Traumatisés par les attentats, les Français n’ont pas la tête à faire les soldes

0127416b0fc4aa2a9ab2bc63e1c2b92fd37e9433.jpg
est de la France (Photo : Jeff Pachoud)

[13/01/2015 16:07:00] Paris (AFP) “Pas la tête à ça”. Traumatisés par les attentats de la semaine dernière et mobilisés autour des rassemblements d’hommage aux victimes, les Français ont peu fréquenté les soldes depuis mercredi dernier. Certains commerçants espèrent toutefois pouvoir combler une partie de ce retard d’ici le 17 février.

Selon un sondage Toluna réalisé les samedi 10 et dimanche 11 janvier auprès de 1.503 personnes, 48,9% des Français ont participé aux soldes d’hiver lors du weekend, soit une baisse de 3,8 points par rapport à la même période de l’an dernier.

La baisse de fréquentation est particulièrement notable en Ile-de-France, avec un recul de 10 points sur samedi et dimanche et de 7 points depuis mercredi.

“Pris dans la tourmente des évènements qui endeuillent le pays”, les Français se sont comportés “davantage comme des citoyens que comme des consommateurs”, explique Philippe Guilbert, directeur général de Toluna.

En tout, près d’un tiers des Français n’ont pas du tout participé aux soldes d’hiver depuis leur lancement le 7 janvier.

Ceux qui ont acheté “se sont contentés souvent de faire les achats prévus de longue date”, repoussant à plus tard les autres emplettes, ajoute M. Guilbert.

En plus d’être moins nombreux, les Français ont également été moins dépensiers ce weekend: 142,46 euros en moyenne, soit 5% de moins que l’an dernier.

“Au total, la baisse de fréquentation et des dépenses moyennes aboutit à un chiffre d’affaires du weekend d’ouverture en chute de 8,3% au niveau national”, note Toluna.

Le recul a été particulièrement notable sur les grands magasins (-5,5%) et les centres commerciaux (-1%).

Aux Galeries Lafayette, “depuis les événements, notre fréquentation a subi une baisse à deux chiffres”, a déclaré lundi le président, Philippe Houzé, à la revue spécialisée LSA.

“Les gens n’avaient pas la tête à ça. Il y a eu un temps d’arrêt jusqu’à dimanche”, confirme une source proche.

“Mais depuis hier (lundi, ndlr), on observe que le trafic reprend un peu, porté notamment par la clientèle étrangère”, ajoute-t-elle.

Côté centres commerciaux, l’Ile-de-France chute fortement: -12% sur les cinq premiers jours des soldes, contre -5% sur la périphérie et la province, selon le Conseil national des centres commerciaux (CNCC).

L’impact des attentats et de la marche républicaine parisienne s’est très clairement ressenti: le trafic a ainsi plongé de 18% vendredi en Ile-de-France (-12% sur l’ensemble de la France) et de 17% dimanche.

Pour l’ensemble des boutiques parisiennes, “partout, on observe des baisses de trafic à deux chiffres. Il n’y avait vraiment personne dans les magasins ces derniers jours. Certains ont même subi des reculs de -75% par rapport à l’an dernier”, note Julien Tuillier, chargé d’études à la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France.

“Peu d’entre eux ont réellement ressenti une peur de la part des clients. C’est davantage une question d’état d’esprit, les évènements des derniers jours ne se prêtant pas vraiment à susciter l’envie de consommer”, ajoute-t-il.

Seule la vente en ligne s’en sort un peu mieux, progressant de 1,4 point sur le weekend.

Beaucoup de commerçants espèrent toutefois que ce recul important des soldes n’est pas définitif, comptant sur l’allongement de la durée des soldes pour rattraper un peu du retard.

“On pense qu’il va y avoir un effet de rattrapage dans les prochains jours, mais il est difficile d’en mesurer l’ampleur”, note Jean-Michel Silberstein, délégué général du CNCC.

La plupart considèrent qu’il sera malgré tout difficile de combler la totalité du manque à gagner, les cinq premiers jours des soldes étant traditionnellement stratégiques.

Par ailleurs, même si 73,3% des Français déclarent ne pas vouloir changer leurs habitudes de consommation à la suite des attentats, sur le quart restant, 11,9% prévoient de réduire leur fréquentation des magasins pendant les soldes, selon un sondage Toluna réalisé le 12 janvier.

Parmi eux, 45,7% citent l’insécurité et les risques d’attentat comme principale raison de ces restrictions, devant le manque d’envie (18,9%), la possibilité d’attendre (18,4%) et la solidarité avec les victimes (15,4%).

Pour tenter de redonner un peu d’allant aux consommateurs, beaucoup de commerçants ont anticipé le passage à la deuxième démarque. “Dans beaucoup de magasins, on est depuis hier passé direct de -40% à -60%”, note M. Tuillier.