La Russie tente de réformer son industrie spatiale après une série d’échecs

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ée Proton-M sur son pas de tir le 15 février 2014, à Baïkonour (Photo : Stringer)

[19/05/2015 16:45:45] Moscou (AFP) Transformer l’agence spatiale russe Roskosmos en entreprise publique, augmenter les salaires et combattre la corruption sont les priorités du projet de loi russe sur son industrie spatiale présenté mardi au Parlement, alors que le secteur accumule les échecs.

Selon Roskosmos, la défaillance d’un des huit moteurs du Progress est à l’origine de la panne du vaisseau qui n’a pu corriger l’orbite de l’ISS, la Station Spatiale Internationale, dans la nuit de samedi à dimanche, quelques heures avant l’échec d’un lanceur russe Proton devant mettre sur orbite un satellite mexicain.

Une seconde tentative du Progress, dans la nuit de dimanche à lundi, avait permis de rectifier l’altitude de l’ISS.

“Roskosmos doit devenir une entreprise publique aussi vite que possible. Ce besoin est devenu urgent au vu des derniers accidents”, a néanmoins estimé le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine.

“Nous sommes confrontés à des problèmes de transparence qu’il sera plus facile de résoudre sous ce statut”, a-t-il ajouté en présentant ce projet de loi sur l’industrie spatiale, adopté en première lecture par les députés de la Douma, la chambre basse du Parlement russe.

Devant les députés russes, Dmitri Rogozine a fait le lien entre les déboires de l’industrie spatiale et les bas salaires de ses employés: “La première fois que j’ai visité le Centre Khrounitchev en 2012, j’ai découvert que le salaire des ingénieurs était de 25.000 à 30.000 roubles (de 450 euros à 540 euros) et qu’il devaient dormir dans des dortoirs pour vivre à Moscou”.

“Les gens doivent recevoir un salaire décent si nous voulons obtenir un travail de qualité”, s’est-il indigné.

Le vice-Premier ministre russe, en charge de la défense et du secteur spatial, a précisé que de “vieilles déficiences” des moteurs utilisés par le lanceur Proton, “très similaires” à la cause de précédents échecs de la fusée, étaient à l’origine du dernier accident. “Nous mettrons un point d’honneur à corriger” ces déficiences, a-t-il ajouté.

La Russie a d’ores et déjà suspendu les lancements de Proton et créé une commission d’enquête dont les résultats seront dévoilés fin mai.

Pour Dmitri Rogozine, cette réforme est d’autant plus importante que la Russie pourrait perdre sa place de leader mondial des lancements spatiaux, dont elle contrôle 40% du marché, si elle n’améliore pas “la productivité des salariés et baisse son coût de production”.

Le Centre Khrounitchev emploierait ainsi 13 fois plus de personnel que l’entreprise américaine Orbital Sciences, dont les vaisseaux ravitaillent l’ISS, a précisé le ministre russe.

“Si nous échouons, les lancements spatiaux deviendront bientôt plus chers chez nous que chez nos concurrents”, a estimé M. Rogozine. “Nous ne pouvons pas perdre cette compétence qui contribue à notre souveraineté”.

Dmitri Rogozine a également dénoncé la corruption dans l’industrie spatiale, en révélant qu’une commission d’enquête venait de découvrir que d’anciens employés du Centre Khrounitchev, où sont conçus les lanceurs Proton, auraient détourné près de neuf milliards de roubles (163 millions d’euros) en falsifiant des documents.