Le triomphe de “Transparent” brouille les frontières entre internet et télévision

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éalisateur, aux Golden Globes à Los Angeles, le 11 janvier 2015 (Photo : Jerod Harris)

[14/01/2015 07:53:28] Los Angeles (AFP) Le triomphe aux Golden Globes de la série “Transparent”, produite par le géant du commerce en ligne Amazon, illustre la disparition de la frontière entre télévision et internet.

“La télévision et internet deviennent une seule et même chose et, d’ici quelques années, la frontière entre les deux aura totalement disparu”, promet Jeff Bock, analyste d’Exhibitor Relations, société spécialisée dans le box-office.

“Transparent”, qui raconte l’histoire d’un père de famille transgenre, a été sacrée Golden Globe de la meilleure série comique, une première pour une production internet, et son acteur principal Jeffrey Tambor a gagné un globe de meilleur acteur dans cette même catégorie.

Son concurrent, le groupe de vidéos en ligne Netflix, a lui remporté un prix pour Kevin Spacey, nommé meilleur acteur dans une série dramatique pour “House of Cards”.

L’an dernier c’est sa partenaire à l’écran Robin Wright qui avait reçu la première récompense de premier plan pour une série produite non pas par une chaîne de télévision mais par un groupe internet.

Internet et les appareils électroniques portatifs redéfinissent l’essence de ce qu’est la télévision et ont profondément changé les attentes des téléspectateurs.

Ces derniers veulent désormais regarder leurs programmes favoris non pas à l’heure fixe que leur imposent les chaînes de télévision, mais où et quand ils le veulent, en vidéo à la demande ou en streaming sur leur poste de télévision, sur leur ordinateur, leur tablette ou leur smartphone.

– Méthode supérieure –

“La vidéo à la demande (VOD) offre au consommateur la possibilité d’acheter ce qu’il veut vraiment voir. En ce sens, c’est une méthode bien supérieure pour jauger la popularité d’un programme”, a remarqué Sasha Stone, fondatrice du site www.awardsdaily.com, interrogée par l’AFP.

Netflix a fait office de pionnier. Après avoir révolutionné le monde des locations de vidéos, il a été le premier groupe internet à lancer des séries de télévision acclamées à la fois par le public et la critique: “House of cards”, ainsi qu'”Orange is the new black”, qui en sont chacune à leur troisième saison.

Il a ainsi ouvert la voie à Amazon, Hulu, Vimeo et d’autres qui veulent leur part de ce gros gâteau.

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à Los Angeles, le 11 janvier 2015 (Photo : Kevin Winter)

Amazon, contrairement à Netflix, s’est lancé dans une politique de production de séries tous azimuts (“Alpha House”, “The cosmopolitans”, “Mozart in the jungle”), mais “Transparent” est la première à avoir été un réel succès.

Non content de cette réussite, le magasin en ligne de Jeff Bezos a montré mardi qu’il plaçait la barre très haut en s’offrant un réalisateur star, Woody Allen, comme Netflix l’avait fait avec David Fincher pour “House of Cards”.

La commande passée au réalisateur de “Manhattan”, “Radio Days” ou “Hannah et ses soeurs” porte sur toute une saison composée d’épisodes d’une demi-heure, qui seront visibles l’an prochain sur Prime Instant Video aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne.

“Je ne sais pas comment je me suis mis là-dedans. Je n’ai aucune idée et je ne sais pas par où commencer. A mon avis, Roy Price (le vice-président d’Amazon Studios, NDLR) va regretter sa décision”, a commenté Woody Allen avec son habituel sens de l’auto-dérision.

Le portail de vidéos en ligne Hulu.Com, rival de Netflix, produit lui aussi des séries maison (“Deadbeat”, “Battleground”, “The awesomes”…) même s’il attend encore un titre qui va percer.

Les acteurs de pure diffusion en ligne, notamment, Youtube et Vimeo, se sont aussi lancés avec “I hate being single” ou “Blue” pour le premier, et déjà un succès critique chez le second: “High Maintenance”, qui innove en brisant les codes habituels de durée d’un épisode, qui varient au gré de l’inspiration des réalisateurs.

Les chaînes de télévision classiques, quant à elle, se font une raison et lancent leurs propres services de VOD. Et pour couronner le tout, certains cinéastes comme Spike Lee achèvent de brouiller les frontières entre petits et grands écrans: il diffuse son nouveau film “Da Sweet blood of jesus” sur Vimeo avant même la sortie en salles.