Textile : Chantelle veut céder une partie de son site de Lanester

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és de Chantelle manifestent devant le site de Lanester (Morbihan) près de Lorient, le 10 juin 2015 (Photo : GEORGES GOBET)

[11/06/2015 13:34:06] Rennes (AFP) Le made-in-France a du plomb dans l’aile dans la lingerie féminine: quelques semaines après la déconfiture des “Atelières”, la scop montée par des anciennes de Lejaby à Villeurbanne, Chantelle veut céder le plus important de ses deux sites de production français à Lanester (Morbihan), au désespoir de ses salariées.

Selon le numéro un mondial du secteur, “le niveau de résultat deviendra en 2015 insuffisant pour poursuivre les investissements nécessaires pour maintenir la compétitivité” de ce site qui compte 112 salariées, uniquement des femmes.

L’usine de Lanester ne représente plus aujourd’hui que 2% de la production du groupe de 6.000 salariés, dont 2.200 en France. Les dessous de Chantelle se sont fait la belle en Hongrie, Roumanie, Thaïlande, Vietnam ou encore au Maroc et en Tunisie, où le groupe a délocalisé la majeure partie de sa production à partir de 1981.

En France, hormis les sites de stockage et d’expédition, ne demeurent que deux unités de production: Lanester et Epernay (153 salariés). Mais l’usine marnaise est surtout un bureau d’études chargé de la fabrication de prototypes.

“On a vanté le made-in-France, on a même acheté son nom à Chantal Thomass pour ça et on en est là aujourd’hui”, se lamentait Sylviane, ouvrière depuis 39 ans à l’usine de Lanester, mercredi alors qu’elle manifestait contre la fermeture annoncée début juin.

Les salariées, dont la plupart souhaitent rester anonymes, sont unanimes: l’usine fonctionne bien pourtant et elle ne “coûte” que 3,8 millions par an à Chantelle. Une goutte d’eau pour le groupe qui a réalisé en 2014 un chiffre d?affaires de 384 millions d?euros, dont près de la moitié en France.

Prouver que l’entreprise est viable, c’est d’ailleurs l’objectif des syndicats CFDT et CGT de l’entreprise, qui ont demandé une expertise dont les résultats sont attendus dans quelques jours. “Jusqu’à présent le groupe ne démontre pas qu’elle n’est pas” rentable, assure Bruno Bothua, secrétaire général de l’UD CGT du Morbihan.

– Le choc puis la colère –

Mais les couturières ne se font guère d’illusions. “Même si on travaillait à 300%, ils fermeraient”, lâche l’une d’elles.

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és de Chantelle manifestent devant le site de Lanester (Morbihan) près de Lorient, le 10 juin 2015 (Photo : Georges Gobet)

Pour ces femmes, la décision a été prise depuis longtemps. “On nous a laissé mourir à petit feu. On n’a pas remplacé les mécaniciens partis en retraite, puis c’est le tissu qui n’arrivait plus en temps et en heure”.

Sans compter la mise en place d’une nouvelle direction il y a un an et demi qui a considérablement tendu les rapports dans l’entreprise, avec plusieurs cas avérés de souffrance au travail, selon les syndicalistes Karine Coroller et Murielle Leguen.

La brutalité avec laquelle a été annoncée la cession, le 2 juin lors d’un CCE au siège du groupe à Cachan, n’a rien arrangé. “Je l’ai appris par mon fils qui avait vu ça sur Internet”, raconte Annick.

Alors, après le choc est venue la colère, les deux mots qui revenaient le plus dans la manifestation organisée mercredi à Lanester en marge d’une rencontre entre les élues du personnel et des représentants de la DRH.

“On veut du travail” était l’autre mot d’ordre repris par la majorité de ces femmes, ouvrières qualifiées qui ont passé en moyenne 30 ans dans l’entreprise et dont le salaire avoisine les 1.200 euros par mois. Elles attendent maintenant des engagements concrets de la direction.

Celle-ci a confié à un cabinet spécialisé la recherche d’un repreneur. Elle n’a pas fixé de date butoir, tout en évoquant la “fin septembre – début octobre”. Et si “des débuts de piste existent, il est trop tôt pour en parler”, selon la direction.

“Le pire c’est d’être dans l’attente”, assurent les salariés qui jurent que “la bataille commence juste”. Et qu’elles n’ont pas envie “de passer 2 minutes aux infos et d’être oubliées dans deux mois”.