Airbus choisi pour l’ambitieux projet OneWeb, la flotte de mini-satellites de l’Américain Greg Wyler

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çaise le 25 juin 2013 (Photo : Jody Amiet)

[16/06/2015 12:05:48] Paris (AFP) Essaimer dans l’espace pour diffuser de l’internet à prix abordable à tous les Terriens: Airbus Defence and Space a levé le rideau sur un “nouveau chapitre de l’histoire spatiale” en annonçant avoir décroché une énorme commande de 900 petits satellites pour la constellation OneWeb, l’une des annonces marquantes du salon du Bourget depuis son ouverture lundi.

“Ce partenariat ouvre un nouveau chapitre de l’histoire spatiale”, s’est félicité François Auque, le patron de la branche espace d’Airbus DS (groupe européen Airbus). “Il ne fait aucun doute que ce programme est un défi que nous allons relever en réunissant l’ensemble des moyens et des compétences du groupe Airbus”, a-t-il ajouté.

Airbus DS a été sélectionné par OneWeb -une start-up créée à l’automne 2014 par l’homme d’affaires américain Greg Wyler- comme son partenaire industriel pour la conception et la fabrication d’une flotte de plus de 900 microsatellites de moins de 150 kilos chacun.

L’enjeu? Diffuser de l’internet sur l’ensemble de la planète, alors que pour l’heure, de larges zones comme les océans et certains continents ne sont pas couverts par les réseaux traditionnels.

Le tout à un prix abordable -selon le journal La Tribune, M. Wyler aurait demandé de ne pas dépasser les 400.000 dollars par satellite, soit dix à vingt fois moins que les prix habituels- pour garantir la solidité du modèle économique.

Le projet OneWeb a été imaginé par Greg Wyler, apôtre du “new space”, l’industrie spatiale privée, et bénéficie du soutien de Richard Branson (Virgin) et de Qualcomm (concepteur américain de puces électroniques). Fondateur de l’opérateur satellite O3B (Other 3 Billion, en allusion aux 3 milliards de personnes restant à connecter), Greg Wyler a aussi travaillé pour Google sur l’espace.

C’est donc bien une première, alors que les satellites classiques prennent des mois à être fabriqués à l’unité dans des salles blanches, Airbus DS devra en construire 900 pour une mise en orbite dès le début 2018.

De quoi révolutionner les processus de fabrication, au point que le groupe lancera une nouvelle chaîne d’assemblage aux Etats-Unis pour la production en série.

-‘vision mondiale’-

La conception et la fabrication des dix premiers satellites sera toutefois conduite sur le site d’Airbus DS à Toulouse.

“C’est vraiment une révolution industrielle pour ce secteur spatial qui est incroyable”, Marwan Lahoud, le directeur de la stratégie d’Airbus. “On pousse la technologie à ses limites, mais avec une industrialisation poussée, on va faire de la série en matière de satellites, ça n’était jamais arrivé.”

Deux défis sont à relever, selon lui: que “chaque habitant de la planète accède à internet, une vision mondiale réellement. C’est sans doute dans notre secteur le seul cas où on dit: +on veut toucher chaque être humain+”.

“La deuxième dimension est industrielle, a-t-il ajouté mardi à l’antenne de la radio BFM Business: diviser par entre 10 et 30 le coût de fabrication d’un satellite et diviser par 50 le délai de fabrication” et donc produire plusieurs satellites par mois.

Le concept est relativement simple: au lieu de lancer des satellites en orbite géostationnaire, comme on le fait aujourd’hui, planant à 36.000 km au-dessus de la Terre, ces satellites vont former une constellation en orbite basse, à 1.200 km d’altitude, offrant chacun un débit de 8 gigabits par seconde.

L’objectif est de réduire le temps de latence dans la diffusion des données, afin d’accéder à un débit raisonnable lorsqu’on surfe sur le web. Les satellites prennent ainsi le relais l’un de l’autre, puisque leur orbite basse signifie qu’ils tournent très vite au-dessus de la Terre.

Pour y arriver, Airbus DS va mobiliser l’expertise de plusieurs métiers, alors que le groupe est présent dans l’aéronautique, la défense et l’espace. “En combinant innovation, techniques de production à grande échelle de son A350 (l’avion long-courrier dernier-né de la gamme Airbus, NDLR) et expérience des systèmes spatiaux ultra-fiables et performants, +l’équipe Airbus+ va nous permettre de développer le système OneWeb en un temps record pour fournir des liaisons internet fiables à nos clients”, a ainsi souligné Brian Holz, directeur des systèmes spatiaux de OneWeb.

Interrogé sur le sujet en avril dernier par l’AFP, le PDG d’Arianespace Stéphane Israël avait bien résumé l’enjeu: “les constellations de satellites en orbite basse sont le sujet chaud du moment, il va y avoir une nouvelle ruée vers l’or”.