La victoire de Cameron réveille le spectre du “Brexit” pour l’UE

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à un Sommet européen à Bruxelles, le 23 avril 2015 (Photo : Thierry Charlier)

[08/05/2015 11:17:50] Bruxelles (AFP) La sortie de la Grande-Bretagne de l’UE est devenue vendredi un enjeu majeur après la victoire électorale de David Cameron et ses partenaire européens se préparent à deux années de difficiles négociations au cours desquelles ils vont signifier à Londres leur refus de payer le prix fort pour son maintien dans le club.

David Cameron avait promis l’organisation de cette consultation. Il a confirmé son intention vendredi après avoir obtenu l’assurance d’un second mandat grâce à la victoire électorale des conservateurs: “En politique, nous ne devons jamais esquiver les grandes questions, comme le référendum que nous devons tenir pour décider de l’avenir de la Grande Bretagne en Europe”.

Le “Brexit”, acronyme désignant la sortie de l’UE, n’est toutefois pas acquis. “Le référendum est gagnable”, a assuré à l’AFP un haut responsable de la Commission européenne sous couvert de l’anonymat. “Il faut attendre de voir ce que Cameron voudra négocier. Les demandes devraient être formulées assez rapidement”.

Le président de l’exécutif bruxellois, Jean-Claude Juncker, a ouvert la porte à des modifications mineures des traités. Mais il a catégoriquement exclu toute concession majeure, notamment sur la liberté de mouvement au sein de l’UE.

“Cameron doit mettre ses demandes sur la table mais les libertés ne sont pas négociables”, a lancé vendredi l’Allemand Manfred Weber, président du groupe du Parti populaire européen (PPE-conservateur) au Parlement européen. Les Conservateurs britanniques ont quitté le PPE pour constituer l’ECR avec des élus de 13 autres pays.

– Position renforcée –

Les lignes rouges commencent à se préciser. “Les Britanniques auraient tort de penser que leurs partenaires sont prêts a payer le prix fort pour les retenir, surtout si ce prix revenait à vider le projet européen de son sens”, a confié à l’AFP un diplomate européen à Bruxelles.

“Le risque d’un Brexit est fortement réduit aujourd’hui, car Cameron vient d’être totalement légitimé et sa position au sein du parti est renforcée”, a nuancé un autre diplomate européen.

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éenne à Bruxelles le 24 avril 2015 (Photo : Philippe Huguen)

“Les débats vont être assainis car l’Ukip (le parti antieuropéen) n’est pas sorti de ces élections comme une force importante. Cameron va pouvoir organiser les débats comme il l’entend. Les argument du pour et du contre le maintien au sein de l’UE vont être étalés au grand jour”, a-t-il expliqué.

“Les partenaire de la Grande Bretagne vont, eux, devoir faire le calcul du prix à payer pour garder la Grande Bretagne, car le départ serait une catastrophe”, a-t-il affirmé.

“Il vont devoir accepter de revoir certaines dispositions des traités pour aider Cameron à obtenir le oui pour rester au sein de l’UE. Mais il n’est pas question de remettre en cause certains fondamentaux comme le traité de Schengen (sur la libre circulation des personnes) et le marché unique”, a-t-il averti.

– Un membre à part –

La Grande-Bretagne n’est pas membre de Schengen, l’espace sans frontières intérieures formé par 22 pays de l’UE et quatre non membres (Norvège, Suisse, Islande et Liechtenstein).

Le Royaume-Uni est en fait un membre à part de l’Union européenne, car il n’a pas non plus adopté l’euro et a obtenu une adhésion à la carte grâce aux options de retrait obtenues dans certains domaines de la coopération communautaire, notamment en matière de police et de justice pénale.

David Cameron a appelé à une réforme globale du système européen afin de rapatrier certaines compétences de l’UE vers les Etats membres. Ses demandes de réformes touchent notamment la politique étrangère européenne, la politique agricole commune (PAC) et la politique énergétique.

“Les deux prochaines années vont être très intéressantes”, a confié à l’AFP Jan Techau, le directeur du centre de réflexion Carnegie Europe.

“Cameron a offert un triomphe aux conservateurs et il peut transformer cela en leadership face aux eurosceptiques”, a-t-il estimé.

“Je pense que beaucoup d’idées de réformes de Cameron sont acceptables pour ses partenaires européens, mais ils deviennent très nerveux dès que l’on parle de révision des traités”, a pour sa part averti Mats Person, directeur de Open Europe.