qui ne dépasse pas les 5%, selon des sources officielles.

Il s’agit également des problèmes d’identification des solutions pour arrêter cette hémorragie, surtout face à l’extension de ce fléau, notamment dans les régions côtières qualifiées de régions bourgeoises, à Nabeul, Hammamet et Kélibia ou dans les régions naturelles d’une grande beauté à Hamam Ghezaz et El Haouaria.

Des contrevenants détectés mais pas d’application de la loi

Ces infractions qui sont des «agressions flagrantes» sur le domaine public maritime, connues également administrativement sous le nom d’«infractions au domaine public maritime et autres biens en relevant» consistent en des établissements touristiques ou commerciaux, des villas luxueuses, des logements à trois ou à quatre étages ou des piscines limitées par les sables des plages, des jardins avec des grillages installés sur les sables, couverts de gazon et faisant office de stades privés.

Des infractions répétées et multiples commises par “de nouvelles personnes influentes”, celles fortunées” ou encore “des sportifs de renommée”. Le président de la section régionale de l’agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL), Naoufel Bouguerra, déclare que des procès-verbaux ont été rédigés au sujet des dépassements relevés et transférés aux autorités régionales et à la justice afin de prendre les mesures nécessaires. Il a affirmé que la situation difficile du littoral dans le gouvernorat de Nabeul, notamment dans la délégation de Kélibia, bénéficie d’un suivi du ministre de l’Environnement et du Développement durable, Néjib Derouiche, qui a visité la région, il y a deux semaines, et a recommandé de prendre des décisions urgentes, selon ses dires.

Bouguerra a appelé les citoyens à prendre conscience des dangers que représentent ces agressions et de leur impact sur l’environnement. Plusieurs cadres de l’administration régionale, ayant requis l’anonymat, se sont interrogés sur le comportement à adopter face à des décisions juridiques d’annulation des décisions de destruction et la nonchalance des délégations spéciales.

Fraj Souf Eljil, chargé du contrôle du littoral dans la délégation de Kélibia, Hammam Laghzaz, Menzel Temime et Haouaria, a décrit la situation générale de “chaos qui règne depuis la révolution, illustrée par l’augmentation du nombre des infractions relevées dans la délégation de Kélibia, qui occupe la première position sur le plan régional avec 214 infractions en 2015. Ces infractions sont passées de 4 en 2010 à 14 en 2011, 28 en 2012, puis 11 en 2013, 139 en 2014 et 18 en 2015. Le pire, selon lui, est que 77% des agressions ont été commises à Kélibia dans la région qui sépare la mer de la sebkha dans la zone de Taghdimane, Ain Gornoz et la plage de Oued Lahjar, mettant en garde contre un “éventuel problème écologique dangereux qui est l’érosion maritime”.

Les spécialistes de l’Agence de protection du littoral, (APAL) ont proposé de fixer des droits sur les espaces exploités sur les biens publics maritimes, à travers le paiement d’impôts mensuels et annuels par les contrevenants, et ce selon la superficie de l’espace enfreint.

Ils ont également appelé à la création d’un corps de la garde environnementale qui aiderait à mettre en oeuvre les décisions de destruction et à infliger des contraventions dans les plus brefs délais. Ils ont insisté aussi sur l’impératif de réviser la règlementation relative à la protection du littoral, de manière à prendre les décisions adéquates en moins de 24h, et à mettre en application les décisions de destruction à travers la dynamisation du rôle de l’agence en la dotant des services techniques, équipements et matériels nécessaires au contrôle et à l’exécution des décisions de destruction. Les spécialistes ont, par ailleurs, souligné la nécessité de durcir les sanctions à l’encontre des auteurs des infractions.