Gazprom : crise ukrainienne et chute du rouble ont plombé le bénéfice net en 2014

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étrole du géant Gazprom près de Nadym en Russie 18 février 2015 (Photo : ANDREY GOLOVANOV)

[29/04/2015 08:09:01] Moscou (AFP) La crise ukrainienne et la chute du rouble ont lourdement plombé la situation financière du géant gazier russe Gazprom en 2014, son bénéfice net étant divisé par sept, selon ses résultats annuels publiés mercredi.

Le bénéfice net de la société, qui se vantait il y a quelques années d’être la plus rentable au monde, s’est élevé l’an dernier à 159 milliards de roubles (2,8 milliards d’euros au cours de mercredi) contre 1.139 milliards de roubles (20 milliards d’euros) en 2013.

Gazprom a expliqué cet effondrement par deux principaux facteurs. La chute du rouble, en renchérissant la valeur de ses emprunts en devises étrangères, a alourdi de 925 milliards de roubles (16 milliards d’euros) sa perte liée aux effets de changes par rapport à 2013.

Le groupe public a par ailleurs passé une charge comptable 34 milliards de roubles (600 millions d’euros) en raison de son conflit avec l’opérateur gazier ukrainien Naftogaz.

La Russie avait augmenté le prix du gaz vendu à l’Ukraine après l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux à Kiev début 2014. Face au refus des Ukrainiens de régler ses dettes gazières, Gazprom a fini par interrompre en juin ses livraisons, qui n’ont repris qu’en fin d’année après la signature d’un accord provisoire.

Le chiffre d’affaires de Gazprom a augmenté de 6,4% à 5.589 milliards de roubles (98 milliards d’euros), porté par l’augmentation de 4% des ventes de gaz vers l’Europe, son marché le plus rentable à 1.752 milliards de roubles (30,8 milliards d’euros).

En revanche, les ventes à l’ex-URSS ont baissé de 2% à 411 milliards de roubles (7,2 milliards d’euros). En Russie, elles ont augmenté de 3% à 820 milliards de roubles (14 milliards d’euros).

La période est difficile pour Gazprom qui va devoir faire face en 2015 à une baisse significative du prix du gaz à l’exportation, indexés de manière décalée sur ceux du pétrole qui se sont effondrés l’an dernier.

Le groupe est également visé par une enquête de la Commission européenne, qui l’accuse d’abus de position dominante et lui a présenté officiellement ses griefs en avril.

Alors que les relations avec Bruxelles sont au plus bas en raison de la crise ukrainienne, l’Union européenne cherche par ailleurs à diversifier ses approvisionnements en gaz et Moscou a décidé d’annuler brutalement son projet de gazoduc South Stream vers l’Europe pour le remplacer par un gazoduc vers la Turquie.

Ses livraisons à la Chine ne doivent commencer qu’en 2018 et il peine actuellement à signer un nouveau contrat avec Pékin pour un deuxième gazoduc complétant celui actuellement en construction.

Gazprom doit en outre faire face à une concurrence accrue en Russie et pour le marché asiatique de la part de son concurrent privé Novatek mais aussi du géant pétrolier public Rosneft.