Emplois précaires recherchent retraités actifs

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és continuent de travailler pour arrondir leurs fins de mois (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

[17/02/2015 16:08:14] Paris (AFP) “Mamie nounou”, vendeur à domicile ou artisan confirmé, plusieurs centaines de milliers de retraités continuent de travailler pour arrondir leurs fins de mois. Ils occupent pour la plupart des emplois précaires, avec petits salaires et horaires discontinus.

“Une petite rémunération et des horaires très discontinus” sont les premières caractéristiques des postes proposés aux retraités, explique Annie Jolivet, économiste spécialiste de l’emploi des seniors et des pratiques des entreprises au Centre d’Etudes de l’Emploi.

Garde d’enfants, distribution de publicités, chauffeur de car scolaire ou vendeur rémunéré à la commission: ces types d’emploi “peuvent intéresser des retraités libres de leur temps, qui ont besoin de travailler et pourront y consacrer plus de temps” que nécessaire, d’après l’économiste.

Comme Sylviane, 64 ans, pour qui “l’avenir, c’est la vente indépendante à domicile”. Un métier qu’elle exerce depuis quatre ans avec pour seul revenu les commissions de ses ventes, aux alentours de 500 euros par mois.

“Beaucoup de retraités travaillent dans ce métier-là”, affirme la sexagénaire, qui prendra sa retraite dans quelques mois espérant avoir surcoté sa pension, dont le montant sera de 190 euros par mois à l’âge légal.

Les retraités actifs étaient estimés à 500.000 en 2012 par l’Inspection générale des affaires sociales. Entre 2008 et 2013, le nombre de retraités du régime général ayant repris une activité salariée a augmenté de près de 70% passant de 208.000 à 351.000, selon la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav). Chez les indépendants, près de 60.000 anciens commerçants et artisans cumulaient en 2013 emploi et retraite, selon le Régime social des indépendants (RSI).

Valérie Gruau, fondatrice du site “seniorsavotreservice.com”, constate une envie des retraités de lier leur revenu complémentaire “à une activité qui ait du sens, une utilité”. La plupart des candidatures enregistrées sur son site concernent des “mamies nounou”, des aidants aux personnes âgées et des bricoleurs.

– Moins stressés, plus stables –

En outre, “des entreprises viennent sur notre site justement parce qu’elles ne proposent que des temps partiels”, détaille la responsable, qui assure que le nombre de membres sur son site, 200.000 recruteurs et candidats confondus à la fin 2014, a plus que triplé depuis 2011.

Elles “viennent chercher” les retraités pour leur “prise de recul”, parce qu’ils sont “moins sujets au stress”, capables “de prendre des décisions plus rapidement” mais aussi pour leur “stabilité dans la durée” contrairement “à de plus jeunes qui veulent gravir les échelons”, détaille-t-elle.

Pour autant, selon Annie Jolivet, il n’y a pas de “concurrence générale” sur le marché de l’emploi entre les actifs et les retraités qui occupent souvent soit des postes “peu attractifs” en termes de rémunération et d’intérêt pour de plus jeunes, soit des emplois où “leurs compétences spécifiques” sont recherchées.

D’après la spécialiste, les retraités actifs ne se divisent d’ailleurs pas entre ceux qui travaillent par nécessité et d’autres par souci d’être utile. Les situations sont “plus nuancées”.

Ancien gendarme, Emmanuel, 63 ans, s’épanouit dans la construction et comme super bricoleur depuis une dizaine d’années. Avec une pension de 2.400 euros par mois, il gagne aussi l’équivalent “moitié déclaré, moitié au noir” et ne regarde pas les horaires quand il s’agit de dépanner.

Mais Gérard Sauvat, ancien chef de chantier de 64 ans qui a commencé à travailler à 14 ans, n’exerce “pas par plaisir” mais pour compléter une retraite de 785 euros par mois, décotée par un grave accident du travail qui lui a “coûté 10 ans de (sa) vie” et des séquelles vivaces.

“Je trouve ça miséreux d’en arriver là après une vie de travail”, lance l’Isérois qui atteint “difficilement le Smic” en réalisant des travaux de rénovation selon des horaires “élastiques”.

De son côté, Sylviane, au parcours professionnel haché entre arrêts pour les enfants et gérance de crêperie, n’envisage pas d’arrêter la vente même après sa retraite: “Vivre avec 500 ou 600 euros, ce n’est pas viable”.